Publié le
19 oct. 2025 à 14h20
Évoquer la figure d’Achille Viadieu, c’est partir à la découverte d’un homme aux multiples facettes dans la tourmente des années d’Occupation. Ce jeune père de famille, comptable à la SNCF, mène en apparence une vie paisible. Affecté dans une unité d’aérostiers puis démobilisé après l’armistice du 22 juin 1940, il bascule dans la clandestinité trois ans plus tard.
Chef régional du RNP
Marcel Taillandier, adjudant-chef radio dans les services spéciaux de la Défense Nationale, le recrute parmi les militaires, les policiers, les civils, infiltrés dans les administrations et les services allemands afin de constituer une équipe de renseignement et de contre-espionnage sous le pseudonyme de » Morhange « .
Au cours de l’été 1943, il arrive à infiltrer le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat, l’un des trois principaux partis collaborationnistes avec le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot et le Parti franciste de Marcel Bucard. Apprécié par les cadres dirigeants, il s’impose à la tête du mouvement régional en novembre. Au fil des semaines, il arrive à tisser des relations privilégiées avec certains officiers du SD (Sicherheitsdienst, Service de sûreté en français, communément raccourci en Gestapo), dont le redoutable Stubbe et Lehmann, l’un de ses adjoints qu’il invite parfois à son domicile de la rue Valade. Une stratégie qui lui permet d’avoir accès à des informations confidentielles sur les actions prévues contre les résistants, d’obtenir les indispensables Ausweis (laisser-passer permettant de circuler) et de fournir les membres du réseau Morhange en faux-papiers.
Une dernière opération fatale
Mais ses nombreux déplacements, notamment à Barcelone où se trouve l’antenne des services spéciaux français d’Alger, ne passent pas inaperçus. L’étau se resserre. En mai 1944, son épouse Aline est interrogée puis relâchée. Alors qu’il doit repartir pour la capitale catalane, Achille Viadieu prépare avec ses camarades une opération commando afin de neutraliser Georges Pujol, un ancien inspecteur des Renseignements généraux passé dans les rangs allemands.
Reconnu place du Capitole par des gestapistes et des miliciens, il est pourchassé en voiture à travers la ville puis abattu par une rafale de mitraillettes, le 2 juin 1944, rue des Récollets (rebaptisée à son nom après-guerre) alors qu’il tente de leur échapper avec son complice le policier Jacques Combatalade. Élevé au rang de capitaine à titre posthume, son nom figure sur le monument aux morts de Castelnau-Durban, son village ariégeois natal, et sur celui érigé à Ramatuelle (Var) au Mémorial dédié aux membres des services de renseignements et de contre-espionnage tués ou disparus lors d’actions de résistance entre 1940 et 1945.
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.