Quelques mois avant le Nouvel An de cette année, Jonathan Rinderknecht, chauffeur Uber de 29 ans installé en Californie, s’amusait à créer des images avec ChatGPT. Mais ses demandes ne relevaient pas de la simple curiosité artistique. Selon les documents déposés par la justice américaine, il avait demandé à l’IA de générer une « peinture dystopique » : « Sur la gauche, une forêt brûle. À côté, une foule fuit le feu. Au centre, des milliers de pauvres essaient de passer un gigantesque portail marqué d’un dollar. De l’autre côté, les riches observent le monde brûler. »
ChatGPT, témoin involontaire d’une obsession
Une vision saisissante, presque prophétique. Quelques mois plus tard, dans la nuit du 31 décembre 2024, Jonathan Rinderknecht montait seul un sentier isolé de Pacific Palisades, au nord de Los Angeles. Vers minuit, un incendie se déclare. Il deviendra le « Palisades Fire », l’un des plus destructeurs de la région, faisant douze morts et des milliers de sinistrés.
L’enquête menée par l’ATF (le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives) a révélé un détail troublant : au moment même où le feu démarrait, le suspect consultait de nouveau ChatGPT. Il demandait au bot : « Es-tu responsable si un feu démarre à cause de ta cigarette ? ». Il aurait même enregistré son écran, sans doute pour prouver qu’il avait tenté de signaler l’incendie aux secours. Pour les enquêteurs, ce geste montre une volonté de fabriquer un alibi numérique, en cherchant à donner l’apparence d’un accident.
L’analyse de ses échanges avec l’IA a pris une place centrale dans l’affaire. Les procureurs soulignent qu’il avait déjà évoqué, en novembre, un acte symbolique : « J’ai littéralement brûlé ma Bible. C’était libérateur. » Ces conversations, extraites des logs de ChatGPT, tracent le portrait d’un homme obsédé par le feu et la destruction, bien avant la nuit du drame.
Les enquêteurs ont retracé pas à pas le parcours de Jonathan Rinderknecht : GPS de son iPhone, vidéosurveillance, ADN sur un briquet vert retrouvé dans sa voiture. Mais c’est bien son activité en ligne qui intrigue le plus. « Nous avons utilisé toutes les technologies disponibles, des caméras thermiques aux traces numériques », a déclaré Kenny Cooper, agent spécial de l’ATF à Los Angeles. Les autorités n’ont pas évoqué de mobile, mais l’accusation estime qu’il a intentionnellement déclenché le feu, probablement avec son briquet.
Le suspect nie toute intention criminelle. En détention sans possibilité de libération sous caution, il risque jusqu’à vingt ans de prison s’il est reconnu coupable.
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