Soirée de gala organisée par Marseille-Concerts à l’Auditorium du Pharo avec au programme trois concertos de Mozart, joués et dirigés par « trois bébés Barenboim » comme les a définis Olivier Bellamy dans sa présentation du concert. « Vous entendrez ces oeuvres comme le compositeur les voulait à l’époque c’est à dire le pianiste face à l’orchestre», souligna le musicologue qui ajouta pour préciser sa pensée quant aux artistes invités: « Ce sont de grands virtuoses et des débutants quant à la direction d’orchestre, et on peut dire que ces trois concertos proposés sont une levée vers la lumière.»
Destimed Marseille concertRémi Geniet, Gabriel Durliat et Sélim Mazari ont enchanté le public du Pharo avec Mozart….l’enchanteur @Marseille-Concerts
Rémi Geniet dans le Concerto n° 12

S’attaquant pour commencer au « Concerto pour piano n°12 » Rémi Geniet à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Marseille a mis en lumière la clarté et la vivacité de cette œuvre qui dans son « Allegro » fait éclater un esprit lumineux et où l’Andante prend une dimension plus grave. Dès les premières notes, nous sommes saisis par un jeu à la Murray Perahia tout en nuances et autorité. Ayant finalement choisi de privilégier le piano plutôt que l’orchestre (le pianiste semblant plus à l’aise dans la partie clavier), il laisse entendre le Rondo final dans une salve de sons bigarrés de toute beauté. Et c’est émouvant.

Gabriel Durliat dans le Concerto n° 23

Membre de l’Académie Philippe-Jaroussky, pianiste âgé de 24 ans, Gabriel Durliat a enchaîné avec le Concerto n° 23. A la maturité étonnante il a offert une interprétation élégante toute en fraîcheur et intériorité. Belle prestation au demeurant même si l’orchestre a couvert parfois le piano, Gabriel Durliat ne s’imposant pas avec autorité dans la direction. Un moment intense néanmoins, salué par un tonnerre d’applaudissements.

Sélim Mazari dans le Concerto n°27

Jouant le Concerto n°27, le dernier de Mozart achevé quelques mois avant sa mort, Sélim Mazari s’est quant à lui imposé sans discussion aussi bien en tant que chef qu’en tant que pianiste. Ancien élève de Brigitte Engerer unanimement salué pour son disque consacré à Beethoven, poursuivant également des études de direction d’orchestre à Vienne, ce qui enrichit sa vision des concertos mozartiens, il a offert une lecture habitée. Le meilleur des trois dans ce domaine (Geniet et Durliat continuant eux aussi à se former en tant que chefs) Selim Mazari fut bouleversant dans le poignant « Larghetto » méditatif du second mouvement qui frappe par sa puissante simplicité. Sachant faire surgir la poésie du finale d’allure champêtre, (un « Allegro » comme baigné de lumière) Selim Mazari fut l’interprète idéal de cette œuvre complexe. Là encore l’Orchestre de Marseille avec son formidable premier violon, brilla de mille feux.

Une Marche turque avec les trois pianistes

A la fin de ce concert, où nous furent proposés des Concertos de Mozart pas si souvent joués que cela, et qui nous a évité d’entendre les n°9 et n°21, trop souvent jugés incontournables, Rémi Geniet, Gabriel Durliat, et Sélim Mazari se sont retrouvés sur le même piano pour une version à six mains…de la marche turque de ce même Mozart. Une performance, une fête, un régal, et une complicité évidente entre les trois pianistes. Applaudissements nourris pour conclure cette soirée qui comptera parmi les grands moments de Marseille-Concert. Et il y en aura d’autres à n’en pas douter avec par exemple au Palais du Pharo le 15 novembre à 18heures, le récital de la guitariste Gaëlle Solal (elle jouera le même programme le 16 novembre à 11h, au Magic Mirrors d’Istres), artiste qui a fondé l’association Guitar’Elles ayant pour but de favoriser la place des femmes autour de son instrument. A suivre donc!

Jean-Rémi BARLAND