Par

Augustin Delaporte

Publié le

23 oct. 2025 à 6h06

La grogne monte au sein de l’immeuble Mouchotte, à Paris (14e). Dans le prolongement de la forêt urbaine de la place de Catalogne, la capitale a entamé courant 2025 le réaménagement de la rue du Commandant-René Mouchotte, l’artère reliant les bâtiments de Ricardo Bofill à l’avenue du Maine et à la gare Montparnasse. Un projet de végétalisation qui a, notamment, entraîné la réduction de moitié du nombre de voies. Dans un contexte post-Covid marqué par la hausse de fréquentation de la gare et celle de l’hôtel Pullman, l’axe routier est désormais constamment engorgé.
Victimes collatérales de ce choix politique, les résidents des immeubles bordant la rue disent aujourd’hui subir « jour et nuit » les Klaxons des automobilistes frustrés, au point de voir « leur santé mentale être atteinte ». Une situation que ces riverains espèrent voir évoluer, en faisant front commun.

« Les arbres, c’est génial, mais pas au prix de la santé mentale des gens »

Sur la boucle WhatsApp des habitants de l’immeuble Maine-Montparnasse II, rebaptisé Mouchotte, les messages pleuvent. « Même avec les fenêtres fermées, le bruit est intenable. De jour comme de nuit », râle un trentenaire qui habite le quartier depuis la fin des années 80. En face du bâtiment commandé à Jean Dubuisson et livré dans les années 60, restant aujourd’hui le plus grand immeuble d’habitation de Paris avec environ 2 500 résidents, les bus des voyagistes s’accumulent devant l’entrée du Pullman.

Le dimanche, à 23h30, un type pète les plombs au volant de son camion et klaxonne comme un fou.

Un des nombreux messages de la conversation privée des habitants du Mouchotte

« Chaque fois, les gens mettent quinze minutes à descendre. Pendant ce temps, les taxis et autres conducteurs s’impatientent… J’ai toujours vécu à Paris, j’aime le bruit, mais dans ces proportions c’est invivable », désespère un autre. Un voisin s’interroge : « Nous n’avons rien contre la végétalisation, c’est même un excellent projet. Mais ont-ils (les élus) bien choisi le secteur ? »

Devant l’ampleur de la situation, certains peinent même à se projeter : « J’ai acheté il y a des années et je suis sur le point de fonder une famille. Mais en l’état, je m’inquiète de la qualité de vie que je peux offrir à des enfants… Les arbres, c’est génial. Pas au prix de la santé mentale des gens. Nous ne dormons plus… »

Bientôt des radars sonores dans le quartier ?

Récemment, le sujet a passé le cap de la discussion d’ascenseur ou de couloir. Une pétition a été lancée en ligne. Elle avait récolté 340 signatures le 22 octobre 2025. « Notre but n’est pas simplement de critiquer, mais de proposer des solutions concrètes », nous a confié son rédacteur.

Le document propose, en effet, d’installer des panneaux informant les automobilistes « des peines encourues en cas de Klaxon abusif ou de comportement sonore excessif » à deux endroits stratégiques : devant la bibliothèque Benoît Groult (zone de forte congestion) et au passage piéton du 8 rue du Commandant-René Mouchotte.

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Mais aussi d’installer et de tester des radars sonores (fixes ou mobiles), comme c’est déjà le cas dans certains arrondissements de la capitale. « Nous sommes ouverts à d’autres propositions, comme le réaménagement immédiat de la chaussée et des espaces de stationnement », poursuit le lanceur de la pétition. Celui-ci a d’ailleurs reçu le soutien des riverains des immeubles du trottoir d’en face. « Nous sommes aussi très embêtés par ces nuisances, votre pétition tourne dans toute la rue », lui ont-ils écrit.

La mairie écologiste jugée « déconnectée »

Le conseil syndical a, de son côté, eu une réunion avec la maire d’arrondissement Carine Petit (Les Écologistes). Sans résultat probant. « Il y a une forme de déconnexion. Elle comparait la situation avec ce qu’il se passe rue Vercingétorix, en expliquant que la police n’arrêtait pas de verbaliser les chauffeurs de bus mais que, eux, s’en fichent parce que c’est la compagnie qui paye. Elle a également renvoyé la balle sur le Pullman, en disant que l’hôtel ne gère pas bien ses flux, quand Les Ateliers Gaîté le font très bien. Pourtant, il est évident que la situation n’a rien à voir avec rue Vercingétorix et que les flux du Pullman ne sont pas comparables à ceux des Ateliers Gaîté pour tout un tas de raisons… », a restitué une source à actu Paris.

Des courriers ont également été envoyés individuellement à la mairie. Voici le contenu d’une des réponses de la municipalité :

Pour ce qui est des nuisances sonores liées aux Klaxons, principalement provoquées par le stationnement en double file devant l’hôtel Pullman, nous sommes pleinement conscients du problème. Une réunion a été tenue avec les équipes de la police municipale afin de mieux coordonner les actions de verbalisations, notamment à l’encontre des véhicules personnels stationnant sur les places réservées aux autocars. Nous espérons ainsi réduire ces incivilités et améliorer la fluidité de la circulation. Nous sommes confiants que ces mesures porteront leurs fruits rapidement

Du « je-m’en-foutisme » pour certains habitants. Et une manière d’éviter le vrai problème. Une nouvelle réunion doit prochainement se tenir en présence des différents acteurs. Avec, en première ligne, les riverains, qui ont cette fois la ferme intention de faire entendre leurs voix.

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