Il y a ceux qui pleurent, ceux qui rient. Ceux qui, parfois, font les deux, aussi. Il y a ceux qui sont conquis, et il y a les autres, que l’expérience a laissés interdits. À la sortie de la projection de L’Homme qui rétrécit , organisée en avant-première lors du Festival européen du film fantastique de Strasbourg, les partis pris de Jan Kounen ( Dobermann , BlueBerry , 99 francs …) font débat, créent de la vie. Et c’est très bien ainsi.

Dans aucune case

Le long-métrage du cinéaste ne laisse pas le public strasbourgeois indifférent. Peut-être parce qu’il n’entre dans aucune case. Film d’aventure, comme le classique de Jack Arnold sorti en 1957 ? Pas réellement. Comédie portée par le jeu de son acteur principal, Jean Dujardin ? Pas davantage, assurément. Interrogé à l’occasion de sa venue dans la capitale alsacienne, Jan Kounen tente, doucement. « Moi, je définis ce film comme un drame parce que c’est un drame pour le personnage. Et parce que Jean a joué son rôle comme un drame. » Mais le réalisateur n’impose pas non plus, pas vraiment. Il concède : « J’ai mis un peu d’humour dans tout ça, mais je ne l’ai pas tellement mis en avant. »

Lui s’amuse surtout de ces hésitations, adore cela, même, parce que c’est l’image d’une fable initiatique qu’il défend, avec ce qu’elle véhicule de surréaliste et d’interloquant. L’histoire d’un homme qui va disparaître aux yeux des siens, de sa famille, des hommes, à force de rapetisser, et qui va devoir repenser tout son rapport au monde face à de nouveaux géants.

« Réduire, c’est la disparition de l’ego »

S’il ne donne rien pour acquis, s’il invite les spectateurs à penser eux-mêmes la morale de cette histoire, L’Homme qui rétrécit serait en tout cas une leçon de vie, une façon de revoir sa place dans l’univers avec davantage de philosophie. De relativiser l’importance de l’homme, aussi, dans le grand cycle de l’existence, dans une nature qui sera encore là longtemps après lui. « Réduire, c’est comme un bad trip , c’est la mort de l’identité, la disparition de l’ego », estime Jan Kounen. Mais c’est également la promesse d’une rédemption née de l’acceptation. « Si on accepte que finalement on n’est rien, on devient tout », continue le réalisateur. Comme une réconciliation ultime avec tout ce dont l’homme s’est coupé à force de civilisation.

Réalisé pour un budget de 18 millions d’euros, L’Homme qui rétrécit veut croire en cette communion retrouvée. Le regard de Jan Kounen, forgé durant des années auprès des chamans péruviens, n’occulte pourtant pas le chemin, tristement autre, pris par l’humanité. « On est dans un vaisseau spatial, on est des passagers qui font la fête, qui saccagent et détruisent tout, et on a oublié qu’on faisait partie du personnel d’entretien. C’est surréaliste d’avoir occulté comme ça notre lien à la nature. Je n’ai aucune inquiétude pour la planète, mais on pourrait faire tellement mieux. On est vraiment des êtres balbutiants au niveau de notre conscience en tant que société. » L’heure de grandir a bien sonné…

L’entretien complet à lire sur dna.fr.

L’Homme qui rétrécit sort sur les écrans strasbourgeois le 22 octobre.