Par
Hugo Hancewicz
Publié le
20 oct. 2025 à 7h08
« On veut voir du bleu partout. » La phrase claque comme un avertissement. Ce vendredi 17 octobre 2025, veille de vacances scolaires, la couleur des uniformes s’impose dès le début de journée. Il n’est pas encore 9 heures que les gilets fluorescents se déploient sur la RD 916. À Labège, les deux grands ronds-points qui desservent le sud de Toulouse se transforment en vaste point de contrôle. Gendarmes, motards, cadres de la préfecture : tout le monde est sur le pont. L’objectif ? Se rendre visible, prévenir, rappeler les règles… et sanctionner si nécessaire. Car depuis plusieurs mois, les chiffres de la sécurité routière virent au rouge dans le département. « On veut marquer les esprits. Les résultats ne sont pas bons, on doit agir », Houda Vernhet, directrice de cabinet du préfet, venue sur le terrain. Depuis janvier, 44 automobilistes et motards ont perdu la vie sur les routes haut-garonnaises, soit cinq de plus que l’an dernier à la même période. Et les deux-roues paient un tribut de plus en plus lourd. Reportage au cœur du dispositif.
Les motards dans le viseur
Tout au long de la matinée, les motos sont systématiquement arrêtées. Vérification des papiers, contrôle technique et échange rapide. « Ça remet les idées en place. On oublie vite que ça peut mal finir », souffle un motard, casque encore vissé sur la tête, à la sortie du contrôle. Début octobre, un homme à moto a perdu la vie derrière l’aéroport de Blagnac.
Et à peine une heure après le début de l’opération, deux conducteurs de deux-roues ont déjà été contrôlés positifs aux stupéfiants. « C’est un fléau, martèle Houda Vernhet. Conduire sous alcool ou stupéfiants reste un danger majeur ». Selon la préfecture, l’alcool est impliqué dans près de 29 % des accidents mortels du département.
Plus inquiétant encore, dans 88 % des accidents mortels impliquant un deux-roues en 2025, la responsabilité incombe uniquement au conducteur. « Le périphérique toulousain est devenu un point noir. Vitesse excessive, dépassements dangereux… Chaque erreur peut être fatale », alerte Houda Vernhet. La préfecture rappelle toutefois que les voitures restent aussi majoritaires dans les drames routiers les impliquant et sont responsables dans 90 % des accidents mortels.
« Quand ça touche le portefeuille, ça réveille »
Face à ce constat, les autorités savent qu’il ne suffit pas de dresser des procès-verbaux. « Oui, frapper au portefeuille, ça marque. Mais la répression seule ne suffira pas. On a besoin de sensibiliser, d’éduquer, de rappeler que la route n’est pas un terrain de jeu », poursuit la représentante de l’État.
Des actions de prévention existent déjà auprès des jeunes et des motards. D’ici la fin de l’année, trois points d’accueil vont voir le jour dans des bars et restaurants partenaires en Haute-Garonne. Objectif : créer des “haltes motardes” avec du matériel de secours et des relais de prévention au plus près du terrain.
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Selon la préfecture, dans 88 % des accidents mortels impliquant un deux-roues en 2025, la responsabilité incombe uniquement au conducteur. (©HH/actu Toulouse)
« La route ne doit plus tuer. On sent un relâchement dans les comportements, donc chacun doit prendre sa part de responsabilité », insiste la directrice de cabinet. Ce vendredi, le bleu était partout, et Houda Vernhet le promet, il n’a pas fini de l’être.
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