l’essentiel
Dans un couple de Cugnaux, près de Toulouse, les violences intrafamiliales ne sont pas nouvelles. Des voisins ont entendu madame hurler. « Faux », affirme monsieur devant le tribunal.
En milieu de semaine, une voisine affolée appelle les gendarmes : « Ma voisine a été plantée, elle s’est enfuie ! » Lorsque les militaires arrivent sur place, à Cugnaux, ils découvrent un couteau et un briquet abandonnés devant l’appartement. À l’intérieur, des traces de sang sur les murs… et un homme allongé sur un lit, feignant le sommeil.
La victime, retrouvée un peu plus tard, minimise : « Je vais bien, qu’ils s’occupent d’eux et pas de moi. » déclare-t-elle à propos des voisins qui ont donné l’alerte. Elle évoque d’abord un simple saignement de nez, qu’elle attribue à de vieilles violences infligées par son frère. Puis, lors d’une seconde audition, elle reconnaît avoir bu avec son compagnon : « Je ne me souviens plus. Je fais ce que je veux de mon mec, et il fait ce qu’il veut de moi. »
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Les voisins, eux, sont formels : « On a entendu la femme crier : Aidez-moi, il veut me planter ! » Ils affirment aussi avoir vu le prévenu courir après elle avant de lâcher un objet, retrouvé lors de recherches. Il s’agit bien d’un couteau.
Devant les juges, l’homme nie : « Ce n’est pas moi qui avais le couteau, c’est elle. » Fabrice Rives, président du tribunal correctionnel, lui rappelle : « Vous avez déjà été condamné pour des violences sur cette dame. » Le prévenu répond : « Oui, mais j’ai eu que du sursis. » Rires dans la salle.
Prison et interdiction du territoire
Le procureur enfonce le clou : « Les témoignages sont formels, Monsieur persiste à nier l’évidence. » Il requiert douze mois d’emprisonnement, la révocation d’un sursis probatoire de six mois et une interdiction du territoire français pendant cinq ans.
Son avocat, Me Yohan Damblade, plaide la relaxe : « Pardon de faire du droit, mais vous êtes saisis pour des violences par coup de poing, pas pour des coups de couteau. » Après avoir repris point par point le dossier, il conclut : « Aucune preuve de coup de poing, je ne peux dès lors que vous réclamez une relaxe ! »
Le tribunal, après un long délibéré, au-delà de l’interdiction du territoire français pendant cinq ans, condamne le prévenu à la peine de six mois d’emprisonnement, auquel se rajoute la révocation d’un sursis à hauteur de six mois supplémentaires, avec maintien en détention. « Six plus six, ça fait douze mois de prison et c’est tout de suite ! », annonce le président avant que les escortes ne reconduisent le désormais condamné à la maison d’arrêt de Seysses.