“Nous mangeons, nous buvons, nous fumons, nous discutons. Et nous lisons des livres.” Alors que la Foire du livre se tiendra à Francfort du 15 au 19 octobre, le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) consacrait sa une du 12 octobre aux clubs de lecture, qui se multiplient en Allemagne. Une tendance née sur les réseaux sociaux, inspirée des “books clubs” britanniques, voire des “salons littéraires des Lumières”, qui réunit amateurs et amatrices de littérature, dans l’intimité d’un foyer ou dans des lieux publics, comme les bibliothèques ou les librairies.

“L’idée de se réunir pour débattre d’ouvrages n’est pas nouvelle”, reconnaît la FAZ. Mais pour les jeunes de la génération Covid-19, ces cercles de lecture offrent un remède à l’isolement. Car “la lecture crée du lien”. Dans une société allemande divisée, cette “quête de points communs malgré toutes les divergences politiques” est précieuse : “Une discussion est lancée par le biais des livres.”

La lecture d’une autre manière

La discussion autour d’un livre est aussi un moyen de montrer sa présence, de faire entendre sa voix, sans forcément parler de soi. Et parfois, les discussions lancées lors de ces rencontres “ouvrent de nouvelles perspectives”.

Une de la FAZ, parue le dimanche 12 octobre 2025. Une de la FAZ, parue le dimanche 12 octobre 2025. FAZ

L’auteur de l’article qui fait la une du journal allemand relate notamment une séance lors de laquelle l’imposant classique La Montagne magique, de Thomas Mann, était analysé par les participants. “Un médecin spécialiste était présent et a pu expliquer à quel point Thomas Mann connaissait bien la tuberculose. Une éducatrice savait à quel point la psychanalyse était répandue vers 1924, lorsque le roman a été écrit. Les scénaristes parmi nous ont découvert des séquences adaptées au cinéma […].”

Si “l’ampleur du phénomène en Allemagne reste difficilement quantifiable”, l’engouement des clubs de lecture se lit à travers les réseaux sociaux : ainsi, plus de 11 000 lectrices suivent le compte Mädels, die lesen (“Les filles qui lisent”) sur Instagram. Ne manque plus qu’une personnalité publique allemande qui viendrait promouvoir le concept, comme l’ont fait au Royaume-Uni la reine consort Camilla Perker Bowles ou encore la chanteuse britannique Dua Lipa. À défaut de sauver le marché du livre, les clubs de lecture pourraient donc bien faire perdurer la pratique de la lecture en Allemagne, d’une autre manière.