D’ici la fin de l’année, un nouveau poste de police municipale ouvrira sur la rive gauche de Rouen (Seine-Maritime), rue Saint-Sever plus précisément. Six agents seront recrutés à cette occasion, portant à 72 le nombre de policiers municipaux dans la commune, ce qui représentera une augmentation de 33 % des effectifs depuis le début du mandat de l’actuel maire de Rouen, le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol. « Avec la création de la brigade de nuit (depuis avril 2023, NDLR), c’est un investissement important pour la ville afin de renforcer la sécurité du quotidien qui était une promesse de campagne », insiste Kader Chekhemani, l’adjoint (PS) à la tranquillité publique.
L’ouverture de ce poste de police, qui remplace un ancien salon de coiffure, marque selon lui la volonté de la municipalité de répondre aux attentes des habitants et des commerçants d’un secteur sensible, avec notamment des horaires d’ouverture allant jusqu’à 19 heures, y compris le samedi. En prime, un officier de police judiciaire sera présent régulièrement, et pourra recueillir les plaintes de la population.
L’élu pointe également le fait que la ville continue d’investir en matière de vidéoprotection, avec une augmentation de 200 % depuis 2020 du nombre de mats – 125 au total – où sont installés les caméras sur le territoire de la commune.
« Quand on part de 40, c’est plutôt facile de jouer sur les chiffres », tacle Marine Caron, conseillère municipale (Horizons) d’opposition et candidate à la mairie de Rouen. Pour elle, le compte n’y est pas : « Pendant les premières années de son mandat, Nicolas Mayer-Rossignol n’a pas pris au sérieux cette question de la sécurité du quotidien et le retard qui a été pris est encore trop important en matière de moyens. » Elle en veut pour preuve la mauvaise position de Rouen en matière de délinquance dans le classement publié par « Le Parisien » – « Aujourd’hui en France » en début d’année, qui la place parmi les métropoles les plus dangereuses de France.
Des chiffres que Kader Chekhemani souhaite relativiser : « L’insécurité, comme dans d’autres villes, est un phénomène qu’il ne faut pas nier. Mais la réalité, c’est qu’avec une ville-centre d’un peu plus de 100 000 habitants dans une métropole de plus de 500 000 habitants, la concentration des faits délictueux est mathématiquement plus important dans le cœur de l’agglomération. »
Une centaine de policiers municipaux manquent encore
Pour l’élu socialiste, les efforts de sa collectivité ne porteront leur fruit qu’avec une hausse significative du nombre de policiers nationaux. « Il en manque une centaine sur le secteur de Rouen, des chiffres qui proviennent du ministère de l’Intérieur lui-même », argue-t-il.
Un constat partagé par Marine Caron, mais qui, selon elle, n’explique pas tout. Elle souhaite ainsi porter les effectifs globaux de la police municipale à une centaine d’agents, les armer et multiplier par quatre sur le mandat le nombre de caméras de vidéosurveillance « pour arriver à un taux d’équipement comparable à des villes de la même taille ». Un effort financier qu’elle estime à 2,5 millions d’euros par an.
Une guerre des chiffres qui prouve surtout que la sécurité sera, à Rouen comme ailleurs, l’une des thématiques de campagne privilégiée par l’ensemble des candidats aux élections municipales de 2026. À raison : selon une enquête de l’AMF et du Cevipof publiée en juillet dernier, 43 % des Français la placent parmi les trois enjeux que leur futur maire devra adresser en priorité.