Par
Laura Bourven
Publié le
24 avr. 2025 à 6h30
À moins d’un an des élections municipales de 2026, les candidats commencent à se faire connaître à Meaux. Après Jean-François Copé, qui a annoncé briguer un nouveau mandat lors de sa cérémonie des vœux en janvier 2025, c’est autour de La France Insoumise (LFI) de se positionner dans la plus grande commune de Seine-et-Marne.
Si aucune tête de liste n’a encore été officialisée, le parti politique de Jean-Luc Mélenchon a désigné deux chefs de file pour aller à la rencontre des habitants : Gilles Saveret, actuellement conseiller municipal d’opposition, et Amal Bentounsi, ancienne candidate aux élections législatives de 2024. Interview.
La Marne : Pourquoi avez-vous eu envie de vous lancer dans cette campagne pour les élections municipales ?
Gilles Saveret : C’est dans la continuité de ce qu’on avait engagé en 2020, puisqu’on avait fait une liste citoyenne, verte, solidaire et responsable qu’on avait construite avec Europe Écologie Les Verts et la Gauche Républicaine et Socialiste à l’époque. On avait voulu faire la Nupes avant la Nupes. Aujourd’hui, on espère mener une liste citoyenne avec les autres forces du Nouveau Front Populaire, en prenant en compte les leçons du passé pour mieux avancer et gagner en 2026. On a des échanges au niveau départemental avec les autres partis de gauche, pour l’instant c’est toujours en gestation. Le NFP est une construction nationale, là on est dans la continuité de « l’union fait la force et la division fait la faiblesse ».
Amal Bentounsi : On a vu que les législatives ont mobilisé beaucoup de monde et surtout des gens qui n’avaient pas l’habitude de voter. On en est très satisfait.
G.S : On est dans une situation ascendante depuis 2019, puisqu’aux Européennes, on avait déjà fait de bons résultats au niveau national. 2020 était une élection très particulière et il y a eu beaucoup d’abstention à Meaux. On espère mobiliser les électeurs. L’idée est de parler à ces gens-là, que les dégoûtés de la politique par les dégoûtants de la politique comprennent qu’il y a aussi des gens avec des convictions et des valeurs avec un programme partagé avec les citoyens.
A.B : On a fait un très beau chiffre aux législatives, ce n’est pas anodin. Les gens ont envie de changement, d’aller vers autre chose par rapport à ce qui a été proposé ces dernières années. On va se mettre au travail très rapidement. On le fait déjà, mais plus intensivement quand on aura la tête de liste.
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Vous êtes chefs de file et il n’y a pas encore de tête de liste, qu’est-ce que ça signifie ?
G.S : A La France Insoumise, on est dans un processus démocratique. Il y a eu des réunions pour valider les co-chefs de file, et ensuite, il y aura les processus de désignation de manière démocratique des candidatures des chefs de file, qui tiendront lieu des résultats des négociations des partenaires du NFP. Moi, je suis un militant de longue date, je suis plutôt là pour apporter mon expérience de mon mandat de conseiller municipal et communautaire, mes connaissances. On va aller à la rencontre des habitants, voir s’ils sont satisfaits en matière de sécurité, de culture, de loisirs, de vie sociale, de logement, de mobilité, de commerces… Comme lors de la dernière campagne, on avait été à la rencontre des habitants et on avait réuni des gens sensibles à nos propositions pour faire des ateliers pour construire notre campagne. On est dans la même logique.
A.B : Et on veut aller à la rencontre de ceux qui cette année, pour la première fois, ont voté. Leur proposer notre programme et écouter ce qu’ils ont à nous dire pour voir comment on peut avancer ensemble.
G.V : Ce qu’on porte au niveau national dans un programme de rupture, on veut aussi le porter au niveau local et l’adapter aux réalités concrètes des habitants de Meaux.
Vous parlez d’un programme de rupture… que contient-il dans les grandes lignes ?
G.V : On a déjà une boîte à outils pour construire notre programme. Cette base est divisée en quatre parties : la révolution citoyenne pour partager le pouvoir avec les citoyens et leur permettre d’intervenir, abolir les privilèges et la corruption, ouvrir la planification écologique, développer les services publics de transport. En matière de mobilité, il y a plein de choses à faire ici.
A.B : C’est de ça que se plaignent les jeunes : la suppression des trains à partir d’une certaine heure, des quartiers qui ne sont pas desservis en bus… C’est problématique. Ils se sentent abandonné. De manière générale, la jeunesse, pour ma part, c’est une priorité.
G.S : Il faut savoir que 40 % de la population a moins de 29 ans et 60 % a moins de 44 ans à Meaux. C’est un public qui vote peu, il est dégoûté.
A.B : Le social est aussi important. Beaucoup de jeunes sont investis dans des associations et, les retours que j’ai, c’est qu’ils n’ont pas la possibilité de faire des choses concrètes. Ce qui est certains, c’est qu’ils ont du mal à briller par leurs activités associatives et ils ont besoin d’aide dans ce sens et on sera là pour les accompagner et les aider. […] Le tissu social est quasiment inexistant, je le vois par rapport aux années où j’ai grandi ici. On peut organiser les choses pour qu’une solidarité soit portée par la ville, les habitants et pas seulement les associations.
G.S : On veut aussi répondre à des problématiques locales. Meaux est une ville qui s’est encore appauvrie. Ça passe par des budgets qui répondent aux besoins de la population.
A.B : Il y a aussi la question du logement, l’augmentation du loyer, des habitations qui vieillissent très mal. Certains le vivent très mal.
Ces questions ne sont pas du ressort de la mairie, comment comptez-vous agir ?
G.S : On espère faire bouger les choses à l’échelle nationale. L’idée, en étant à la mairie, est d’être un porte-voix et de faire remonter les problématiques. Lors de la précédente campagne, j’avais mis en avant la rénovation bâtimentaire. Même si ça dépasse le cadre de Meaux, c’est un sujet extrêmement important pour améliorer la qualité de vie des habitants et on a un résultat écologique.
Et puis, il y a aussi le projet de l’écoquartier Saint-Lazare. Nous, on en fera un vrai écoquartier. Il y a eu celui de Foch, on a vu du béton à tour de bras.
Bien sûr, on veut aussi agir sur la politique de service, on regardera la tarification, on fera un état des lieux.
A.B : On voit que dans des communes plus petites que Meaux, on a la cantine à 1 € pour tous. Certaines personnes me disent qu’elles ne peuvent pas aller travailler pour ne pas payer la cantine ou le périscolaire qui reviendrait à un budget d’environ 300 €. Ça, il faudrait regarder.
Sur la question écologique, c’est bien de sensibiliser, mais il faut le faire autrement. Bien sûr qu’il faut passer par une volonté politique ferme. C’est bien beau de mettre des containers que personne ne respecte. Je pense à un système de poubelles où on viendrait peser les restes alimentaires, et en contrepartie, on bénéficierait d’un bon chez les commerçants. Ça aurait un impact sur la santé et le commerce local. Il y a plein de choses à faire !
Comment abordez-vous la campagne qui arrive alors que des tensions sont déjà présentes avec la majorité en place ?
G.S : Lors des conseils municipaux, je ne m’énerve pas, j’essaye d’argumenter et de porter des critiques et des remarques. Moi je ne déteste personne, je ne suis pas dans la haine contrairement à ce que dit Jean-François Copé, c’est son truc mais pas le mien. Je suis pour l’échange de critiques. La liberté, c’est la capacité à avoir des opinions différentes.
A.M : C’est surtout respecter la démocratie. Aujourd’hui à Meaux, j’ai le sentiment qu’on est dans une forme de dictature. À partir du moment où on est opposant, on est vu comme des ennemis. Je n’ai rien contre lui, il a ses idées, je les respecte et on veut éviter les coups bas.
G.S : On a chacun ses opinions, on espère que ça se passera à la loyale. Quel que soit le ton de la campagne, nous sommes déterminés à faire valoir nos idées, nos points de vue et nos droits.
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