La bataille est de toute évidence loin d’être terminée. Pour mémoire, depuis l’abandon en 2005 par Hubert Falco du projet tramway, qu’il avait pourtant fait voter à l’unanimité par la Métropole, on s’écharpe à n’en plus finir dans le Port du Levant.

Une véritable guerre du rail oppose les défenseurs de ce mode de transport rapide, écologique et performant à une droite locale devenue frileuse, craignant que les nuisances liées aux travaux ne sclérosent la circulation automobile et ne mettent en péril l’économie déjà précaire du centre-ville. Elle préfère donc le BHNS, moins gourmand en infrastructures, mais aussi bien moins performant.

Vingt ans de procédure plus tard, tout le monde reste figé dans son couloir. La bataille des municipales relance le dossier. D’autant que les conclusions de l’enquête d’utilité publique, tout en donnant son feu vert au BHNS, en soulignent les limites.

Pour le Collectif tramway, c’est donc « le choix de la médiocrité » qui a été retenu.

Le rapport de la commission d’enquête a en effet clairement « émis des doutes sur la viabilité du projet en termes stratégique, de validation du concept et du choix du mode ». Il ajoute que « la capacité d’emport du BHNS et l’ampleur de la restructuration du réseau de bus paraissent limitées, avec une faible capacité d’évolution dans le temps, au regard des besoins futurs liés au dynamisme économique et démographique de MTPM ».

« C’est exactement ce que nous exprimons depuis de nombreuses années », enrage le président du collectif, Maurice Franceschi. Des remarques, poursuit-il, auxquelles s’ajoutent, « six réserves dans lesquelles la commission indique que le projet n’est pas à la hauteur des besoins futurs ».

Parmi les points problématiques mis en avant : le BHNS sera, sur au moins 30% de son parcours, soumis au flux de la circulation automobile, notamment à Saint-Jean-du-Var, un quartier particulièrement embouteillé aux heures de pointe, mais aussi à la Coupiane. Ce qui aura nécessairement un impact négatif sur la vitesse commerciale et la régularité du service.

à cela s’ajoute la mise en circulation qui n’est pas programmée avant 2038, soit encore 13 ans d’attente, « alors que les autres métropoles réalisent leurs lignes de Bhns en 3 ans en moyenne ». Un véritable gâchis pour Maurice Franceschi, alors que les travaux déjà réalisés pour le tramway, d’un montant de 180 millions d’euros, ont permis de faire l’acquisition d’une grande partie du site propre et de réaliser plusieurs ouvrages d’art.

Un autre point reste non élucidé : le franchissement du port de La Seyne où, pour l’instant, « il n’y a pas encore de solution technique définie et évaluée financièrement ».

Pour le collectif, cette déclaration d’utilité publique est donc faite par dépit, « pour éviter une dégradation du service public des transports en l’absence d’un autre projet ».

Le Collectif tramway déplore donc que la solution retenue permette uniquement de compenser l’augmentation de la population, avec pour conséquence une stagnation du niveau d’utilisation des transports en commun à moins de 10%, alors que les autres métropoles en sont à plus de 20%.

Pas question, donc, de se contenter d’un tel dénouement. « Nous avons besoin d’un tramway qui permettrait de transporter deux fois plus de passagers par rame, avec une ponctualité d’un site propre à 100% et une attractivité de 50% supérieure », souligne Maurice Franceschi.

Des recours contre ce projet, « qui n’est qu’un gaspillage de l’argent public pour un résultat qui n’est pas à la hauteur des besoins », vont donc être entamés.

Avec un appel lancé à toutes les listes, pour les prochaines élections municipales, à rectifier ce choix en revenant à la solution tramway qui bénéficie, elle, d’une déclaration d’utilité publique depuis 2005.