Par

Glenn Gillet

Publié le

23 oct. 2025 à 12h28

Rachida Dati l’a mauvaise. La ministre de la Culture, qui doit déjà gérer les conséquences du vol de 88 millions d’euros de bijoux au musée du Louvre, doit faire à un retournement de situation dans son projet de conquête de la mairie de Paris lors des élections municipales au printemps prochain. Investie par Les Républicains en septembre, la maire du 7e arrondissement travaille depuis des mois pour faire en sorte les macronistes se rangent à leur tour derrière elle. Mais depuis plusieurs jours, le vent semble avoir tourné : à en croire la presse politique la mieux renseignée, le parti Renaissance a tourné le dos à l’option Rachida Dati et envisage sérieusement de soutenir Pierre-Yves Bournazel, élu dans le 18e arrondissement et candidat pour Horizons, la formation d’Édouard Philippe. Une décision qui diviserait de fait les électeurs de droite et du centre.

« Ceux qui seraient tentés par la division devront l’assumer devant les Parisiens »

Rachida Dati a pour la première fois pris la parole au sujet de ce revirement dans un entretien publié par Le Parisien mercredi 23 octobre. Et elle met en garde les macronistes face à un potentiel départ en ordre dispersé au premier tour, le 15 mars prochain : « Alors que l’alternance est à portée de mains, ceux qui seraient tentés par la division devront l’assumer devant les Parisiens ».

Elle dit toutefois refuser de se retrouver limitée par la question des alliances entre en : « Je n’attends pas, j’avance. Mon énergie est consacrée aux Parisiens. Aujourd’hui, je rassemble des élus de tous les bords, des Parisiens de tous les arrondissements, de tous les milieux. Je suis tous les jours sur le terrain. […] Je suis prête et je sais exactement ce que je veux faire tout de suite : Paris sera propre, les parisiens seront en sécurité, pour réveiller Paris qui s’étiole et qui s’éteint. Je suis déterminée à changer Paris ».

Cela faisait des mois que certains cadres de Renaissance comme Clément Beaune ou encore Franck Riester freinent des quatre fers pour empêcher que leur parti n’adoube Rachida Dati. Malgré une participation à plusieurs gouvernements sous Emmanuel Macron, elle reste considérée comme affidée aux Républicains (dont elle vient d’ailleurs d’être exclue pour avoir participé au gouvernement de Sébastien Lecornu contre l’avis du parti), trop conservatrice, caractérielle et surtout empêtrée dans plusieurs affaires.

Dans l’affaire dite « Renault-Nissan », la candidate sera jugée en septembre 2026 pour « corruption ». Le risque pour ses ambitions politiques : une condamnation à une peine d’inéligibilité six mois seulement après l’élection municipale. Il apparaît compliqué pour Renaissance de soutenir une candidate qui pourrait avoir à rendre son siège de maire juste après avoir été élue.

Une gauche elle aussi divisée au premier tour ?

De leur côté, la ministre et son camp veulent capitaliser sur le sentiment de rejet vis-à-vis d’Anne Hidalgo, qui a décidé de ne pas se représenter, et de la gauche au pouvoir depuis bientôt 24 ans dans la capitale. Mais cela suffira-t-il, s’ils doivent composer avec une autre candidature désireuse de glaner des voix de droite ? En 2020, la candidate LR était arrivée 2e devant l’ex-ministre macroniste Agnès Buzyn, désignée en catastrophe pour remplacer Benjamin Griveaux, lui-même déstabilisé par la diffusion de plusieurs vidéos intimes envoyées à sa maîtresse.

Attention toutefois car la gauche elle aussi pourrait se présenter divisée face aux électeurs. Le Parti socialiste a investi Emmanuel Grégoire, député et ancien premier adjoint d’Anne Hidalgo. Du côté des Écologistes, c’est David Belliard qui est sort vainqueur de la primaire du parti. Le Parti communiste repart lui avec Ian Brossat, sénateur et ancien adjoint au Logement d’Anne Hidalgo. Et Sophia Chikirou est pressentie pour prendre la tête d’une liste insoumise. S’ils ne s’organisent pas avant le scrutin, les ralliements pourront toujours intervenir dans l’entre-deux-tours, comme lors des derniers scrutins où les écolos avaient intégré une liste d’union avec les socialistes. Mais ces rapprochements ne sont pas toujours synonymes de report total des voix et pourraient pénaliser l’élan de la gauche.

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