Ce mercredi, une heure avant la projection du film, la mairie de Marseille avait décidé d’annuler la séance prévue au château de la Buzine, le château acquis par Marcel Pagnol et désormais géré en régie municipale par la ville de Marseille.
Le sénateur des Bouches-du-Rhône et soutien du RN pour les municipales Stéphane Ravier, ainsi que les réalisateurs du film Sacré-Cœur, son règne n’a pas de fin, ont annoncé vendredi saisir le tribunal administratif de Marseille après la déprogrammation du film dans la cité phocéenne.
Ce mercredi, une heure avant la projection de ce film, la mairie de Marseille avait décidé d’annuler la séance prévue au château de la Buzine, le château acquis par Marcel Pagnol et désormais géré en régie municipale par la ville de Marseille. Dans un communiqué de presse, la collectivité justifie cette décision au nom de la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État, et de «l’application absolue de la loi et des jurisprudences constantes en la matière qui s’imposent à tous les lieux gérés par les collectivités publiques en France.» «Cette déprogrammation n’a rien à avoir avec une appréciation du film ou une volonté de restreinte la liberté d’expression ou de création», écrit encore la ville de Marseille.
Une requête rejetée selon la mairie
«Nous ne comprenons pas cet argumentaire de la ville de Marseille qui invoque le principe de la laïcité», explique l’avocat du sénateur marseillais et des réalisateurs, Me Grégoire Belmont. Selon cette même source, un référé-liberté a été déposé dans la matinée pour atteinte à la liberté d’expression, atteinte la liberté de création artistique et atteinte à la liberté de réunion.
Contactée, la mairie de Marseille indique toutefois n’avoir pas été notifiée de cette procédure. «La requête a été manifestement rejetée par le tribunal sans audience, suppose l’avocat de la ville, Me Jorge Mendes Constante. C’est un rejet faute d’urgence à statuer.» Sollicitée, la communication du tribunal administratif de Marseille était injoignable vendredi après-midi.
Vive polémique
Connu du grand public pour avoir été un ancien membre du boys band Alliage, le réalisateur de ce film s’était ému de cette déprogrammation sur les réseaux sociaux, accusant la ville de «boycott» de son œuvre coréalisée avec son épouse. «Notre identité marseillaise, provençale et française ne s’effacera pas devant les attaques de quelques extrémistes de la laïcité, toujours brandie comme une seule et même foi : le christianisme», clame de son côté le sénateur Stéphane Ravier dans un communiqué de presse.
La polémique autour de la déprogrammation de ce film a vivement secoué la Canebière, suscitant de nombreuses réactions politiques locales comme nationales, à commencer par celles de la candidate investie par LR pour les municipales de Marseille, Martine Vassal qui y voyait «une laïcité à sens unique.» Dans une interview au JDD parue ce vendredi, celle qui est par ailleurs présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole d’Aix-Marseille Provence annonce être en contact avec la production du film pour organiser des projections «dans l’ensemble du territoire métropolitain via [les] outils de régie.»
De son côté, le candidat du RN et proche de Marine Le Pen, Franck Allisio, a demandé au préfet des Bouches-du-Rhône de reprogrammer «dans les plus brefs délais» le film, craignant par ce geste «un effacement des racines chrétiennes qui font Marseille, la Provence et la France.» Une demande également formulée par Stéphane Ravier, qui accuse le maire de Marseille d’avoir «censuré une œuvre artistique sur la foi chrétienne.»