Hafsia Herzi : « Ce personnage, je ne l’avais jamais vu au cinéma »

Avec quelle justesse filmer le coming-out d’une jeune femme, sans mots ? Après Tu mérites un amour et Bonne Mère, Hafsia Herzi livre La petite dernière, une adaptation du récit autobiographique de Fatima Daas émaillé de ce que la réalisatrice, et par ailleurs actrice, a su apercevoir entre les lignes – une découverte du désir où les souffles charrient l’empêchement autant qu’un ardent élan d’émancipation.

Le troisième long métrage en tant que réalisatrice de la comédienne Hafsia Herzi est une adaptation du premier roman autobiographique de Fatima Daas, La petite dernière. Pour ce récit d’émancipation, elle a longuement cherché un visage inconnu, qu’elle a trouvé en Nadia Melliti, récompensée par le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes. Elle évoque son travail marqué par la quête de vérité et de justesse, autant sur les sujets dont elle traite que sur le jeu de ses comédiens, tous extraordinaires. R. P

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Comment avez-vous découvert le roman de Fatima Daas ?
Il s’agit d’une proposition d’adaptation de la part de mon agent Julie Billy qui se lançait dans la production. Quand j’ai lu le roman, c’était avec le projet d’en faire un film. J’ai croisé des Fatima dans la vie, mais ce personnage, je ne l’avais jamais vu au cinéma, ni même dans la littérature. Je trouve très courageux de la part de Fatima Daas de l’avoir écrit. Je me suis sentie très proche du mal-être qu’elle raconte. J’ai été très touchée par le parcours du personnage, par cette écriture en forme de journal intime.

Vous n’avez pas adopté la forme de monologue fragmentaire et non chronologique.
Après ma première lecture tournée vers l’émotion, j’ai relu le roman en pensant cinéma et technique et je ne me voyais pas adapter cette voix intérieure. J’ai évidemment essayé d’imaginer ce que pourrait être une voix off, mais ça n’allait pas avec mon style ni avec ce que je sais faire. Je me suis dirigée vers quelque chose de plus réaliste, d’être plus dans les séquences. Une voix off sur tout un film, c’est compliqué.

C’est le cas dans Le Ravissement d’Iris Kaltenbäck dans lequel vous tenez le rôle principal.
Ça allait avec le style du film d’Iris. J’avais envie d’adapter le récit à mon style personnel.

On reconnaît justement votre style à travers le catalogue sentimental de rencontres que fait le personnage de Fatima quand elle s’avoue son homosexualité. On trouvait déjà cette belle idée avec

Raphaëlle Pireyre

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