Maud Ankaoua est l’auteure de Plus jamais sans moi son 3e best-seller publié en janvier 2023 et qui raconte l’histoire de Constance, une avocate brillante qui, alors qu’elle vient de signer son contrat dans un cabinet d’élite, découvre qu’elle doit effectuer une période d’essai d’un genre peu conventionnel : marcher sur le chemin de Compostelle.
Comme Constance, le personnage principal de Plus jamais sans moi, vous avez aussi marché sur les chemins de Saint-Jacques ?
J’ai commencé ce chemin en 2016 au moment où je publiais mon premier livre Kilomètre zéro pour mes amis.
J’avais envoyé le manuscrit chez mon imprimeur et en même temps j’avais décidé de marcher.
C’était tout au début de ma vie de romancière.
Depuis, je l’ai parcouru à plusieurs reprises : seule, avec des amis, en couple, avec des groupes de lecteurs… Mais jamais de bout en bout.
Comment expliquez-vous l’engouement depuis quelques années pour ces chemins de pèlerinage ?
La marche s’est beaucoup démocratisée. Il suffit d’une bonne paire de baskets. Je pense aussi que les gens ont eu besoin de retourner à la nature.
Depuis quelque temps, effectivement, les GR sont pas mal empruntés. Et c’est encore plus vrai sur le chemin de Compostelle, où l’ambiance est très particulière, très conviviale et très solidaire.
Ce qu’on n’a sur aucun autre GR. C’est vraiment caractéristique du chemin de Compostelle.

Comment ça se caractérise ?
Que vous partiez seul(e) ou en groupe, lorsque vous vous arrêtez, il y a toujours quelqu’un qui vous demande : « Ça va, tout va bien, tu as besoin de rien ? »
Non, non, c’est bon, je fais juste une pause, merci. Et les gens passent et respectent ce besoin d’être seul(e) ou de discuter.
Il y a une entraide et une solidarité qui est extraordinaire. Et pour l’avoir fait beaucoup de fois seule, c’est vraiment un chemin sécuritaire.
Votre livre y a sans doute contribué !
Ça, c’est sûr ! Depuis la sortie du livre dans lequel je cite le nom des lieux et des gîtes, tout le monde me dit que c’est déjà réservé sur cinq ans !
Je suis très heureuse de ça parce que ce sont des gens très méritants, souvent des pèlerins d’ailleurs, qui ont décidé de faire des gîtes d’accueil.
C’est aussi cela qui crée une ambiance sur le chemin, parce que ce sont des gens qui connaissent les besoins des pèlerins.
La marche est très présente dans vos romans. Cela fait partie d’un processus de développement personnel ?
Oui, parce que le fait de marcher, surtout dans des endroits inconnus — et c’est le propre des étapes du chemin de Compostelle — c’est de vivre l’instant présent.
C’est un peu des schémas de survie : où est-ce que je vais dormir ? Où est-ce que je vais aller manger ? Où est-ce qu’on est ici ? Où est-ce que c’est là ?
Et notre cerveau est tellement happé par le moment présent qu’on reconnecte avec nos émotions.
Donc, pour moi, ça fait vraiment partie d’un processus. J’adore marcher pour cette raison. Et puis ça me permet aussi de créer.
Le « voyage intérieur » a remplacé l’expédition au bout du monde ?
C’est un peu ma drogue, le voyage. Mais c’est tout à fait juste de dire qu’on n’a pas besoin d’aller au bout du monde pour travailler sur soi.
Il suffit d’aller dans les bois autour de son domicile. Le simple fait de se promener, sans être pressé, ça fait un bien fou. Et c’est offert à tout le monde, si tant est qu’on a la chance de pouvoir marcher. Il y a aussi plein de clubs de randonnées, donc c’est très simple de pouvoir marcher même lorsqu’on ne connaît pas.
Et quand on a peur de se lancer seul(e), c’est très facile de trouver des groupes de gens ou des associations qui vous emmènent voir des choses superbes.
Connaissez-vous la Via Aurelia, qui va de Menton à Arles ?
Non, je ne la connais pas, je ne l’ai jamais empruntée, mais j’aimerais la faire parce que j’ai des amis qui m’ont dit qu’elle était magnifique. Elle est moins empruntée parce qu’il y a moins de gîtes. Et du coup, il y a des passages où il faut être un peu plus grand marcheur.
Savoir+
Maud Ankaoua est aujourd’hui coach, conférencière et romancière. L’autrice de Kilomètre zéro, Respire ! et Plus jamais sans moi a déjà vendu plus de 5 millions de livres. Son 4e ouvrage Ces questions que tout le monde se pose (aux éditions Eyrolles) est disponible en librairie depuis le 25 septembre.