La réponse est arrivée quelques minutes plus tard : la tribune présidentielle du stade Roland Garros… C’est donc là que nous nous sommes retrouvés, face au majestueux court central occupé pour l’occasion par Lacoste, qui y préparait son défilé de la Fashion Week. Bientôt les plus beaux mannequins y défileraient sur un podium gigantesque, construit en terre battue. Quand on aime, on ne compte pas.
Nous voilà dans un bureau calme. Il est « comme à la télévision ». Calme, serein, souriant. Le symbole de l’alignement. Bien dans sa peau, courtisé de toutes parts après avoir accompli un exploit : réussir les plus beaux Jeux olympiques et paralympiques en brisant le cycle de la démesure, en utilisant la Ville Lumière comme décor et en rendant aux Français ce qui leur manque parfois, une certaine fierté, le goût du dépassement. Le bonheur pendant quelques jours pour des râleurs nés, ce n’était pas gagné…
Tony Estanguet est devenu un symbole, celui de la perfection ET de l’humilité. Les propositions d’emploi s’empilent. Il a déjà refusé deux fois d’être ministre des Sports. Où atterrira-t-il, finalement ? Lui seul le sait.
Tony Estanguet, cible de tous les chasseurs de têtes
Dans quelle famille avez-vous grandi ?
Dans une famille qui aimait le sport. Une famille très heureuse, soudée : mes parents ont eu trois fils, je suis le petit dernier. Ils sont originaires du même endroit, dans le Haut-Béarn, près de Pau. Mon père était fils d’agriculteur, ma mère aussi. Dans chacune des fermes, il n’y avait que dix vaches. Les familles vivaient modestement de la production de fromage.
Votre père a choisi une autre voie…
Quitter l’exploitation familiale n’a pas été simple pour lui. Mais il a découvert le sport grâce aux études supérieures et il est devenu professeur de sport. Il avait une bonne condition physique. Il s’est lancé dans l’athlétisme, a été repéré par ses professeurs. Il a fait un peu de compétition puis il a pris goût aux sports nature : le canoë-kayak, le ski, le surf, le parapente. Il faut dire que nous vivions dans un environnement béni pour ces sports. Ma mère a fait des études d’infirmière, métier qu’elle a exercé toute sa vie.
Quelles valeurs vous ont-ils transmises ?
Le travail, l’engagement. Quand mon père était petit, il devait participer aux travaux de la ferme. Il a toujours eu le goût des choses bien faites. Mes frères et moi avons eu la chance d’être élevés par un père travailleur, rigoureux. Mon père nous a donné le goût du dépassement de soi. Il nous a mis, très jeunes, dans des situations très osées, par exemple en ski de randonnée dans les Pyrénées à l’âge de 9 ans. Ma mère, elle, veillait à ce que l’on ait une vie normale en dehors du sport, à notre équilibre, notre bien-être.
Votre humilité vient-elle de là ?
Oui, de mes grands-parents qui l’ont transmise à mes parents. Quand on est agriculteur, on est très dépendant du milieu naturel. Mais mes parents m’ont aussi offert la curiosité, la volonté de sortir des sentiers battus, de faire des choses hors du commun, tout en restant modeste et humble. Ma mère nous a éduqués aussi dans le respect, la bienveillance, la tolérance. Je n’ai jamais eu le sentiment de faire des sacrifices mais de vivre dans une grande liberté.
Il y a un déclic dans votre vie : Carl Lewis aux Jeux olympiques de Séoul…
Nous regardions souvent le sport à la télévision : des matchs de rugby, de basket, les JO. On se retrouvait souvent à la maison, tous collés les uns contre les autres sur un petit canapé devant la télé. Mais il est vrai que le premier grand souvenir des Jeux olympiques, c’est Carl Lewis. Un athlète hors norme, un charisme fabuleux. Il dégageait une image d’excellence, de la classe, mais aussi une vraie humilité. J’avais dix ans. Il a allumé une petite flamme en moi qui n’a fait que grandir. Ce jour-là, j’ai eu envie de devenir un athlète, un compétiteur. J’ai eu ce rêve, cette envie de devenir Olympien.
Vous avez d’ailleurs accueilli Carl Lewis lors des Jeux de Paris…
Ce fut un moment très fort de l’inviter à parler devant les équipes, de lui montrer le stade de France, la piste d’athlétisme. Il a été le premier à la fouler. Ensuite, je lui ai proposé de porter la flamme pendant la cérémonie d’ouverture. J’ai eu une relation vraiment particulière avec lui à ce moment-là.
Revenons à vos débuts en canoë-kayak : vous et votre frère Patrice êtes tous deux dans la compétition. Frères, vous êtes devenus rivaux…
Mes deux grands frères avaient cinq et six ans de plus que moi, j’avais beaucoup d’admiration pour eux, ils étaient plus forts que moi dans tous les sports puisque j’étais plus jeune. Je suivais leurs traces, ils étaient mes modèles. Aldric, l’aîné, était mon protecteur : gamin, il me portait souvent sur ses épaules. C’est lui qui, quand j’étais ado, m’a emmené dans une boîte de nuit. Patrice s’est lancé le premier dans la compétition. Il a gagné des titres. En le regardant à la télévision, tout le monde pleurait. Sa première victoire est l’un des plus beaux souvenirs de ma vie. Vraiment. Patrice, c’était pour moi l’exemple en matière de sport. Je me suis lancé aussi. Se qualifier pour les JO est devenu pour lui, et pour moi, la priorité absolue. Mais on s’est rendu compte que nos rêves respectifs ne pourraient pas se réaliser ensemble. Nous savions qu’il n’y avait qu’une place. Pour éviter les tensions fratricides, Patrice a proposé que chacun s’entraîne de son côté. Et c’est moi qui, finalement, ai été sélectionné.
guillement
Se qualifier pour les JO est devenu pour mon frère, et pour moi, la priorité absolue. Nous savions qu’il n’y avait qu’une place. Et c’est moi qui, finalement, ai été sélectionné.
Cela a-t-il laissé des traces ?
Au moment de la sélection, la tension a été très forte, parce qu’il devait y avoir un gagnant et un perdant. Mais nous le savions. Patrice a été exemplaire ! À l’arrivée de la compétition, il est venu vers moi, m’a félicité et m’a dit : « Maintenant, tu es à ta place, tu n’as rien à te reprocher. À présent, il faut que tu sois champion olympique ». Il a créé un club de supporters. Nous sommes restés très proches et, huit ans plus tard, il est devenu mon entraîneur.
Tony Estanguet, qui préside l’organisation des JO-2024, est biberonné aux médailles
Vous avez une carrière sportive parfaite puisque vous avez remporté toutes les victoires possibles en canoë-kayak, tant au niveau mondial qu’olympique…
Une carrière intense, oui. Et je pense que, si j’ai réussi à devenir président du Comité des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 et s’ils ont été une réussite, c’est grâce au sport de haut niveau que j’ai pratiqué. Cela a été une excellente formation. Pendant douze ans, en tant qu’athlète, il a fallu que je trouve des objectifs ambitieux, que je gère des tensions, des difficultés, de l’adversité…
« Je n’ai jamais lâché sur le niveau d’ambition des JO de Paris »
La principale leçon ?
L’ambition. Je n’ai jamais lâché sur le niveau d’ambition des Jeux, comme lorsque j’étais athlète. Parfois on se blesse, il faut encaisser, rester calme, décortiquer, analyser. Pendant les sept ans de la préparation des Jeux, nous avons eu des coups durs, des difficultés, des critiques. Je pense que j’ai pu garder ce calme, ce sens de l’analyse, de l’adaptation grâce à ce que j’ai vécu quand j’étais athlète. Le sport de compétition est une belle école de vie. On y apprend beaucoup de choses, même dans des sports « mineurs ».
En même temps, alors que vous avez tout remporté dans votre sport, vous n’étiez pas très connu…
Inconnu au bataillon du grand public, vous voulez dire ! Je pratiquais le sport que j’aimais ; gagner de l’argent n’a jamais été le moteur de ma vie. J’ai été, comme mon père, professeur de sport. Mais mon premier sponsor, je l’ai signé après mon premier titre olympique. Avant, ce sont mes parents qui m’aidaient. Et la fédération : en France, ce système est excellent. Je suis un pur produit du sport fédéral. Pendant ma carrière sportive, j’ai aussi continué des études, pour me préparer à « l’après ». J’ai refait un master en marketing du sport dans une école de commerce en région parisienne. Cela m’a beaucoup servi par la suite. Je n’avais donc que très peu de contacts avec le sport professionnel. Finalement, j’ai baigné un peu dans ce milieu-là et j’ai découvert le marketing du sport, les droits télé, les sponsors, l’univers professionnel, etc.
Pourquoi avoir arrêté la compétition sportive en 2012 ?
Parce que j’étais, entre guillemets, trop vieux. J’avais quand même fait plusieurs olympiades, remporté trois titres sur trois éditions différentes. C’était le bon moment pour arrêter. Et, au fond de moi, j’avais un peu moins de hargne, de niaque, pour aller tous les jours me mettre en difficulté. L’hiver, il faut se mettre dans l’eau à 4-5 degrés…
L’objectif des JO de Paris était-il de faire mieux que Londres ?
C’était de faire différent. L’objectif de départ, c’était de cesser un peu le gigantisme, d’organiser les JO au centre de la ville. Nous voulions montrer que la France était capable d’organiser les plus beaux Jeux de l’histoire dans un cadre historique unique. Je n’ai jamais transigé avec le niveau d’ambition.
The sky is the limit…
Dans tous les domaines, je voulais qu’on soit les meilleurs. Il a fallu de l’audace, mais il a surtout fallu tenir bon face à tous ceux qui disaient : « Ce que vous nous demandez est impossible ». Je leur répondais : « Alors dites-moi dans quelles conditions ce que je vous demande serait possible ».
Organiser les Jeux dans la ville, profiter de ces lieux symboliques, était-ce votre idée ?
Pour être tout à fait honnête, utiliser le Grand Palais ou les Invalides figurait déjà dans les projets précédents. Nous avons amplifié l’idée avec les sites au pied de la Tour Eiffel, dans les jardins du Château de Versailles, et continué à enrichir le projet, même après l’obtention des Jeux avec, par exemple, le parc urbain Place de la Concorde. Il faut rappeler que la France sortait de plusieurs échecs : Lille, Paris deux fois, en 2008 et 2012, Annecy pour les Jeux d’hiver en 2018. Le défi était donc immense.
La cérémonie a fait couler beaucoup d’encre…
Tant mieux ! J’assume tout, évidemment. Nous voulions une ode à la diversité, casser les codes, parler à tout le monde, montrer de la tolérance, du respect. Des gens ont aimé certaines parties, d’autres ont apprécié d’autres parties, mais la toute grande majorité des gens a tout aimé.
Tony Estanguet lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Paris, le 28 août 2024. ©AFP or licensors
Votre plus grande réussite ?
La France est un pays de râleurs, terriblement divisé. Là, il y a eu un souffle d’unité. Cette communion est allée au-delà de ce que nous avions rêvé. Il y a eu un déclic autour de cette cérémonie d’ouverture. Dès le lendemain, on a senti que les Français étaient heureux, voire fiers. On a vu une France heureuse. C’est rare. Cela dit, il faut garder beaucoup d’humilité. Les Jeux n’ont pas réglé les problèmes politiques. Le pouvoir du sport est immense, mais cela reste du sport et le sport n’a pas le pouvoir de tout régler… Nous ne nous sommes jamais dit qu’on allait transformer le pays au point qu’il n’y ait plus de chômage, de racisme. Mais accroître le respect, donner de la fierté, développer le vivre ensemble, montrer aux Français ce que leur pays est capable de faire, donner du sens… cela n’est déjà pas si mal. Car tout cela n’était pas automatique. Je me souviens de la une du journal Le Monde lorsque les Jeux ont été attribués à Paris. Plutôt que de titrer « Génial, la France va organiser les Jeux olympiques », il avait choisi « Le plus dur commence ». Et l’article consistait en une litanie des difficultés que nous aurions à surmonter.
guillement
Les Jeux n’ont pas réglé les problèmes politiques. Le pouvoir du sport est immense, mais cela reste du sport et le sport n’a pas le pouvoir de tout régler…
Les Jeux paralympiques ont prolongé, voire amplifié, cette ambiance…
Ils ont donné une autre dimension humaine, émotionnelle, fraternelle, d’unité. On a pleuré en voyant ces athlètes se dépasser. Pour 90 % des Français, ce fut une découverte. Ils ne connaissaient pas les Jeux paralympiques, ni leurs athlètes ou leurs sports. Au départ, nous avions vendu peu de billets pour les compétitions paralympiques et, finalement, les stades se sont remplis. Et là encore, nous avons maintenu notre niveau d’ambition en gardant les mêmes lieux : la Tour Eiffel, les Invalides, le Grand Palais, Roland-Garros, Versailles. Je crois, j’espère, que cela a changé le regard des gens face aux personnes porteuses de handicap. Pour ces athlètes, le succès public a été une reconnaissance de leurs efforts. Là, à nouveau, il faut rester humble : ce n’est pas en onze jours de compétition que l’on va rattraper des décennies d’inégalités pour les personnes en situation de handicap, mais je pense que cela a fait du bien à tout le monde. La mentalité a évolué. La France peut, je l’espère, être plus mature sur ces questions-là.
Les Jeux paralympiques, un précieux catalyseur
Au fur et à mesure des compétitions sportives et des JO, on se rend compte que la préparation mentale est presque aussi importante que la condition physique…
C’est une évidence. Je pense qu’à partir d’un certain niveau, finalement, les athlètes ont à peu près tous le même niveau physique et technique, parce que les méthodes d’entraînement aujourd’hui sont toutes très développées dans tous les pays. Les athlètes sont toutes et tous formés de la même manière, dans tous les sports, jusqu’à un certain niveau. Les quelques pourcents qui font la différence, il faut aller les chercher, puiser en soi les ressources peut-être les plus difficiles à décrocher. Et cela, c’est au prix d’un mental d’acier, d’un peu d’agressivité, de dépassement… Au final, le mental est plus important que le physique. C’est lui qui fait la différence.
Pouvez-vous développer ?
Si la réussite vaut 100 %, le physique est responsable de 50 % des performances, il y a 40 % de technique et 10 % pour le mental. Sauf que les 90 %, en réalité, sont connus. Tout le monde peut avoir accès à une bonne préparation physique et technique. Sur la partie mentale, nos propres mécanismes sont beaucoup plus difficiles à comprendre. Aujourd’hui encore, cela me passionne de savoir dans quelles conditions je suis bon mentalement. Il est capital d’apprendre à bien se connaître, d’apprécier ses limites, de savoir comment les dépasser, de déterminer sa zone de confort et d’en sortir, de rester calme, d’éviter de se dégoupiller quand cela va mal. Donc oui, je pense que le mental peut faire toute la différence.
Avez-vous transmis à vos enfants l’amour du sport ?
Oui, ils sont très sportifs. Cela n’était pas une obligation qu’ils le soient mais je suis très heureux de partager cette passion-là avec eux. J’adore ces moments-là.
Vous avez placé la barre très haut. Cela ne doit pas être facile pour un sportif de s’appeler Estanguet…
Quand j’étais jeune, ce n’était pas le cas. Des « Estanguet », en France, il n’y en a qu’en bas à gauche du pays. Je n’ai pas eu à gérer cette « difficulté »-là. Maintenant, je suis d’abord le père de mes enfants et je m’assure qu’ils soient épanouis, en bonne santé mentale et physique. J’essaie de les accompagner. Auprès d’eux, je ne suis pas l’ex-champion olympique, je suis d’abord leur père.
Puis-je vous poser LA question : qu’allez-vous faire maintenant ? Le président de la République, Emmanuel Macron, et l’ancien Premier ministre, Michel Barnier, vous ont proposé d’être ministre des Sports. Vous avez poliment refusé…
Oui, j’ai eu ces discussions-là. Mais ma mission pour les Jeux se terminait au mieux fin de l’année 2024. J’avais envie de vivre cette expérience-là jusqu’au bout et de rendre une copie propre, un budget en équilibre, et même avec un bénéfice de quelques dizaines de millions d’euros qui iront dans les caisses du sport français. Cela dit, je félicite ceux qui acceptent de s’engager en politique parce que cela n’est pas simple, il y a beaucoup de contraintes. J’ai du respect pour ceux qui s’engagent au service du bien public. Mais moi, c’est vrai que je n’ai pas hésité une seconde.
J’imagine que François Bayrou, le successeur de Michel Barnier, originaire de Pau, comme vous, vous l’a également proposé…
Oui, je le connais depuis longtemps, il m’a appelé. Il s’attendait à mon refus. Il m’a dit : « J’ai une petite idée de ce que tu vas me dire, mais je ne peux pas ne pas te le proposer ». Et ensuite, nous avons eu une discussion sur le profil du futur ministre des Sports.
Donc qu’allez-vous faire maintenant ?
J’ai pris un engagement avec mes proches et avec moi-même : prendre un peu de recul. J’en ai envie, j’en ai besoin. J’ai vécu une décennie extraordinaire, exceptionnelle. J’ai beaucoup changé, j’ai beaucoup grandi grâce à cette expérience professionnelle. Je ne sais pas combien de temps ça va durer.
Estanguet, c’est une marque maintenant, un concept…
Je n’ai pas vraiment de projet professionnel en tête et je n’ai pas envie de commencer à le travailler. Je reçois des propositions mais, pour moi, il est encore trop tôt pour les regarder, les explorer. Je ne sais pas si cette pause durera six mois, un an… Je ne veux pas replonger dans la marmite tout de suite. Je passe beaucoup de temps avec mes enfants et cela me fait du bien. Je retrouve ce lien personnel, familial. J’ai pris des vacances. Oui, je suis très heureux en ce moment parce que je vis un moment de ma vie où je n’ai pas de stress. Je suis apaisé. J’ai l’impression d’avoir fait ce que j’avais à faire et je m’autorise à être relax.
Le sourire que vous affichez toujours, c’est naturel, spontané, commercial ? Vous ne pouvez pas rester sur votre petit nuage éternellement…
C’est moi ! Il y a effectivement, maintenant, à bientôt 47 ans, une espèce d’alignement. J’ai eu cette chance de vivre des projets passionnants. Organiser les Jeux de Paris a été ma plus belle mission. J’ai l’impression d’avoir fait ce qu’il fallait. Le nuage, pour moi, ce n’est pas la bonne image parce que j’ai beaucoup travaillé pour arriver à ce niveau-là. Mais je me suis toujours trouvé au bon endroit et j’étais content d’y être.
Comment vous ressourcez-vous ?
En faisant du sport, en étant dans un milieu naturel. Dès que je redescends dans le Sud-Ouest et que je prends soit mon vélo, soit mon canoë, soit des skis, tout de suite, je sens que quelque chose en moi me recentre, me fait du bien. Je me ressource en étant auprès des miens. J’adore passer du temps avec ma famille, mes frères que je vois presque toutes les semaines.
En qui ou en quoi croyez-vous ?
Je crois au travail. C’est quand même cela qui m’a permis d’être là où je suis. Je crois aux autres aussi. Je pense que j’ai eu cette chance de croiser la route de gens qui m’ont beaucoup appris. Je ne suis pas né champion olympique, je ne suis pas né président de Paris 2024. Si je le suis devenu, c’est parce que j’ai croisé des gens extraordinaires qui ont eu cette générosité, ce sens de la pédagogie, qui m’ont donné cette passion du goût de l’effort, ce goût du travail, la curiosité d’apprendre des choses pour, petit à petit, franchir les étapes.
guillement
Je ne suis pas né champion olympique, je ne suis pas né président de Paris 2024. Si je le suis devenu, c’est parce que j’ai croisé des gens extraordinaires.
Pensez-vous à la mort parfois ?
Non.
Qu’y a-t-il après la mort ?
Je ne me suis jamais posé cette question-là. Il faut profiter de la vie au maximum. Je ne me soucie ni de la mort, ni de ce qu’il y a après.
Qu’est-ce qui vous a construit ?
Mes relations familiales, l’autonomie que mes parents m’ont accordée. Assez vite, ils m’ont fait comprendre qu’il fallait que je devienne indépendant pour prendre des décisions et suivre un idéal. Je suis resté très proche de mes racines et de mes valeurs. Ma résidence principale est à quelques kilomètres de là où je suis né. En même temps, j’ai fait le tour du monde, j’ai fait des choses extraordinaires. Mais je sais d’où je viens et je suis attaché à ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui.
Êtes-vous un homme heureux ?
Oui, je suis très heureux et j’ai beaucoup de chance.
Du côté de chez Proust
Quelle est votre vertu préférée ? Le courage.
La qualité que vous préférez chez un homme ? La bienveillance.
Chez une femme ? Il n’y a pas de raison que cela soit différent.
Votre principal défaut ? L’impatience.
Votre principale qualité ? L’écoute.
Votre rêve de bonheur ? Des vacances en famille dans un milieu de grands espaces.
Quel serait votre plus grand malheur ? Le malheur de mes enfants.
Votre auteur préféré ? Non, je n’en ai pas. Le dernier livre que j’ai lu est de Laurent Gaudé.
Votre compositeur préféré ? Victor Le Masne, le compositeur de la musique de Paris 2024.
Votre héros préféré dans la fiction ? Astérix.
Qu’est-ce que vous détestez par-dessus tout ? Le manque de tolérance et de respect.
Quel est le don que vous auriez aimé avoir ? Voler.
Comment aimeriez-vous mourir ? Je ne me suis jamais posé cette question.
Quelle est la faute, chez les autres, qui vous inspire le plus d’indulgence ? J’ai toujours de la sympathie pour ceux qui osent, même quand cela ne marche pas. On grandit grâce à ses échecs.
Avez-vous une devise ou une phrase qui vous inspire ? Carpe diem.
Ses dates importantes
- 06/05/1978 : naissance à Pau
- 01/04/2000 : jour de la qualification pour les Jeux de Sydney 2000, Tony remporte le seul ticket en éliminant son frère Patrice
- 31/07/2012 : 3e médaille d’or de Tony à Londres 2012, remportée avec son frère Patrice comme entraîneur
- 13/09/2017 : victoire de la candidature de Paris 2024 à la session du CIO à Lima, aboutissement de deux ans de candidature très intenses, fierté et honneur mais aussi moment où « le plus dur commence »
- 26/07/2024 : cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024