Le président Vladimir Poutine a estimé que ces mesures étaient « sérieuses » mais qu’elles n’auraient pas d' »impact significatif » sur l’économie de son pays.
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Publié le 23/10/2025 22:57
Temps de lecture : 5min

Donald Trump à Washington, le 23 octobre 2025. (JIM WATSON / AFP)
Le ton monte contre la Russie. Les Etats-Unis ont annoncé, mercredi 22 octobre, des sanctions contre deux géants du secteur des hydrocarbures russes, Rosneft et Lukoil, et l’Union européenne a décidé un arrêt total des importations de gaz naturel liquéfié russe d’ici à fin 2026. Voici ce que l’on sait sur ces mesures, leur portée et leurs possibles conséquences économiques et politiques.
Deux groupes stratégiques visés
Les sanctions américaines impliquent un gel de tous les actifs de Rosneft et de Lukoil aux États-Unis ainsi qu’une interdiction faite à toutes les entreprises américaines de faire des affaires avec ces sociétés. Rosneft, dont l’Etat russe est l’actionnaire majoritaire, affirme produire environ 40% du pétrole russe. Pour sa part, Lukoil, une entreprise privée, revendique autour de 15% de la production russe d’or noir. Les deux groupes produisent aussi du gaz.
Ils sont des piliers de la rente des hydrocarbures permettant à la Russie de financer la guerre contre l’Ukraine. Pour cette raison, plusieurs raffineries de Rosneft et de Lukoil ont été endommagées ces derniers mois par des attaques de drones ukrainiens, entraînant d’importantes baisses de production et une hausse du prix de l’essence en Russie.
Les Européens ont également ciblé le secteur pétrolier russe en annonçant mercredi soir un 19e train de sanctions, notamment un arrêt total des importations de GNL russe d’ici à fin 2026 et des mesures contre la « flotte fantôme » de pétroliers que Moscou utilise, jusqu’ici sans grande peine, pour contourner les sanctions.
De possibles sanctions secondaires
Lukoil et Rosneft se trouvent désormais sur la liste des entités sanctionnées par les Etats-Unis (SDN list) qui est également en vigueur dans de nombreux autres pays. Les sociétés travaillant avec ces deux compagnies peuvent être touchées par ricochet, notamment privées d’accès à des banques américaines, négociants, expéditeurs et assureurs qui forment l’ossature du marché des matières premières.
La menace de sanctions secondaires est « très importante » parce que personne ne veut être « privé de relations » avec le secteur bancaire américain, essentiel dans les transactions en dollars, souligne auprès de l’AFP Maia Nikoladze, un expert du centre de réflexion Atlantic Council, basé aux Etats-Unis. Ces sanctions ont ainsi principalement pour objectif, selon l’expert russe Alexeï Gromov, d’empêcher la Russie et l’Inde, devenue l’un des principaux importateurs de pétrole russe, d’échanger en dollars.
Un tournant de la politique américaine
Donald Trump est allé plus loin que son prédécesseur démocrate Joe Biden, qui avait sanctionné deux compagnies pétrolières russes de moindre envergure, Gazprom Neft et Surgutneftegas, avant son départ de la Maison Blanche. « Inclure les plus grandes entreprises pétrolières de Russie dans la SDN list, même Biden n’avait pas décidé d’aller jusque-là », relève Georguï Bovt.
« C’est un tournant concernant la pression politique exercée sur la Russie », renchérit auprès de l’AFP Jorge Leon, un analyste du centre de recherche Rystad Energy, qui a son siège en Norvège. « Nous allons assister à une diminution des achats officiels de brut russe et probablement à une augmentation du trafic commercial de la flotte fantôme russe », estime-t-il.
Des sanctions « sérieuses » mais sans « impact significatif », selon Vladimir Poutine
Le président Vladimir Poutine a estimé, jeudi 23 octobre, que les sanctions prises la veille par Washington contre le secteur pétrolier russe étaient « sérieuses » mais qu’elles n’auraient pas d' »impact significatif » sur l’économie de son pays.
Vladimir Poutine a souligné que ces restrictions étaient « une tentative de pression ». « Mais aucun pays ou peuple qui se respecte ne prend jamais de décision de cette manière », a-t-il poursuivi, assurant que le secteur pétrolier russe se sentait « confiant et déterminé ». Il a estimé qu’il était « impossible » de remplacer les produits pétroliers russes sur le marché mondial.
Les cours du pétrole flambent après ces annonces
Les cours du brut ont bondi jeudi, 23 octobre, poussés par les sanctions prises par Washington à l’encontre de deux géants russes du secteur pétrolier, Rosneft et Lukoil, susceptibles de nettement limiter l’offre sur le marché. « Le marché a clairement été secoué par ces nouvelles sanctions (…) très sévères », commente auprès de l’AFP John Kilduff, d’Again Capital.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, a pris 5,43% à 65,99 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison le même mois, a gagné 5,62% à 61,79 dollars.