La Tunisie affiche un excédent commercial de 5,32 milliards de dinars (plus de 1,5 milliard d’euros) avec les pays membres de l’Union européenne pour les neuf premiers mois de 2025, selon des données publiées le 10 octobre par son Institut national de la statistique.
La valeur des exportations du pays nord-africain vers les Vingt-Sept s’est établie à environ 9,65 milliards d’euros entre le 1er janvier et le 30 septembre, ce qui représente une hausse de 1 % par rapport à la même période l’année écoulée. La facture de ses importations provenant de l’UE est par contre d’environ 8,08 milliards d’euros sur la même période, enregistrant une hausse de 4,4 % en glissement annuel.
L’UE demeure ainsi globalement le premier partenaire commercial de Tunis, dont elle a concentré 70,3% des exportations et 43,2% du total des importations sur les 3 premiers trimestres 2025. Les données de l’INS révèlent aussi que la France est le premier client du pays maghrébin sur cette période, captant 23% du total des exportations devant l’Italie (17%), l’Allemagne (15%) et l’Espagne (5%).
Avec une part de 13% dans le total des importations tunisiennes, la Chine a cependant accédé au rang de premier fournisseur du pays cette année, devançant la France et l’Italie (11% du total des importations pour chacun) et l’Allemagne (8%).
Un accord d’association encourageant les investissements européens
Les principales exportations de la Tunisie vers l’UE sont des produits manufacturés (équipements mécaniques, électriques et aéronautiques, composants automobiles, articles vestimentaires, etc.) et agricoles (huile d’olive, agrumes, dattes, etc.), d’après les données de la Commission européenne. Ses importations depuis le même bloc se composent essentiellement de machines et équipements de transport, de produits chimiques et pharmaceutiques et d’aliments manufacturés.
Pour l’économiste tunisien Ridha Chkoundali, cette balance commerciale positive s’explique essentiellement par les effets positifs de l’accord d’association signé entre Tunis et l’UE sur les investissements européens dans le domaine de l’industrie. Il ajoute que la présence croissante d’entreprises exportatrices européennes dans le tissu industriel tunisien explique le maintien de l’excédent commercial malgré la crise économique qui secoue le pays.
« L’accord d’association, qui a établi une zone de libre-échange, a encouragé des centaines de nouvelles entreprises industrielles européennes à s’implanter en Tunisie au cours des dernières années pour tirer profit d’une main-d’œuvre abondante et bon marché, et d’un régime fiscal avantageux pour les sociétés exportatrices, contribuant à une forte intégration du pays maghrébin aux chaînes de valeur européennes », a-t-il souligné.
Des négociations pour approfondir le libre-échange
L’instabilité politique et sécuritaire consécutive à la révolution de 2011 et une succession de chocs économiques (Covid-19, guerre en Ukraine, durcissement des conditions du financement extérieur, etc.) ont en effet contribué à ralentir durablement de la croissance de l’économie tunisienne. Après un rebond post-pandémie en 2021 (+4,3%) et en 2022 (+2,7%), l’activité économique a stagné en 2023 avant de progresser légèrement en 2024 (+1,4%) d’après la Banque mondiale.
La reprise a été notamment freinée par la sécheresse, les incertitudes entourant les financements extérieurs et une demande intérieure peu dynamique. Bien que le déficit budgétaire a diminué à 6,3 % du PIB en 2024, il reste nettement supérieur à son niveau de 2019 (2,9%). La dette publique est passée de 67,8% du PIB en 2019 à 81,2% en 2024, tandis que les besoins bruts de financement ont doublé, atteignant 16 % du PIB, en grande partie à cause du remboursement de la dette.
La Tunisie a été le premier pays du sud de la Méditerranée à signer un accord d’association avec l’UE. L’accord a été signé en 1995, mais l’élimination des droits de douane n’a été achevée qu’en 2008. Des négociations ont ensuite été lancées en 2015 sur un accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA), qui vise à aller au-delà de la libéralisation commerciale pour une intégration économique plus profonde.
Ceci à travers l’amélioration des opportunités d’accès au marché et des conditions d’investissement, ainsi que le soutien aux réformes économiques en Tunisie.