Pour preuve : voilà Franck Bouysse qui, à son tour, relate la vie non pas de sa mère ou de son père mais celle de sa grand…

Pour preuve : voilà Franck Bouysse qui, à son tour, relate la vie non pas de sa mère ou de son père mais celle de sa grand-mère. Elle s’appelait Marie. Était née en Corrèze en 1912. Dans une ferme qu’elle n’a jamais quittée jusqu’à sa mort quand, disait-elle, « débarrassée du métier de vivre, elle ne songeait plus à exister ».

Cette femme pleine d’espérance et d’énergie eut la vie dure, laborieuse, émaillée de bonheurs fugaces et de chagrins inconsolables.

En titrant son ouvrage « Entre toutes », Bouysse (né à Brive la Galliarde en 1965) savait bien que le parcours de cette paysanne discrète et pudique qui renia Dieu avant de le retrouver, fut celui de beaucoup de ses contemporaines.

On la suit donc dès sa naissance, portée en balluchon par sa mère Anna, pour les travaux des champs.

Puis de deux à six ans quand son père part a la guerre et revient de cette boucherie, meurtrie à jamais.

Adolescente quand elle doit malgré elle, quitter l’école pour participer à la survie de la ferme. Jeune mariée et jeune mère. Elle connait ensuite le second conflit. Prend conscience des grandeurs et bassesses de l’âme humaine…

Bouysse écrit donc un roman de terroir autour de cette belle personne que fut son aïeule.

Et fait se heurter la petite histoire d’une ferme isolée à la grande histoire d’une patrie.

Pas de surprise dans ce récit qui va plus loin que la simple écriture sur soi.

Mais le destin de femmes trop effacées qui n’avaient à l’époque, d’autres choix que le courage et l’humilité.

À coup sûr, Bouysse, présent ce week-end à « Angoulême se livre » va émouvoir plus d’une lectrice.