Par

Antoine Blanchet

Publié le

20 oct. 2025 à 19h22

Le jargon médical sorti de la bouche des médecins mitraille la salle d’audience. Il ne parvient pas à édulcorer l’horreur. Ce lundi 20 octobre 2025, au deuxième jour du procès du meurtre de Lola, deux légistes sont venus témoigner à la barre. Via les rapports d’autopsie et anatomopathologiques, ils ont relaté les derniers instants de l’adolescente, tuée à Paris il y a trois ans par Dahbia Benkired, 24 ans au moment des faits. Si ces expertises révèlent dans le détail la mort de la jeune fille, elles contredisent la version de l’accusée, notamment les violences sexuelles infligées à Lola.

« Il y a une souffrance physique, psychique et morale »

Depuis l’écran de visioconférence, la docteure Isabelle Sec est formelle : l’adolescente est morte par asphyxie. « Elle peut être liée à une obstruction du nez et de la bouche », détaille la praticienne. Un arrêt de l’arrivée d’oxygène compatible avec l’utilisation de Scotch. Aux enquêteurs, l’accusée a indiqué avoir enroulé le corps et le visage de la fillette avec un rouleau de ruban adhésif. Après son décès, la victime présentait aussi des traces de compression au niveau du cou. « Ces lésions cervicales sont compatibles avec le fait que le Scotch a été posé et enroulé à ce niveau-là », déclare la médecin légiste.

Le président de la cour d’assises tente de ramener l’humain dans cet exposé médical par une question simple : la fillette a-t-elle souffert ? Selon la spécialiste, le décès s’est fait en deux ou trois minutes : « Il y a une souffrance physique, psychique et morale. La détresse respiratoire est un mécanisme qui va conduire à une mort qui est particulièrement anxiogène », relève la praticienne. Dans son box, Dahbia Benkired ne cille pas.

Plus de 30 plaies au niveau du dos

Les experts en médecine légale sont aussi revenus sur les violences commises sur l’adolescente. Ces dernières se sont faites en plusieurs temps. En premier lieu, Dahbia Benkired a confessé avoir emmené la victime dans la salle de bains, et frappé sa tête contre le mur de la pièce. « Nous avons constaté des plaies hémorragiques récentes au niveau du cuir chevelu, ce qui pourrait aller dans ce sens », évoque la docteure Isabelle Sec.

C’est après avoir enroulé Lola avec du ruban adhésif et l’avoir laissée agoniser plusieurs minutes que Dahbia Benkired s’est déchaînée sur l’adolescente. Armée d’un couteau de cuisine, elle lui a porté des coups au niveau de la mâchoire et du cou. Une plaie profonde qui n’aurait pas pu causer la mort. « On a aussi relevé de multiples piqûres au niveau du dos qui peuvent s’apparenter à des coups de ciseaux », détaille Isabelle Sec. Au total, l’accusée a porté 38 coups.

Des traces récentes de viol

C’est l’une des inconnues les plus glaçantes du dossier. Entendue par les enquêteurs, Dahbia Benkired a reconnu avoir imposé un viol à la victime, la contraignant à lui pratiquer un cunnilingus. L’autopsie et l’analyse anatomopathologique ont néanmoins révélé davantage : « Les examens au microscope ont révélé que le corps présentait des lésions au niveau du vagin et de la région anale. Ces dernières apparaissent comme récentes », relate le docteur Patrick Barbet de manière mécanique.

Interrogée sur ce point par le président, l’accusée nie avoir imposé des pénétrations. Elle évoque à demi-mot que son ami, chez qui elle s’est rendue pendant plusieurs heures avec le corps, pourrait être responsable. Une insinuation peu crédible au vu des conclusions de l’autopsie. Les lésions subies par la fillette seraient vitales, c’est-à-dire réalisées avant sa mort. « Comment on fait ? », demande le président avec insistance. “J’ai pas d’explications. Si je l’avais fait, je vous l’aurais dit”, lui rétorque la jeune femme avec une pointe d’agacement.

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Sur les bancs des parties civiles, la mère et le frère de Lola ont suivi avec attention l’exposé des deux médecins. Mais le dernier échange leur sera insupportable. « Vous confirmez que la victime n’a pas été démembrée », demande l’avocat de la défense à l’un des spécialistes qui répondra par la positive. À cette évocation, Delphine Daviet s’effondre en larmes avant de sortir accompagnée de son fils.
 

Le verdict est attendu vendredi 24 octobre 2025. 

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