Les jeux vidéo proposent souvent aux joueurs de sauver le monde. Mais peuvent-ils contribuer à sauver le nôtre ? Sur le plan écologique, pas sûr. L’entreprise Greenly, spécialiste dans la comptabilité carbone des entreprises, publie ce jeudi une étude sur les émissions du secteur vidéoludique.
L’étude distingue l’impact carbone sous tout un tas d’aspects. Car, aujourd’hui, le jeu vidéo se présente sur des supports variés. Qu’on y joue sur console, PC ou smartphone, en physique ou en dématérialisé, en solo ou en ligne, il n’a pas le même impact. L’un des principaux postes d’émissions de CO2, c’est la fabrication des machines. Déjà parce qu’elle utilise de l’électricité ainsi que des matériaux non renouvelables, comme l’or, le lithium ou le plastique. « Pour une PS5 ou une Xbox, on est à peu près au même niveau qu’un iPhone pour l’empreinte carbone », détaille Alexis Normand, PDG de Greenly. Puis, les consoles consomment de l’énergie pour fonctionner, dont la production entraîne elle-même des émissions de CO2. « La Playstation 4 a conduit à l’émission de 8,9 milliards de kilos de CO2 sur la dernière décennie », illustre par exemple l’étude.
La consommation du jeu en ligne comparable à celle du streaming
Greenly estime également que le jeu vidéo sur PC représente 146kWh de consommation électrique par an, ou 84 kg d’équivalent CO2. Pour comparer, un climatiseur consomme selon l’Ademe environ 304 kWh d’électricité par an en moyenne. « A l’année, avec la pratique de jeu des Français, cela représente un quart de tonne, compare Alexis Normand. Sachant qu’un aller-retour Paris–New York c’est une tonne de CO2 et que la consommation annuelle d’un Français, c’est 11 tonnes. »
Le jeu en ligne représente un autre poste de consommation. Combien « coûte » une heure de Fortnite, par exemple ? « Dans ce cas, l’empreinte carbone est proche de 0,04 à 0,06 kCO2e/h (kilogrammes d’équivalent CO2 par heure) ; c’est comparable à une heure de streaming vidéo », calcule Alexis Normand.
Le jeu mobile représente autant d’émissions carbone que la Grèce
Mais rassurez-vous, si vous êtes un gameur, votre loisir n’est pas le plus énergivore. Il y a pire : cinq kilomètres en voiture pour se rendre en forêt, c’est déjà 1 kCO2e. Selon une étude menée par l’agence Utopies, une journée de ski présente un bilan carbone de 48,9 kCO2e. Et si vous êtes golfeur, c’est encore pire. Le golf de Mérignies (Nord), un des rares à partager un bilan carbone détaillé, évalue son empreinte à 700 tonnes par an.
Enfin, les gameurs ne polluent pas trop… individuellement. De plus en plus pratiqué, le jeu vidéo pèse surtout à l’échelle du monde. « Avec ses 2,9 milliards de joueurs actifs quotidiens, la base de joueurs mobiles atteint les 58 millions tonnes CO2e/an, soit les émissions annuelles de la Grèce », détaille par exemple l’étude. « Les gens ont l’impression que comme c’est du numérique, ce n’est pas carboné, alors qu’il représente 4 % des émissions mondiales, alerte Alexis Normand. Avec l’IA, ça croît de façon exponentielle. La croissance des data centers dépasse celle du financement des nouvelles infrastructures propres. Il y a un risque que les gains de la transition énergétique soit capturé par les usages numériques. » A la limite, pour être sûr de jouer écolo, lancez vos jeux PC avec tous les graphismes au max : comme ça, l’ordinateur vous servira aussi de chauffage.