La première de couverture de Mulhouse Mülhausen Mìlhüsa Guide illustré d’architecture est sobre. Le singulier bâtiment annulaire de l’avenue Auguste-Wicky se détache, dessiné en rouge sur un fond gris, les détails de la volumétrie étant à découvrir à l’intérieur, en page 53.
Les auteurs Araceli Calero et Pablo Martín, également co-éditeurs avec Médiapop Éditions, ont placé cette « réalisation phare de la reconstruction », entre le titre et leur signature. Tout comme ils ont voulu un petit format (12 x 18cm), sinon de poche au moins de sac à dos, pour arpenter la ville, comparer le dessin avec le bâti réel, et comprendre son histoire par un texte court.
Une cinquantaine de dessins
Le guide propose six balades identifiées par une lettre, précédées par une carte. Une cinquantaine de bâtiments sont illustrés, emblématiques ou banals, et pas forcément d’aujourd’hui, accompagnés d’une échelle graphique. Un catalogue de plus de 300 œuvres est donné en fin de livre.
« On a eu l’opportunité de vivre ici et nous avons été surpris que cette ville reste inconnue, y compris des Strasbourgeois, relève Araceli Calero. On a dû quitter ensuite Mulhouse mais on a continué de fabriquer ce projet par étapes. Il fallait trouver du temps pour dessiner et tester la réaction du public. »
Elle livre avec son partenaire Pablo Martín, « la spécificité d’une image urbaine complexe, saisie par un regard étranger sur cette ville frontalière ».
Le travail est graphique, tout en volumes et en élévations. Il a été réalisé sur un logiciel de cabinet d’architecte, à partir de photos anciennes, de cartes, de documents et de plans. Les fenêtres, les menuiseries ou les murs n’ont pas la même épaisseur de trait. « Il a fallu beaucoup de recherche, on a testé beaucoup, on a imprimé beaucoup… »
La façade de l’hôtel de ville (1552-1553) « fait partie de l’imaginaire populaire ». L’église Saint-Etienne (1858-1859) se dévoile en perspective axonométrique, avec une image en relief. Des vues inédites sont données sur l’ensemble Porte de Bâle – douze immeubles – qui « réorganise une zone dévastée par les bombardements de 1944 ».
Comprendre la Cité ouvrière
Le bâtiment de la Filature (de Claude Vasconi, 1988-1993), représenté en coupe, a été « le dessin le plus complexe » à réaliser. Le zoo et son lion, la tour du Belvédère (1895-1898)… les architectes ont représenté ce qui faisait leur quotidien. Y compris la villa néomauresque (d’Edmond F. Guyot, 1901) : « Quand l’Andalousie nous manquait, elle pouvait calmer la nostalgie. » Rue de Strasbourg et environs, « la Cité ouvrière est une ville dans la ville mais tellement transformée que l’on n’arrive pas à la comprendre ».
Les auteurs du guide se sont entourés d’un comité scientifique, pour un point de vue historique et patrimonial : Paul Béranger, David Bourgeois, Caroline Delaine, Joël Eisenegger, Bernard Jacqué, Pierre Vidal et Marie-Claire Vitoux. D’autres architectes ou historiens se sont impliqués, Pierre Fluck, Pierre Lynde, Michel Charbonnier, Jean-Marc Panigot, Nicolas Dagon, Josiane Trible…
Mulhouse Mülhausen Mìlhüsa Guide illustré d’architecture, d’Araceli Calero et Pablo Martín, Médiapop Éditions et vaga.estudio (22 €), en vente en librairie à compter du vendredi 24 octobre.