Pour la neuvième année consécutive, l’Afges a mis en œuvre en cette rentrée son Dispositif de logement provisoire (DPL), dédié à l’accompagnement et l’hébergement « d’urgence et de dernier recours » d’étudiants sans solution. À l’heure d’en dresser le bilan, c’est le constat d’une précarité étudiante en augmentation qui s’impose une nouvelle fois et conduit les bénévoles à formuler des recommandations.

En hausse de 20 euros mensuels par rapport à l’année dernière, le loyer moyen des étudiants dans la capitale alsacienne s’élève à 580 euros, contre 430 euros de budget moyen chez les 325 personnes ayant cette année fait appel au DPL. Le calcul est rapide : « On ne peut plus se loger décemment », alerte Clara François, première vice-présidente de l’Afges. Autre symptôme de la précarisation du public étudiant : 250 bénéficiaires des épiceries solidaires Agoraé ont été enregistrés en octobre, soit deux fois plus que l’année dernière à la même époque.

« On a été saturés de demandes »

Avec 50 000 euros de budget dédié cette année au DPL (avec le soutien du Crous, de l’Eurométropole de Strasbourg, de l’Université et de sa fondation), l’Afges a pu financer l’hébergement de 73 étudiants à l’auberge de jeunesse HI des Deux-Rives entre le 1er  septembre et le 5 octobre, pour une durée moyenne de treize nuitées. Des étudiants âgés de 18 à 33 ans, en immense majorité extracommunautaires, objets de frais d’inscription différenciés et non éligibles aux aides du Crous. Sans le DPL, les trois quarts d’entre eux auraient dormi dans la rue ou leur voiture.

« On a été saturés de demandes », livre la présidente Caroline Knab qui estime à plus de 200 000 euros le niveau de financement idéal compte tenu du niveau de sollicitations. Les dons et legs sont d’ailleurs les bienvenus, glissent les bénévoles qui se mobilisent pour penser les conditions d’un meilleur accès au logement. Première suggestion adressée aux candidats à la mairie : encadrer les loyers dans les zones tendues pour les studios et T1. L’Afges recommande également le contrôle de la prolifération des Airbnb qui sont autant d’appartements qui « permettraient à des étudiants de se loger », le développement de logements partagés et intergénérationnels, la priorisation des jeunes dans l’attribution de logements sociaux ou la mise en place de logements d’urgence. Alors que de plus en plus d’étudiants vivent en périphérie faute de pouvoir se loger au centre de Strasbourg, la gratuité des transports en commun est également réclamée. Ou « a minima une réduction étudiante ». Autant de propositions qui interviennent alors que le projet de loi de finances risque, lui aussi, de peser sur les aides – APL en tête – consacrées aux étudiants.