À la cour d’assises de Paris,
Ce n’est pas vraiment une surprise. Au terme de six éprouvantes journées de procès, l’avocat général a requis la réclusion criminelle à perpétuité « incompressible » à l’encontre de Dahbia Benkired, 27 ans, jugée pour le meurtre et le viol de Lola, 12 ans, en octobre 2022. Il s’agit d’une « peine d’exclusion sociale destinée à protéger la société de ses membres les plus dangereux », « à la hauteur de la cruauté » du crime, a-t-il justifié.
Pendant environ 1h30, le magistrat a évoqué ce dossier « singulier par sa brutalité extrême » et dénoncé la « cruauté mise en œuvre sur une jeune fille de 12 ans » par Dahbia Benkired, alors âgée de 24 ans. Il a demandé aux jurés de prononcer une peine destinée à « assurer la protection de la société ». « Aujourd’hui, on a un certain nombre de certitudes sur ce qui s’est passé ce jour-là », a-t-il fait valoir.
« Une éternité de souffrance pour Lola »
Il est longuement revenu sur les faits. 1h37 au total. Un temps « au cours desquels trois crimes seront commis ». Après avoir enlevé la fillette, l’avoir frappée, violée, ligotée et tuée, Dahbia Benkired a « cherché à la démembrer », puis à « cacher » le cadavre en le dissimulant dans une malle. 1h37, « une éternité de souffrance pour Lola », a insisté l’avocat général qui a souligné la « détermination de l’accusée ». 1h37 « de supplice ».
Il s’agit, selon le magistrat, d’un « épisode d’humiliation au cours duquel la dimension sexuelle » est omniprésente. L’accusée a fait preuve de « sadisme » envers Lola, « attaquée dans sa féminité naissante », obligée de « satisfaire les désirs sexuels d’une adulte ». Entre ses mains, Lola Daviet « n’est plus qu’une chose ».
« Des souffrances incommensurables »
La préadolescente va subir une « violence extrême ». Deux coups de couteau ont « perforé la cage thoracique » de Lola causant « des souffrances incommensurables ». « 38 coups portés à un corps d’enfant dénudée », « une enfant humiliée, jamais en capacité de résister au déferlement de violence », s’est-il emporté. La victime est morte des suites d’une « panique respiratoire ». « C’est la définition même de la torture. »
Le magistrat a déploré les multiples mobiles évoqués par l’accusée. « Des fantômes, des moutons », « la réminiscence d’un viol par un cousin », la prise d’un médicament, le Lyrica « alors que sa toxicologie est négative ». « Fermez cette porte comme vous fermerez toutes les autres, ne rentrez pas dans le jeu pervers de l’accusée », a-t-il demandé aux jurés, dénonçant « la pathétique tentative » de Dahbia Benkired de « sauver sa peau ».
« Pas l’œuvre d’une malade mentale »
Selon lui, l’accusée a tué Lola « pour son bon plaisir, pour qu’elle puisse jouir d’un pouvoir absolu sur un être humain ». Sa motivation ? Satisfaire une « pulsion sexuelle ». Le magistrat a toutefois reconnu qu’il s’agissait d’une « explication frustrante, limité ». Il est persuadé qu’elle aurait récidivé si elle n’avait pas été interpellée dans les heures qui ont suivi le crime.
« Ces faits ne sont pas l’œuvre d’une malade mentale », mais « d’une femme déterminée, agissant en toute connaissance de cause », a-t-il expliqué. L’avocat général a souligné qu’elle a pris le temps de nettoyer l’appartement de sa sœur et de laver ses vêtements lorsqu’elle a pris « la fuite » chez un ami dans les Hauts-de-Seine avec la malle contenant le corps de la victime. Ses choix n’ont pas été « irrationnels ».
Le verdict attendu en fin de journée
« Aucun traitement médicamenteux » ne pourra aider l’accusée à évoluer, a-t-il poursuivi. Il n’y a pas « de traitement adapté » pour elle car elle ne souffre d’aucune maladie. Il a pointé son « extrême dangerosité ». Il demande plusieurs peines complémentaires, « la confiscation des armes du crime », « l’interdiction définitive de porter une arme », « d’exercer avec les mineurs », « l’interdiction définitive du territoire français ».
Les bras croisés, Dahbia Benkired n’a pas quitté des yeux le magistrat. Son avocat Me Alexandre Valois, va désormais plaider pour tenter de lui éviter la peine maximale. La parole sera ensuite donnée, pour la dernière fois à l’accusée puis les jurés se retireront pour délibérer. Le verdict est attendu dans la soirée.
