Par
Isabelle Villy
Publié le
19 oct. 2025 à 11h20
; mis à jour le 19 oct. 2025 à 11h23
Les riverains de la rue de La Lande, à Mesnil-Raoul sont excédés et surtout inquiets : selon eux, les aménagements routiers qui ont été réalisés par les services du Département de la Seine-Maritime ont augmenté les risques d’insécurité. L’un d’eux, François Piéplu, a fait circuler une pétition qui a recueilli plus de 40 signatures : très remonté contre les décideurs, il est déterminé à faire connaître systématiquement tous les dangers qu’il dénombre chaque jour et il dispose déjà d’un dossier de photos impressionnant pour que chacun comprenne la réalité au quotidien, sur la rue de la Lande.
« C’est un peu Circuit Lande ici »
Abribus qui gêne la visibilité, car scolaire doublé alors qu’il est à l’arrêt et qu’une ligne continue est tracée sur le sol, et surtout, inversement, des stops à l’intersection : autant de griefs que François Piéplu ne cesse de dénoncer, sans oublier la vitesse excessive des usagers de la route. « C’est un peu Circuit Lande ici », résume le riverain. Seule chose positive de ces travaux : l’aménagement d’un trottoir, qui n’existait pas auparavant. « C’est vraiment la seule chose bien », concède François Piéplu.
Et selon lui, ainsi que d’autres riverains, l’inversion des stops à l’intersection située juste après l’abribus est un facteur accidentogène. « Les gens ne ralentissent pas, même avec le plateau censé réduire la vitesse », argumente le riverain, inquiet à l’idée qu’un grave accident puisse se produire. « Quand le car scolaire est à l’arrêt, les voitures doublent, sur la ligne blanche, alors que les enfants traversent à l’avant du car », poursuit notre interlocuteur, qui insiste sur la dangerosité de la situation.
Pneus éclatés, jantes cassées
Et c’est tout long de la rue de la Lande qu’il constate les problèmes des aménagements réalisés : « J’ai pris en photo toutes les traces de freinage des véhicules, au passage des chicanes et écluses. Quelques automobilistes ont vu leurs pneus éclatés et les jantes cassées par les arêtes trop rudes des aménagements », décrit le riverain.
Certes, il ne nie pas que le non-respect du Code de route et notamment des limitations de vitesse sont pour beaucoup dans le problème de dangerosité de la traversée du village, mais pour lui, les quelques coups de peinture et pose de balises blanches sur les endroits posant problème, ne changeront rien à la situation.
Le point avec la Direction+des+routes
Franck Invernizzi est directeur des routes au sein du Département de la Seine-Maritime, et il n’ignore pas les doléances de certains riverains de la route de La Lande. Même s’il convient qu’on peut toujours aller plus loin dans les aménagements, il constate que ceux réalisés à Mesnil-Raoul sont très satisfaisants : une affirmation qu’il fonde sur des comptages qui ont été réalisés après les changements survenus sur l’itinéraire.
« Globalement, les aménagements de sécurité réalisés en 2023 pour pacifier la vitesse au moyen d’écluses et d’un plateau traversant ont porté leurs effets. Un comptage réalisé du 6 au 12 août 2024, et qui s’appuie sur la vitesse V85 (NDLR : vitesse en dessous de laquelle circulent 85 % des véhicules non contraints par la circulation d’autres véhicules), a révélé les chiffres suivants : 48 km/h rue de La Lande, dans une zone limitée à 30 km/h, mais qui n’est pas une zone 30, et 56,8 km/h rue du Cèdre, ce qui est plus élevé », explique Franck Invernizzi, qui constate que cette vitesse moyenne relevée sur la rue de la Lande reste tout à fait acceptable, même si on peut effectivement toujours faire mieux.
Évidemment, il existe également d’autres usagers qui dépassent allègrement les limitations de vitesse, mais leur nombre reste largement à la marge et c’est, dans ce cas, un problème de comportement et de respect du Code de la route, qu’aucun aménagement routier ne réussira malheureusement à juguler.
S’agissant des Stops inversés, Franck Invernizzi rappelle que les Stops, tels qu’ils existaient auparavant, sont contraires au Code de la route. « Des études montrent qu’ils procurent un faux sentiment de sécurité, avec des véhicules qui au mieux glissent le Stop ou qui ne s’arrêtent pas du tout. Et on a des images qui démontrent l’inefficacité de ce dispositif, qui n’est pas crédible », affirme le directeur des routes du Département.
Franck Invernizzi rappelle par ailleurs que ces aménagements, réalisés à Mesnil-Raoul, représentent une opération conséquente de plus de 700 000 euros, cofinancés par le Département de la Seine-Maritime et la commune, et sont le fruit d’une large concertation. « Des efforts très importants ont été faits, on a écouté les remontées de terrain des usagers et des riverains. Pour les camions, par exemple, la traversée est interdite, même s’il reste évidemment toujours un trafic résiduel », convient le directeur des routes, qui estime néanmoins que, globalement, le dispositif mis en place pour la traversée de la commune, sur la RD13, est efficace.
Qui décide ?
C’est ainsi qu’il envoie nombre de courriers, aussi bien à la commune qu’au Département de la Seine-Maritime, mais les réponses qu’il peut obtenir ne le satisfont pas du tout. « À la mairie, on m’a dit que c’est le Département qui décide et que la commune n’a pas voix au chapitre. Mais au Département, on m’a répondu que les aménagements ont été réalisés en accord avec la commune », indique François Piéplu, qui ne comprend pas ces « contradictions », et reste convaincu que personne ne veut lui dire la vérité.
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Combien de temps supplémentaire faudra-t-il pour que des solutions enfin efficaces soient mises en place ?
François Piéplu
La première des mesures à prendre serait, pour le riverain de la rue de La Lande, de remettre les Stops comme ils étaient avant. « Cela se fait ailleurs. Je l’ai vu dans la commune d’Héronchelles », avance François Piéplu qui s’interroge : « Combien de temps supplémentaire faudra-t-il pour que des solutions enfin efficaces soient mises en place ? ».
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