Chez les personnes âgées, la chute reste la principale cause de la dépendance. On y entre en moyenne à 83 ans. Or la population très âgée augmente, et va même exploser avec la génération des papys boomers, personnes nées à la période des babies boomers.

Pour prévenir la chute, préserver l’autonomie à domicile — chez soi — et de facto, lutter contre la dépendance physique, le pôle gériatrie du CHU de Nantes a lancé le projet de recherche Prévipage. Car la gériatrie, contrairement à ce qu’on pourrait croire, n’est pas axée uniquement sur la maladie. « Elle s’intéresse également à la prévention, à la promotion d’un mode de vie sain et à l’amélioration des conditions de vie des seniors » , souligne Laure de Decker, cheffe du pôle de gériatrie.

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L’idée est d’organiser un dispositif de prévention et de l’évaluer pour les plus de 80 ans. « À cet âge-là, vous avez 30 % de risque de tomber, ce n’est pas rien… » Concrètement, un bilan des fragilités, des soins personnalisés, des conseils — notamment en nutrition, et une activité physique adaptée — 14 séances à domicile — sont proposés à des personnes indépendantes. Elles doivent vivre chez elles, sortir. Ce programme sera comparé à un suivi classique auprès d’un médecin généraliste.

119 octogénaires déjà intégrés à l’étude

Originalité, alors que l’on manque de médecins et de gériatres, le bilan et le suivi sont réalisés par des infirmières de pratiques avancées (IPA). Cette spécialisation est apparue dans les années 2020. L’IPA se situe à un niveau intermédiaire entre le médecin et l’infirmière généraliste.

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Une difficulté est de faire adhérer la population concernée. « À 80 ans, on peut avoir l’impression que la prévention c’est pour les plus jeunes. Mais il n’y a pas d’âge pour la prévention , note Laure de Decker. On a le droit d’avoir une bonne qualité de vie et d’être heureux jusqu’à la fin de sa vie. » Par ailleurs, la dépendance a un coût pour la société et la réduire a beaucoup de sens.

Au total, 400 octogénaires de Loire-Atlantique et de Vendée participent à ce programme. 119 sont déjà intégrés dans l’étude. Le but est ensuite de démocratiser et de généraliser la démarche à la France entière.

La sociologue Séverine Mayol est intégrée à l’étude. Elle s’intéresse à la fois aux personnes âgées et à leurs proches et aux infirmières de pratiques avancées.