Les accusés, âgés de 19 à 22 ans au moment des faits, devaient cibler une entreprise qui stockait de l’aide humanitaire et du matériel satellite destiné à l’Ukraine.

Six jeunes Britanniques, recrutés pour incendier un entrepôt londonien stockant du matériel pour l’Ukraine pour le compte de l’organisation paramilitaire russe Wagner, ont été condamnés vendredi à des peines de prison allant jusqu’à 23 ans. Cet incendie qui visait une entreprise stockant de l’aide humanitaire et des équipements satellites dans l’est de Londres, avait secoué la classe politique britannique et entraîné la convocation de l’ambassadeur russe par le ministère des Affaires étrangères.

Ces peines d’emprisonnement doivent envoyer le «signal clair et sans équivoque» qu’aider une puissance étrangère a de lourdes conséquences, a souligné la juge Bobbie Cheema-Grubb de la cour criminelle de Londres. Elle a ajouté que les accusés, âgés de 19 à 22 ans lors des faits, avaient accepté de «trahir leur pays pour ce qui semblait être de l’argent facile». Plusieurs de leurs avocats les ont dépeints comme des jeunes «un peu simplistes» avec des difficultés financières, des problèmes d’addiction ou de santé mentale, dont la vulnérabilité aurait été exploitée par le groupe paramilitaire.


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La juge a infligé 23 ans de prison, dont 17 ferme, à Dylan Earl, 21 ans, considéré comme le cerveau du groupe. Petit trafiquant de drogue du centre de l’Angleterre, il avait été en contact avec le groupe paramilitaire Wagner, classé terroriste au Royaume-Uni, sur la messagerie cryptée Telegram.Il a reconnu la plupart des faits, comme Jake Reeves, âgé de 22 ans et condamné à 13 ans de prison dont 12 ferme. Ce dernier avait été recruté par Earl, qu’il n’avait jamais rencontré, pour commettre l’incendie sans savoir au départ qui se trouvait dans l’entrepôt, ni qui avait commandité cet acte.

Ils sont les deux premiers Britanniques à être condamnés pour des infractions à la loi sur la sécurité nationale de 2023, qui vise à lutter contre les menaces d’État comme la Russie. Trois autres accusés ont été condamnés à des peines allant de huit à dix ans de prison pour incendie criminel aggravé avec mise en danger de la vie d’autrui. Il s’agit des Londoniens Nii Mensah, 23 ans, Jakeem Rose, 23 ans, et Agnius Usmena, 20 ans, dont le rôle était de mettre feu à l’entrepôt tout en filmant l’action pour Dylan Earl.

Des dégâts évalués à près d’un million de livres

Paul Hynes, son avocat, l’a décrit comme un «individu triste passant de longues heures seul dans sa chambre (…), prenant des drogues et jouant en ligne», ce qui faisait de lui une «proie facile pour les agents du groupe Wagner». Plusieurs pays européens ont dénoncé un nombre croissant de cyberattaques, actes de sabotage, campagnes de désinformation ou d’espionnage imputés à Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022.

«Nous ne tolérerons aucune activité hostile», a déclaré le Premier ministre Keir Starmer vendredi lors d’une conférence de presse avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, soulignant que la sécurité de l’Ukraine et du Royaume-Uni était étroitement liée. L’entreprise visée exportait notamment vers l’Ukraine des équipements pour le système d’accès à internet par satellite Starlink de la société SpaceX.

Il a fallu plus de deux jours pour maîtriser l’incendie, dont les dégâts ont été évalués à près d’un million de livres. Les commanditaires du sabotage n’ont jamais payé les 9.000 livres (10.300 euros) promises. Earl et Reeves ont donc accepté une autre mission, qui consistait à kidnapper un dissident russe, Evgeny Chichvarkin.


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Ils ont été arrêtés avant l’exécution du projet, et le sixième accusé, Ashton Evans, a notamment été condamné à sept ans de prison, dont six ferme, pour avoir omis de prévenir la police. Le chef du MI5, les renseignements intérieurs britanniques, a fait état mi-octobre d’une augmentation du nombre d’«intermédiaires», des individus «motivés par l’argent et l’excitation de jouer les espions», agissant au profit de la Russie sur le sol britannique. Jeudi, trois hommes ont été arrêtés à Londres, soupçonnés d’avoir aidé les services de renseignement russes.