Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza a été menacé toute la journée dimanche. La Défense civile de la bande de Gaza a affirmé que des frappes israéliennes avaient tué 33 personnes à travers le territoire palestinien, tandis que l’armée israélienne annonçait la mort de deux soldats. Toute la journée, Israël et le Hamas se sont accusé mutuellement de violer le cessez-le-feu.
Mais dimanche soir, retournement de situation, l’armée israélienne a affirmé qu’elle allait cesser ses frappes dans la bande de Gaza, en application du cessez-le-feu. «Conformément aux directives de l’échelon politique, et après une série de frappes significatives en réponse aux violations du Hamas», l’armée «a repris l’application du cessez-le-feu», a-t-elle indiqué dans un communiqué. L’armée israélienne «continuera de respecter l’accord de cessez-le-feu et ripostera avec fermeté à toute violation», poursuit le texte.
De son côté, la porte-parole du gouvernement pour la presse étrangère a laissé entendre qu’Israël ne considérait pas que l’accord avait été annulé à la suite des frappes.«Nous sommes en cessez-le-feu, mais les soldats ont le droit d’agir pour se défendre.»
Toute la journée, les observateurs ont eu peur d’une escalade mortifère. En fin d’après-midi dimanche, Israël, qui avait annoncé la mort de deux de ses soldats à Gaza, avait suspendu l’accès de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne. «Le transfert d’aide humanitaire vers la bande de Gaza a été suspendu jusqu’à nouvel ordre, à la suite de la violation flagrante de l’accord par le Hamas», selon une source qui a requis l’anonymat.
Plus d’une trentaine de Palestiniens ont été tués dans une frappe israélienne à Al-Zawaida, dans le centre du territoire, un «groupe de civils» , a affirmé Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile à l’AFP. Une autre frappe, sur des «tentes de personnes déplacées près de de Khan Younès (sud), a aussi tué une femme deux enfants», a-t-il ajouté. Il a encore recensé deux autre personnes tuées à Al-Zawaida, deux à Nusseirat (centre) et deux à Jabalia (nord). La Défense civile a ensuite fait état de plusieurs autres morts, dont des enfants en fin d’après-midi.
L’armée israélienne avait confirmé dans la journée avoir lancé de nouvelles frappes dans le sud de la bande de Gaza, après avoir fait état de premiers bombardements dans la zone, à Rafah, en riposte selon elle à des attaques du Hamas, démenties par le mouvement.
Un témoin a raconté à l’AFP que «les avions de guerre ont effectué deux frappes aériennes sur Rafah. Il n’y a pas encore de détails concernant les victimes ou les blessés. La zone est sous contrôle militaire israélien». Un autre a indiqué que «des combattants du Hamas ont ciblé un groupe de Yasser d’Abou Shabab (rival du Hamas) dans le sud-est de Rafah». «Ils ont été surpris par la présence de chars de l’armée (à proximité). Il semble qu’il y ait eu des sortes d’affrontements […] L’armée de l’air a effectué deux frappes aériennes sur le site», a-t-il ajouté.
«Nous n’avons aucune connaissance d’incidents ou d’affrontements ayant lieu dans la région de Rafah», avait dit pour sa part la branche armée du Hamas dans un communiqué. «C’est l’occupation sioniste qui continue de violer l’accord», avait indiqué plus tôt Izzat al-Rishq, un membre du bureau politique du Hamas. Des responsables israéliens ont immédiatement réagi à l’incident, comme le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, qui a écrit «Guerre !» sur X.
L’armée israélienne a reconnu avoir frappé «des dizaines» de cibles du Hamas à travers la bande de Gaza. «Au cours des dernières heures, en réponse à la violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu plus tôt» dans la journée, l’armée a «frappé des dizaines de cibles terroristes du Hamas à travers la bande de Gaza» dont des stocks d’armes et des infrastructures souterraines, indique ce communiqué.
Sous la pression du président américain Donald Trump, le cessez-le-feu est entré en vigueur le 10 octobre après deux ans de guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023. En vertu de la première phase de cet accord, le Hamas a remis le 13 octobre, en échange de près de 2 000 prisonniers palestiniens, 20 otages vivants qu’il retenait dans le territoire palestinien depuis le 7-Octobre et rendu 12 des 28 dépouilles d’otages toujours retenues à Gaza.
Les violences se sont produites alors que Benyamin Nétanyahou tenait des réunions avec ses ministres, dont certains ont appelé à reprendre la guerre contre le Hamas. L’armée «doit reprendre les combats dans la bande de Gaza avec toute sa force» et «anéantir totalement le Hamas», a dit Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité intérieure et figure de l’extrême droite.
Mise à jour à 21 h 30 avec l’annonce de la reprise du cessez-le-feu par Israël