Son nom est, depuis quelques années, indissociable de l’affaire « Grégory ». Après 1h30 d’audition, Jacqueline Jacob, la grand-tante du petit garçon de 4 ans assassiné en 1984, a été mise en examen ce vendredi pour « association de malfaiteurs », ont affirmé ses avocats. Elle a été laissée libre, précise l’un de ses conseils, Me Stéphane Giuranna.

Cette femme de 81 ans est soupçonnée d’être l’un des « corbeaux » – il y en aurait cinq selon une expertise – qui a harcelé par courrier et par téléphone la famille de Grégroy Villemin pendant de longs mois avant l’assassinat du petit garçon. Elle aurait également revendiqué le crime, estiment les juges d’instruction. L’enfant, enlevé le 16 octobre 1984 alors qu’il jouait dans le jardin de ses parents, a été retrouvé le soir-même noyé dans la Vologne, les pieds et les mains attachés.

« J’espère que tu mourras de chagrin le chef »

Selon les juges d’instruction, Jacqueline Jacob est notamment incriminée par les déclarations de son beau-frère, René Jacob. Devant les gendarmes le 2 août 2022, il avait dit, après avoir écouté un enregistrement du corbeau : « Je pense avoir reconnu » sa voix.

De plus, les expertises graphologiques, de 2017, puis stylométriques (qui s’attachent à l’orthographe et les tournures de phrases) de 2021 et 2023, attribuent à Jacqueline Jacob trois courriers anonymes de 1983, dont celui du 4 mars qui menace directement les Villemin. « Je vous ferai votre peau », y était-il écrit. La stylométrie estime que « cinq » corbeaux ont menacé les Villemin, mais soutient « très fortement l’hypothèse » que c’est Jacqueline Jacob qui a écrit la lettre du 16 octobre 1984 revendiquant le crime. « J’espère que tu mourras de chagrin le chef […] Voilà ma vengeance. Pauvre con », disait le courrier.

Une précédente mise en examen

Jacqueline Jacob a déjà été poursuivie dans ce dossier emblématique. En 2017, elle était mise en examen pour « enlèvement et séquestration suivie de mort », et emprisonnée durant quatre jours. Mais en mai 2018, coup de théâtre : cette mise en examen est annulée pour un vice de forme.

Depuis son incrimination, la mise en cause n’a eu de cesse de nier les faits. Ses avocats soulignent notamment que la « stylométrie » est une méthode nouvelle dont la fiabilité doit encore être prouvée. En juin dernier, le procureur général, Philippe Astruc, avait même estimé que les charges à son encontre étaient trop faibles pour envisager une éventuelle mise en examen. Il avait notamment rappelé qu’une expertise de 1991 avait attribué la lettre de revendication du crime, non pas à Jacqueline Jacob, mais à Bernard Laroche, l’oncle de la victime. Ce dernier – qui habitait à deux pas de chez les Jacob – avait été inculpé du meurtre avant d’être tué par Jean-Marie Villemin, le père de Grégory.