Par

Jessie Leclerc

Publié le

23 oct. 2025 à 12h21

Ouvert depuis mai 2021, le XXI, à Rouen, a un p’tit truc en plus. Porté par l’association Trisomie 21 qui en est le principal actionnaire, le restaurant est majoritairement tenu par des jeunes en situation de handicap mental ou cognitif. Sur une équipe d’une quinzaine de personnes, onze sont porteurs de trisomie 21 ou de déficiences intellectuelles. Trois encadrants les accompagnent au quotidien, en salle comme en cuisine.

Mais cette belle histoire pourrait bien s’arrêter. Cet ovni de la rue aux Ours fait face à des difficultés financières importantes. Le restaurant a besoin d’une impulsion pour rebondir. Il compte sur la générosité des Rouennais.

Les finances au rouge

Après les fermetures répétitives liées à la crise sanitaire, la pérennité du restaurant demeure fragile. Et l’été n’a rien arrangé. Malgré un accueil chaleureux, les clients ne viennent plus. « On nous a un peu oubliés », s’inquiète Hélène, 46 ans, qui suit l’aventure du XXI depuis ses débuts.

Selon l’équipe, le manque de visibilité explique, en partie, cette fréquentation insuffisante, dans un contexte globalement étendu pour la restauration.

Dans la salle du restaurant, des photographies aux murs illustrent le sérieux des employés en situation de handicap.
Dans la salle du restaurant, des photographies aux murs illustrent le sérieux des employés en situation de handicap. (©JL/76actu)

« Au départ, ça marchait beaucoup, mais nous n’étions ouverts que le midi, donc ce n’était pas assez rentable », se remémore la cheffe de salle. « Depuis, on ouvre trois soirs par semaine, mais il y a moins de clients. On ne communique peut-être pas assez. »

Aujourd’hui, la trésorerie est sèche. Elle accuse un déficit de 20 000 euros. Alors pour remonter la pente, la direction lance un appel à l’aide. Elle invite ses clients et les simples curieux à venir manger et a lancé une cagnotte en ligne.

Bonne nouvelle : les clients répondent présents

Et ça marche. Depuis l’appel lancé sur les réseaux sociaux, les réservations affluent. Le restaurant affiche souvent complet. « Là on est complet jusqu’à la fin de semaine », expliquait Hélène lors de notre rencontre le mercredi 22 septembre. Sur place, en l’espace d’un quart d’heure, plusieurs clients tentent d’obtenir une réservation. « Ça crève le cœur de les refuser, mais on ne peut pas pousser les murs », témoigne la cheffe de salle.

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Gautier, 25 ans, est heureux de travailler au XXI.
Gautier, 25 ans, est heureux de travailler au XXI. (©JL/76actu)

Du côté des salariés aussi l’engagement est palpable. Gautier, 25 ans, travaille au XXI depuis son ouverture. Il avait 18 ans à l’époque et garde le même enthousiasme aujourd’hui. « Je suis très à l’aise ici et j’adore travailler », se réjouit le serveur.

Ce qui me rend le plus heureux, c’est de satisfaire les clients.

Gautier Hauguel
Serveur au restaurant le XXI.

Depuis plus de quatre ans, son quotidien n’a pas changé : « On arrive à 10h00 et on prépare la salle, on fait les mises en places et on s’occupe des boissons et des amuse-bouches. Quand les clients arrivent on les sert. » Des responsabilités dont il est fier. « J’ai attendu ça depuis mon enfance, j’ai toujours aimé la restauration, exprime-t-il, tout sourire. C’est ma passion, comme ma musique qui me guide. »

Gautier est heureux de voir que l’appel à l’aide attire du monde : « Je suis ému. »

Caroline se réjouit des dons et des réservations des clients pour leur venir en aide.
Caroline se réjouit des dons et des réservations des clients pour leur venir en aide. (©JL/76actu)

En cuisine, Caroline, pâtissière de 31 ans, partage le même attachement à cet environnement devenu pour beaucoup une seconde famille. « Je suis contente qu’il y ait du monde, car en juillet août c’était un peu vide. Moi j’aime être ici. »

Déjà 9 000 euros ont été récoltés avec la cagnotte.

Qu’un pansement ?

Mais il ne faudrait pas que ce bel engouement s’essouffle. Hélène insiste sur la nécessite d’une dynamique durable, afin d’éviter un simple élan ponctuel. « Forcément on pense à cette éventualité. On va communiquer et installer un logiciel pour relancer les clients déjà enregistrés », détaille-t-elle.

Un lieu pourtant essentiel pour ceux qui le font vivre

Tout comme un restaurant ordinaire, le XXI propose une carte variée, évolutive en fonction des saisons. Ici, la cuisine traditionnelle française est à l’honneur. « On a toujours trois entrées, quatre plats et trois desserts et ça change toutes les trois semaines », explique Hélène. L’objectif est de permettre aux salariés de travailler à leur rythme, tout en assurant un service de qualité. Et pour Hélène, « tout ça ne doit pas s’arrêter ».

« Nous, si ça ferme, on va rebondir, mais les gamins ça va être très compliqué, déplore la cheffe de salle. Maintenant qu’ils ont goûté au monde du travail, il ne faudrait pas leur retirer ça. »

Cette expérience a déjà transformé la vie personnelle de certains. L’un d’entre eux a pu accéder à son propre logement grâce à son salaire.

« On avait fêté sa crémaillère tous ensemble, c’était beau », tient à préciser Hélène. Elle ajoute que tous « ont besoin de venir ici pour se sentir bien. Ils voient du monde et font même des sorties entre collègues ».

Pour soutenir le restaurant, la cagnotte est accessible en cliquant ici. Le XXI, 43 Rue aux Ours à Rouen, 02 76 52 52 57.Suivez l’actualité de Rouen sur notre chaîne WhatsApp et sur notre compte TikTok

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