Cette seconde plainte intervient après le classement sans suite par le parquet de Grasse, mardi, de la procédure engagée contre un enseignant accusé du viol de deux enfants. Les familles ont déposé mercredi une plainte conjointe avec constitution de partie civile contre l’enseignant en question.
L’enquête pour viols visant un enseignant d’une école maternelle à Saint-Laurent-du-Var, près de Nice (Alpes-Maritimes) connaît, ces dernières vingt-quatre heures, deux nouvelles actualités : un classement sans suite et, dans la foulée, une nouvelle plainte.
Mercredi 1er octobre, deux familles avaient déposé plainte pour des faits d’abus sexuels présumés concernant leurs enfants, âgés de quatre et trois ans et demi, contre un enseignant de maternelle. Dans la foulée, une enquête judiciaire avait été ouverte et confiée à la police nationale de Cagnes-sur-Mer. Mais dans un communiqué de presse transmis mardi, le procureur de la République de Grasse a annoncé que de l’enquête ne présentait «aucune charge susceptible de laisser soupçonner la réalité des faits qui ont été rapportés à la justice, raison pour laquelle il a été ordonné le classement sans suite de la procédure».
L’enseignant «conteste fermement»
«Les parents des deux enfants ont d’abord été entendus sur les confidences recueillies», détaille le parquet. «Situant les actes dans les toilettes de l’établissement, ils ont rapporté des propos parfois difficilement formulés. Il en a été de même à propos de la parole des enfants pourtant recueillie par des enquêteurs spécialisés dans le cadre du protocole Mélanie (salles d’audition spécialement aménagées, NDLR)». L’enseignant, présumé innocent, «conteste fermement les accusations relayées et ce, dans leur intégralité», avait en parallèle fait savoir son avocat, Me Louis Gadd, à travers un communiqué. Le procureur de la République de Grasse a aussi souligné que le maître d’école «exerce depuis plus de 10 ans sans avoir fait l’objet d’aucun signalement» et que «sa hiérarchie a rapporté des états de service exemplaires».
En conclusion, le parquet mandatait une association d’accompagnement psychologique pour l’enseignant «particulièrement marqué par les accusations dont il a fait l’objet telles que rapportées par voie de presse». Un classement sans suite que les deux familles ont appris par une journaliste, mardi, avec «choc». En conséquence, «les représentants légaux des deux jeunes enfants déposent conjointement une plainte avec constitution de partie civile près le tribunal judiciaire de Grasse», ont fait savoir leurs conseils, Me Audrey Giordan et Me Romain Guerinot.
«Dysfonctionnements» dans l’enquête menée à Grasse
La constitution de partie civile déclenche l’ouverture d’une instruction judiciaire, et donc d’une nouvelle enquête. Les deux avocats dénoncent «de trop nombreux dysfonctionnements» dans celle menée par le commissariat de Cagnes-sur-Mer, où ont été déposées les plaintes. «Les faits allégués par ces enfants de 4 ans sont plus qu’étonnants et pour autant l’un d’eux n’a été entendu que quelques minutes dans la salle Mélanie par une fonctionnaire ayant validé des commentaires sur la présomption d’innocence sur les réseaux sociaux», écrivent-ils. Jointe par téléphone, Me Giordan insiste sur les déclarations des deux garçonnets qui, «même s’ils étaient dotés d’une très grande imagination, disent avoir vu le sexe de leur maître et qu’il l’a mis dans leur bouche. Au-delà de la pénétration buccale, ils évoquent également un doigt dans les fesses», rappelle-t-elle avec calme.
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L’avocate note qu’un des jeunes garçons «n’a été entendu qu’une dizaine de minutes dans la salle Mélanie par les fonctionnaires de police, ressortis en disant “Il ne parle pas, on n’en tirera rien”». «Il conviendra également de faire la lumière sur l’intervention de l’académie bien tardive», assurent les deux avocats, qui mettent en cause le délai entre le dépôt des deux plaintes, le mercredi 1er octobre, et la suspension à titre conservatoire de l’enseignant, le mardi 7 octobre. «Si la présomption d’innocence est un principe fondamental en droit français, il n’en demeure pas moins exact que la parole d’enfants sur des faits aussi graves ne saurait être balayée en quelques instants», concluent les conseils des familles.
La seconde plainte a été expédiée ce mercredi 22 octobre, au parquet de Grasse.