Lola Daviet, 12 ans, a été autopsiée le 15 octobre 2022. La veille, son corps a été découvert dans une malle, déposée dans la cour de la résidence où vivaient la collégienne et sa famille dans le 19e arrondissement de Paris. Il a ensuite été déposé à l’institut médico-légal où il a été examiné par le docteur Isabelle Sec. Le cadavre de la préadolescente est arrivé « dans un bon état de conservation », « enroulé dans une couverture de survie », décrit cette spécialiste de la médecine légale, qui témoigne ce lundi en visio au procès de Dahbia Benkired, 27 ans, devant la cour d’assises de Paris. « Il y avait du scotch présent au niveau du visage qui, lors de mes opérations, n’était plus là », précise-t-elle.

Isabelle Sec a procédé à un « examen complet du corps à la recherche de lésions traumatiques ». Elle a dénombré 38 plaies sur le cadavre de Lola Daviet. Elle a relevé « plusieurs zones d’infiltration hémorragique », « une multitude de plaies situées à l’arrière du thorax », « une lésion osseuse au niveau de la mandibule gauche », « une plaie face gauche du menton jusqu’à la face gauche du cou », « deux plaies pénétrantes jusqu’à la cage thoracique ». Elle n’a pas remarqué, en revanche, « de plaies de défense » sur les mains de la victime. Lola est, dit-elle, morte asphyxiée en raison de « l’obstruction complète des voies aériennes supérieures », du ruban adhésif recouvrant son nez et sa bouche.

« C’est au-delà de la douleur physique »

« C’est l’une des questions que se posent les parties civiles, est-ce que Lola a souffert ? », lui demande le président de la cour. « Connaître les souffrances endurées, c’est une notion très demandée par les parties civiles à l’heure actuelle et on les comprend », répond Isabelle Sec. « Avant la perte de connaissance, l’asphyxie est en soi très anxiogène, c’est au-delà de la douleur physique », précise l’experte, ajoutant que l’agonie a pu durer « entre deux et trois minutes ».

L’examen du corps de Lola a également révélé des lésions dans la région rectale et vaginale. « Des suffusions hémorragiques récentes » dans son rectum, et « deux petites entailles » dans sa « cavité vaginale », « survenues pendant la vie de l’enfant », détaille le professeur Patrick Barbet qui a réalisé une « expertise anatomo-pathologique ». Elles ont été causées « dans les minutes ou les heures précédant le décès ». « Rien ne nous permet de dire s’il s’agit d’une pénétration digitale ou par un objet », complète Isabelle Sec qui évoque des « lésions profondes ».

« Je ne l’ai jamais touchée »

« Sur ce qu’on vient d’entendre, souhaitez vous réagir ? », demande le président à l’accusée. « Non. Après j’ai du mal à parler français donc je n’ai pas tout compris de ce qu’elle disait mais non, je n’ai rien à dire », répond Dahbia Benkired. « En résumant à très gros traits, il y a des choses pas compatibles avec vos déclarations, comme le nombre de coups portés, la nature de ces coups », reprend le magistrat qui évoque aussi ces lésions découvertes dans le vagin et le rectum de la victime. « Ça, c’est faux, je ne l’ai jamais touchée », soutient la jeune femme de 27 ans. Elle reconnaît avoir contraint Lola a pratiqué un cunnilingus « mais rien d’autre ».

Le juge insiste : comment ces lésions ont-elles pu apparaître ? « Je n’en ai aucune idée », assure l’accusée. Elle rappelle avoir déplacé le corps chez Rachid N., l’une de ces connaissances qui habite à Asnières dans les Hauts-de-Seine, après l’avoir tuée.

– Vous comprenez qu’il est impossible qu’il soit à l’origine de ces lésions ?

– Je n’ai rien fait.

– Y avait-il quelqu’un d’autre dans cet appartement avec vous deux ?

– Non.

– Alors comment fait-on pour expliquer ça ?

– Je l’aurais fait je vous l’aurais dit.

Le verdict est attendu le 24 octobre. L’accusée encourt la réclusion criminelle à perpétuité.