Et Matthieu Jalibert a surpris tout le monde. Ses coéquipiers, ses adversaires, et même le réalisateur TV du match qui ne l’a pas vu vite jouer une pénalité sous ses propres poteaux. L’ouvreur international a mis les cannes, remonté plus de 90 mètres et déposé le ballon dans l’en-but catalan. À la 63e minute, à bout de souffle, il venait de donner un gros bol d’air à l’UBB, dont l’avance au score passait de 13 à 20 points. Il lui épargnait du même coup une fin de match brûlante dans un stade qui ne demandait qu’à monter en température.

L’Union Bordeaux-Bègles n’avait pas le droit de se louper là où Bayonne, le Racing et le Stade Français avaient gagné plus tôt. Perdre ici, c’était comme perdre à Chaban-Delmas, et cela aurait franchement fait tache dans le tableau de marche d’un candidat au top 2. Elle a donc gagné, ce qui ne lui était jamais arrivé à l’extérieur cette saison, et voilà au moins une statistique défavorable qu’on ne lui rappellera plus pendant quelque temps. Même si elle sait qu’il en faudra d’autres d’ici le printemps prochain pour se faire une place au soleil. En attendant, elle est provisoirement sixième.

Pourtant, deux cartons jaunes

Après trois voyages à vide, le bonus offensif n’aurait pas été de trop, surtout face à une équipe engluée dans le doute, volontaire mais terriblement maladroite dans quasiment tous les secteurs du jeu, et toujours scotchée à zéro point. Les champions d’Europe ont gâché leurs deux occasions de glaner un point supplémentaire dans les derniers instants, et ont laissé l’Usap inscrire un essai sur la sirène. « Ce bonus était un peu dans nos têtes, mais on s’est dit qu’il fallait déjà être satisfaits de cette victoire », soulignait le talonneur Gaëtan Barlot, qui ne faisait pas la fine bouche.

Avec vingt minutes passées en infériorité numérique, en raison des cartons jaunes de Louis Bielle-Biarrey en toute fin de première période (en-avant volontaire sur une occasion d’essai) et de Cyril Cazeaux peu de temps après le retour de l’ailier (plaquage haut), l’UBB n’a pas mis toutes les chances de son côté. Mais elle a eu le mérite de ne pas encaisser le moindre point sur ces deux séquences à 14 contre 15, en maintenant autant que possible Perpignan dans son camp (38 jeux au pied sur l’ensemble du match) et en réussissant à maintenir un rideau à peu près étanche (84 % de réussite au plaquage).

Signaux positifs

Par-delà l’interception salvatrice de Salesi Rayasi (55e), d’autres gestes défensifs ont rassuré et soulagé, Jalibert et Martin Page-Relo en première période, Damian Penaud et Jalibert encore en seconde. La copie d’ensemble n’est ni brillante, ni particulièrement inspirée, et il y avait probablement moyen de faire mieux en fin de première période pour ne pas laisser espérer l’Usap.

Mais les Bordelo-Béglais ont envoyé des signaux positifs sur leur implication, la base de tout. « Il y a eu une somme d’engagements personnels de chacun. À Toulouse (56-13), on a été punis de nos nombreuses erreurs. Cette fois, tout le monde a été aligné », apprécie Aurélien Cologni, entraîneur adjoint en charge des skills et des attitudes.

Ainsi l’UBB a-t-elle réussi son début de match à l’extérieur, une fois n’est pas coutume, avec deux jolis essais du centre Adrien Drault (son premier en Top 14, à 19 ans) et de Temo Matiu, au bout d’un très joli mouvement collectif, en vingt minutes. L’autre point positif a été la touche (six ballons volés). Cameron Woki s’est régalé, Adam Coleman aussi. De retour de blessure, toujours aussi dense à l’impact, l’international australo-tongien fait au passage grimper le taux de victoire de son équipe quand il est sur la pelouse : 87 %, contre 62 % en son absence. L’UBB aura besoin de lui, et de quelques autres, face à Bayonne, au stade Atlantique, samedi prochain.

Les notes
8/10 Matiu
7/10 Coleman, Woki, Jalibert
6/10 Barlot, Poirot, Sadie, Cazeaux, Gazzotti, Page-Relo, Drault, Rayasi
5/10 Penaud, Uberti
4/10 Bielle-Biarrey