Par

Thomas Martin

Publié le

19 oct. 2025 à 18h19

Comment protéger un trésor aussi vaste que vulnérable ? Le Louvre, ses 73 000 m² de galeries et ses quelque 35 000 œuvres, se retrouve au cœur d’une tempête sécuritaire. Le spectaculaire cambriolage survenu ce dimanche 19 octobre, au cours duquel plusieurs bijoux « inestimables » ont été dérobés dans la galerie d’Apollon, a mis en lumière la fragilité d’un musée pourtant considéré comme l’un des sites les plus protégés de la planète.

Le douloureux souvenir du vol de 1998

En moins de sept minutes, trois ou quatre cambrioleurs ont pénétré dans le musée en découpant une vitre à la disqueuse depuis une nacelle extérieure, avant de s’enfuir avec leur butin. Un scénario digne d’un film, mais bien réel, qui réveille de douloureux souvenirs : le dernier vol remontait à 1998, lorsqu’une toile de Camille Corot avait mystérieusement disparu — sans jamais être retrouvée. « C’est un musée fragile », avait déclaré son président de l’époque Pierre Rosenberg. Près de trente ans plus tard, le constat semble encore d’actualité.

A son arrivée à la tête du Louvre en 2021, Laurence des Cars avait demandé à la préfecture de police de Paris de mener un audit de sécurité sur son établissement.

A la suite de cet audit, des recommandations ont été rendues « il y a quelques semaines, quelques mois » et « commencent à être mises en oeuvre », a affirmé dimanche la ministre de la Culture Rachida Dati, sans donner plus de précisions. Sollicité par l’AFP, Le Louvre n’a pas fait de commentaires.

« On ne peut pas se passer de la surveillance physique »

Selon certaines organisations syndicales, la sécurisation du musée a été mise à mal par des réductions de personnels au cours des récentes années, alors même que la fréquentation du musée explosait.

Sous couvert de l’anonymat, une source syndicale affirme ainsi que 200 équivalents temps-plein ont été supprimés au musée au cours des 15 dernières années, notamment sur des postes de sécurité, sur des effectifs globaux de près de 2 000 salariés.
« On ne peut pas se passer de la surveillance physique », affirme cette source.

Dans un communiqué, le syndicat minoritaire Sud a lui aussi pointé du doigt dimanche « la  destruction des emplois dédiés à la sécurité » au Louvre. Mi-juin, des agents du musée avaient débrayé quelques heures pour dénoncer des problèmes de « sous-effectif » les empêchant de mener à bien leurs missions.

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Adjoint écologiste à la mairie de Paris, David Belliard a rappelé ce précédent pour mettre en cause les autorités dimanche.
« Ce braquage arrive quelques mois après que les salariés du musée aient alerté sur les failles de sécurité. Pourquoi ont-ils été méprisés par la direction du musée et par le ministère ? », a-t-il écrit sur X.

Un projet de rénovation colossal

La sécurisation du Louvre, encore plus avec le cambriolage de dimanche, devrait à nouveau être au coeur des débats autour du vaste projet d’extension du musée parisien, annoncé fin janvier par Emmanuel Macron.

Réagissant à l’état des lieux alarmant sur la vétusté du Louvre dressé par sa présidente, le chef de l’Etat avait annoncé un projet de rénovation colossal, dont le coût est évalué à environ 700 à 800 millions d’euros sur une dizaine d’années.

Baptisé « Nouvelle Renaissance du Louvre », il prévoit d’ici 2031 une nouvelle entrée pour décongestionner la pyramide de verre, une salle d’exposition dédiée à la Joconde, ainsi qu’un billet d’entrée plus cher pour les visiteurs non européens, avec, à terme, un objectif de 12 millions de visiteurs annuels contre environ 9 actuellement.

« Des mesures de sécurisation sont intégrées dans le nouveau grand projet du musée du Louvre », a assuré dimanche Mme Dati, évoquant un nouveau « schéma directeur de la sécurité ».

La source syndicale interrogée par l’AFP ne doute pas que le budget de la sécurité sera réévalué mais se demande si les montants « seront à la hauteur de la protection requise par notre établissement ».  

AFP

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