Pro D2 (8e journée). Colomiers – RC Vannes, ce vendredi (21 h)

Des souvenirs vont inexorablement ressurgir pour Maxime Lafage au moment de fouler la pelouse du stade Michel Bendichou de Colomiers. C’est là, il y a dix ans, que l’ouvreur du RC Vannes a lancé sa carrière de rugbyman professionnel à 21 ans.

Il a pu s’inspirer d’un modèle comme David Skrela, international français aux 23 sélections, qui disputait alors la dernière saison de sa carrière. « J’ai beaucoup appris en le regardant avec ses gestes très précis », nous confiait-il la saison passée.

« C’est un garçon intelligent et je pense qu’il progressait en regardant, confirme Skrela. Quand on s’est croisé, j’ai d’abord apprécié l’homme, puis évidemment le joueur aussi. » Celui qui est désormais président de l’association de Colomiers Rugby suit de près la carrière de son ancien coéquipier. « Il est calme, c’est un bon gestionnaire, avec un bon jeu au pied. Il a une palette technique assez large et surtout, le plus dur à ce poste, c’est de prendre les bonnes décisions et d’avoir du sang-froid. Et ça, on l’acquiert avec l’expérience. »

Avant d’arriver à cette maturité, Lafage a écumé les terrains de la région toulousaine, sa ville de naissance. À six ans, il a débuté à Blagnac, où il a fait la connaissance de Serge Carrère, un entraîneur qui a joué un rôle déterminant dans la formation du numéro 10 vannetais. « Je l’ai vu jouer toute sa jeunesse mais je l’ai d’abord accompagné deux ans au niveau poussin, explique l’intéressé. J’avais pris cette équipe parce que mon fiston y était. La deuxième année, ils avaient battu quasiment tout le monde dans la région. Maxime faisait attention à tout. Déjà à cet âge, il analysait les équipes adverses. »

Maxime Lafage est repéré par le grand Stade Toulousain mais, après quatre ans et malgré un titre national en minimes, il n’est pas conservé. Il rejoint alors Colomiers où il retrouve un certain Serge Carrère.

« J’étais responsable sportif, il venait de passer en cadets et a commencé à vouloir buter. Il ne réussissait pas tout, loin de là. Mais ça lui plaisait, donc il s’y est vraiment mis ».

Maxime Lafage (à gauche en rouge) a gagné le Super Challenge de France avec les minimes du Stade Toulousain.Maxime Lafage (à gauche en rouge) a gagné le Super Challenge de France avec les minimes du Stade Toulousain. (Collection personnelle Serge Carrère)« Je lui ai dit : “Il faut que ce pied te serve à autre chose qu’à monter dans le bus” »

Et petit à petit, il a perfectionné sa technique qui lui a permis de devenir deuxième meilleur réalisateur du Top 14 la saison passée. « Quand il tapait des coups de pied, il cassait la cheville du pied d’appui. Je lui ai dit :  » Il faut que ce pied te serve à autre chose qu’à monter dans le bus. Qu’il te projette vers l’avant « . Il a commencé à travailler et tout de suite il avait gagné entre 5 et 10 mètres, il était content. Il est à l’écoute et on avait la chance d’avoir David Skrela. »

Maxime Lafage (rang du bas, 5e en partant de la gauche) a rejoint Colomiers en cadets.Maxime Lafage (rang du bas, 5e en partant de la gauche) a rejoint Colomiers en cadets. (Collection personnelle Serge Carrère)

Lafage aime cette responsabilité qui permet au buteur d’avoir parfois le destin du match dans ses pieds. Même si cette tâche est exigeante. « Être buteur, c’est très difficile pour les jambes. L’ischio, les quadriceps, les adducteurs, c’est chaud. Il faut vraiment en vouloir d’être buteur, je vous le dis, poursuit Serge Carrère, impressionné par la palette technique de son ancien protégé. Il a un joli coup de pied, il a de l’adresse. Même s’il manque un peu de longueur, c’est majestueux ce qu’il fait. Et là où il est très très fort, pour moi, c’est avec les mains, je le trouve encore meilleur qu’avec le pied. Sa passe, c’est un coup de fusil. Impressionnant, la force qu’il a. Ce n’est pas que les bras, ça part des pieds, c’est magnifique ! »

Dans la région toulousaine, il a laissé un excellent souvenir. Mais ce vendredi, et pour la quatrième fois de sa carrière, il reviendra à Colomiers avec le maillot de l’équipe adverse sur les épaules.