Réglée par quelque 33 millions de propriétaires, la taxe foncière a très peu augmenté cette année avant les municipales de mars 2026. Toutefois, dans certaines communes, la facture a grimpé en flèche, comme à Sallèles-d’Aude qui affiche un taux supérieur à 106 %. Explications.

À Sallèles-d’Aude, 3 104 habitants en 2022, l’arrivée dans la boîte aux lettres de la taxe foncière ces dernières semaines a fait monter la température de bon nombre d’habitants. D’après le dernier rapport de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi), le taux local frôle les 107 % (exactement 106,89 %) et grimpe même jusqu’à 123,99 % en incluant la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM). C’est plus du double de la moyenne nationale et cela représente une charge particulièrement lourde pour les propriétaires dont certains ont par exemple versé, en 2024, 3 285 euros pour leur maison de 150 m². En trois ans, leur facture s’est alourdie de 600 euros en moyenne ce qui fait de Sallèles la commune la plus chère de France…

La taxe foncière est payée par les propriétaires et participe aux financements des services publics dans votre commune. Elle doit être réglée au plus tard en ligne le 20 octobre. Les recettes de ces taxes reviennent aux communes, aux intercommunalités et aux syndicats de communes.

La municipalité a décidé de baisser sa part

Mais d’où vient cette flambée ? Pour le maire Yves Bastié, le problème, c’est le mode de calcul du Sivu, le syndicat intercommunal à vocation unique du Sud Minervois : « Ce syndicat a fait une répartition non pas au nombre d’habitants mais par rapport à la richesse de la commune ». Une commune qui dispose, avec la zone industrielle de Truilhas, de nombreuses entreprises. La taxe relative au syndicat des communes a alors augmenté de 35 % 2024 et de 69 % en quatre ans. Pour que la taxe foncière fasse moins mal au porte-monnaie de ses administrés, la municipalité a décidé de baisser sa part : « La commune a en effet eu des recettes supplémentaires notamment liées au projet photovoltaïque. On a donc baissé les impôts de 250 000 euros, soit 10 % de la taxe foncière. Cela représente entre 100 et 200 euros pour chaque foyer ».

En 2024, une consultation citoyenne avait fait pencher la balance pour une sortie de Sallèles du syndicat avec 604 voix pour, contre 424 défavorables au projet. Si la consultation « a permis de faire mieux comprendre le problème », quitter ce syndicat s’avère être plus compliqué. Yves Bastié se tourne désormais vers « la voie judiciaire, ou administrative si le préfet en est convaincu, qui pourrait permettre de démontrer que le Sallèles est beaucoup trop pénalisé ». Une étude, par un cabinet indépendant, pourrait également permettre de lister les conséquences de la sortie de Sallèles du syndicat : « La population de Sallèles paie un peu plus d’1 million au CIAS et il n’y a aucun investissement, alors qu’on a besoin d’agrandir la cantine, le centre de loisirs… Bref, ça ne peut plus durer ».

Seule la commune de Sallèles a encaissé les attributions de compensations

Christian Lapalu, président du Cias Sud Minervois, également maire de Ventenac-Minervois, est en désaccord sur à peu près tout avec son homologue. Il explique en préambule que « le syndicat intercommunal à vocation unique du Sud Minervois, c’est 11 communes, qui ont donné à ce syndicat la compétence du social ». À l’époque, la dissolution de la communauté de communes intervient, et les 11 communes passent sous le giron du Grand Narbonne, tout en conservant la compétence du social : « Le 1er janvier 2011, le Sivu est donc créé pour que cette compétence et les différents services puissent être sur le territoire ».

Selon Christian Lapalu, suite à cette dissolution, « tous les investissements réalisés par les communes du syndicat ont été faits sur la commune de Sallèles. Et seule la commune de Sallèles a encaissé les attributions de compensations que le Grand Narbonne a reversées. Il aurait donc fallu que la commune, à la création du Sivu, baisse d’autant ou partie de ce qui est la charge au contribuable de Sallèles, alors que les autres communes l’ont fait ». Pour expliquer cette augmentation de la taxe foncière sur sa commune, Yves Bastié évoque « un déficit de 1 286 405 euros du CIAS du Sud Minervois (en 2023) » que sa commune devrait compenser. Pour Christian Lapalu, « il n’en est rien. Tout le monde peut voir les comptes, on est endetté de rien, ça fonctionne ». 

Quant à la sortie du syndicat souhaitée par Yves Bastié, Christian Lapalu répond : « Aujourd’hui, la commune de Sallèles bénéficie de tous les services du social avec les cantines, la garderie, le périscolaire. Si demain la commune souhaite sortir du syndicat, il faudra qu’elle prenne à sa charge, peut-être, cent emplois ».