Couverture du livre « Nichonnées fantastiques » de Marion Cocklico (Grasset, 2025)

Nichonnées fantastiques
Texte et dessin : Marion Cocklico
Éditeur : Grasset
Date de parution : 1 octobre 2025
Genre : Album jeunesse

L’idée derrière Nichonnées fantastiques est très bonne : faire découvrir aux enfants, dès l’âge de 9 ans, qu’il existe toutes sortes de seins. Les jeunes lecteurs et lectrices pourraient ainsi moins complexer sur leur poitrine, à un âge où elle commence peut-être à se former, tout en ayant en tête un imagier de seins de toutes tailles et de toutes formes.

Marion Cocklico s’est décidée pour un choix artistique affirmé : l’aplat de couleur. Celui-ci, monochrome et occupant tout l’arrière-plan, prend toute la place, toute la page. Un mot vient symboliser l’image : « Nectar », « Imperceptible », « Collines ». Mais à la différence de la couverture de Nichonnées fantastiques, où les seins apparaissent de trois quarts ou de profil — donnant une indication claire au lecteur et à la lectrice sur le contenu de l’album —, les illustrations montrent ici des seins majoritairement à plat, en deux dimensions. L’album devient ainsi plus conceptuel que véritablement pédagogique, puisqu’il faut une certaine dose d’imagination pour y reconnaître des seins, d’autant qu’ils sont coupés du corps auquel ils appartiennent. Ce traitement rend l’ouvrage accessible à des enfants bien plus jeunes que 9 ans.

Cocklico a sans doute voulu mêler pédagogie et mystère, imagination et corporalité. L’autrice semble toutefois passer d’un registre à l’autre sans toujours savoir sur quel pied danser. On découvre d’ailleurs, en début d’ouvrage, la définition du mot « Nichonnée », tandis qu’à la fin, les choix des différents « concepts » sont expliqués simplement. L’artiste y remercie notamment Camille Froidevaux-Metterie, philosophe ayant écrit sur les seins, et Charlotte Bienaimé, créatrice d’un podcast féministe.

Nichonnées fantastiques est aussi un album ludique, porte-étendard d’une imagination débordante et d’un art à la fois militant, poétique, politique et beau. C’est un livre qui ne sexualise pas les poitrines, mais cherche au contraire à les mettre en lumière — en couleur — pour apprendre aux enfants à apprécier leur corps et celui de l’autre, tel qu’il se présente à eux et elles, y compris lorsqu’il est transformé par la maladie, le manque ou la chirurgie.