Virginie Joron a officialisé sa candidature aux élections municipales 2026 pour le Rassemblement national. Après avoir servi les intérêts russes en légitimant un référendum douteux, l’eurodéputée d’extrême droite veut « sauver Strasbourg ».
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Guillaume Krempp
Publié le 24 octobre 2025 ·
Imprimé le 24 octobre 2025 à 20h07 ·
Modifié le 24 octobre 2025 ·
4 minutes
Strasbourg est à l’agonie, d’après Virginie Joron. C’est pourquoi l’eurodéputée d’extrême droite veut « sauver Strasbourg », du nom de sa liste. Dans un communiqué daté du jeudi 23 octobre, cette membre du Rassemblement national annonce sa candidature aux élections municipales 2026. « À Strasbourg, trop de décisions sont prises loin des réalités du quotidien, loin des habitants, loin du bon sens. Les écologistes à la tête de la municipalité et ont ridiculisé cette ville historique », dénonce l’ancienne conseillère régionale RN. Elle assure ensuite : « Je veux une mairie qui écoute, qui protège et qui agit pour tous. »
Premier raté de communication
Virginie Joron a donné une première idée de son sens de la protection de tous dans un post Facebook daté du vendredi 10 octobre. L’eurodéputée y fustige une ville prétendument sale en filmant des « immondices » dans le centre-ville. L’élue n’était sans doute pas au courant du fait qu’elle faisait face aux affaires d’une personne sans-abri. Dans un post Facebook en réponse, l’adjointe en charge de la tranquillité Nadia Zourgui a souligné le travail des services de propreté de la ville avant de rappeler :
« Si vous vous inquiétez de la personne qui a osé poser ses affaires au pied de cet arbre le temps d’un répit, elle est vivante et essaye de survivre en se raccrochant à tout ce qu’il lui reste et ce « tout » c’est exactement ce qu’il y a sur cette photo. »
Un sens critique à géométrie variable
Virginie Joron rentre de Damas en août 2019 après avoir rencontré le dictateur Bachar Al-Assad. Alors conseillère régionale, elle avait expliqué sur X ne s’être « jamais sentie en insécurité » la nuit dans la capitale syrienne. Le pays était alors en proie à une guerre civile…
Le sens critique de Virginie Joron semble aussi à géométrie variable, selon le pays où elle se trouve. En Europe, elle n’hésite pas à interroger l’existence d’une « dictature européenne ? » dans sa critique de l’action d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. En juillet 2020, elle se montre bien plus docile. Après avoir assisté à un référendum russe, elle souligne « un événement historique pour les Russes, avec une forte mobilisation ». Le scrutin en question a permis, entre autres, à Vladimir Poutine de rester au pouvoir pour deux mandats supplémentaires. Le voyage, luxueux, a eu lieu dans la capitale de la Crimée, annexée par la Russie en 2014. La présence d’eurodéputés français permettait aussi de normaliser cette annexion de la province ukrainienne.
Pour avoir participé à de « faux voyages d’observation électorale », l’élue RN a été placée sur une « liste noire » du Parlement européen. Elle est ainsi interdite de réaliser des missions officielles d’observation électorale au nom du Parlement.
Une popularité liée au Covid
Au contraire du porte-parole de son parti Jordan Bardella, Virginie Joron ne peut pas être taxée d’absentéiste au Parlement européen. Elle est membre de la commission des « affaires juridiques » et du « marché intérieur et de la protection des consommateurs ». L’eurodéputée a ainsi travaillé sur le « Digital Market Act » visant à contraindre les géants du Net – comme Apple ou Amazon – à respecter de nouvelles obligations concurrentielles, sous risque d’importantes sanctions.
Mais ce qui a fait la popularité de Virginie Joron sur les réseaux sociaux, c’est surtout son engagement sur le Covid. Lorsque la pandémie éclate, l’élue se fait remarquer au sein des milieux antivaccins par son opposition vive à l’obligation vaccinale et ses remises en cause répétées de l’efficacité des vaccins. Sa stratégie passe notamment par une série de conférences données dans l’enceinte du Parlement européen à Strasbourg. Dans l’une des salles du bâtiment, elle a invité le professeur référent des complotistes Christian Péronne. En mars 2024, l’ancienne conseillère régionale souhaitait également organiser une exposition dédiée « aux victimes des vaccins du Covid ». Une idée rejetée par le questeur du Parlement.
Une candidature trumpiste
Dans le rapport aux faits, c’est une candidature trumpiste que porte Virginie Joron. Cette dernière nie en bloc la sanction dont elle a fait l’objet au Parlement pour son déplacement en Crimée. Face au rejet de son projet d’exposition sur les « victimes des vaccins du Covid », elle n’hésite pas à créer une polémique sur une artiste exposée au Parlement en parlant d’une exposition « d’inspiration pédophile ». Mais la stratégie de communication n’a rien d’étonnant pour une élue dont le groupe fait sien la rhétorique de Donald Trump, comme dans cette conférence organisée le 15 octobre 2025 au Parlement européen : « Make Europe Healthy Again ».
Dans son communiqué, Virginie Joron promet de construire un « projet pour Strasbourg (…) quartier par quartier » et de présenter une « équipe diversifiée ». Derrière les formules syblllines, le rêve tout-sécuritaire n’est pas bien loin. Lors de sa déclaration officielle de candidature, l’ancienne conseillère régionale RN a choisi la sécurité comme « première des libertés ». Son modèle : la ville de Nice et ses multiples caméras connectées. Autre promesse de Virginie Joron : la remise en place de l’arrêté anti-mendicité, abrogé en 2020 par Jeanne Barseghian.

