Un habit qui semblait « drôle » à endosser. Le porteur d’un maillot de foot floqué du message « Arracheur 2 kippa » a été condamné ce mercredi à Toulouse pour provocation à la haine raciale à six mois de prison avec sursis, un acte antisémite dénoncé par le parquet et pour lequel le prévenu a présenté des excuses.

« Je trouvais ça drôle jusqu’à ce que je me retrouve ici », a affirmé cet homme de 28 ans, père de deux jeunes enfants, dont le casier judiciaire porte mention de sept condamnations.

« J’ai été nul »

« Je tiens à m’excuser auprès des Juifs, j’ai été nul, je comprends que ça ait été perçu comme de la violence », a-t-il ajouté, qualifiant son geste de « blague de merde ».

L’homme, employé en intérim, avait été aperçu début septembre à la terrasse d’un café très fréquenté du centre-ville de Toulouse avec ce maillot de l’équipe d’Allemagne, floqué du message dans le dos. Un membre de la communauté juive locale l’avait pris en photo.

Salut nazi

Des investigations diligentées par le parquet de Toulouse ont permis de rapidement l’identifier, tout comme de retrouver sur son compte TikTok une vidéo le montrant de dos, avec le même maillot et faisant un salut nazi, au son de la musique du film Rabbi Jacob.

A la barre, l’homme, baskets blanches, pantalon style treillis et coupe-vent à capuche, a expliqué avoir pensé à un tel message du fait de la « culture du buzz sur TikTok », en se défendant d’être antisémite et affirmant compter des Juifs parmi les membres de sa famille.

Conflit au Proche-Orient

« Le tribunal a beaucoup de mal à comprendre, dans le contexte national et international que tout le monde connaît », lui a répondu le magistrat présidant les débats, dans une allusion aux tensions existant en France en lien avec le conflit au Proche-Orient.

La juridiction a intégralement suivi les réquisitions de la procureure de la République Céline Pagès qui, outre une peine de six mois avec sursis probatoire pendant deux ans, avait également demandé que le prévenu soit condamné à 140 heures de travail d’intérêt général et à indemniser les parties civiles.

« Banalité du mal »

Le caractère antisémite du message est établi « sans contestation possible » et il constitue en outre une « apologie de la violence physique », a déclaré Céline Pagès.

Six associations se sont constituées parties civiles dans cette affaire, dont le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Toulouse et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra).

Condamnation à indemniser des associations

Leur avocat, Me Marc Sztulman, a notamment évoqué le concept de « banalité du mal », développé par la philosophe Hannah Arendt dans son livre sur le procès à Jérusalem d’un des architectes de la Solution finale, Adolf Eichmann. « La banalité du mal, on la retrouve à la terrasse d’un café toulousain en 2025 », a-t-il notamment plaidé.

Notre dossier Antisémitisme

Le tribunal a condamné le prévenu à indemniser les associations à hauteur de 1.000 euros chacune et à leur payer individuellement 800 euros au titre des frais de justice.

« Je suis très satisfait de la décision du tribunal », a déclaré à l’AFP Franck Touboul, président du Crif Toulouse, à l’issue du délibéré, jugeant essentiel « que l’Etat de droit puisse rappeler à chaque fois que c’est possible qu’une infraction portant atteinte à l’intégrité morale, physique, religieuse de chaque personne dans l’espace public, doit être sanctionnée ».