Il bat campagne depuis plus d’un an pour ravir le siège du maire sortant. À Châteauneuf-Villevieille, Nicolas Bailet, 39 ans, élu en 2020 dans l’opposition d’Edmond Mari, n’est pas de ces candidats attendant le dernier moment pour sortir du bois. Dès juin 2024, lui et ses six colistiers ont lancé une véritable guerre d’attrition dans ce village des Paillons où vivent environ 1 000 habitants. Sous l’étendard « Nouveau Souffle Madonenc », ils ont multiplié les réunions de quartier et les saillies envers la fragile majorité (tenue à huit contre sept), tout en promettant une gestion communale « plus raisonnée et réalisable ». Rencontrée à la mi-octobre à l’Arenas, à Nice, non loin des bureaux du Département où il est chef de projet, la tête de file présente sa feuille de route.

Depuis votre élection, vous campez une opposition quasi systématique face à la majorité. Pourtant, vous avez la volonté commune de créer un cœur de village…

Pour ne pas devenir une cité-dortoir et conserver une âme de village, nous avons besoin de créer une véritable place centrale, un lieu de vie qui sera notre poumon économique et culturel. Nous avons proposé notre soutien au maire. Nous aurions même pu faire une liste commune, il y a cinq ans. Mais il veut décider de tout, tout seul. Résultat : par manque d’anticipation, à cause de la lenteur des demandes de subventions, le réaménagement n’a toujours pas eu lieu.

Vous fustigez aussi la construction d’habitations, mais comment s’y opposer ?

Depuis le début du mandat, 90 logements ont été créés et 39 devront émerger d’ici 2029, comme l’impose le PLH (programme local de l’habitat). Nous aurions dû être plus ferme sur les permis attribués et négocier des partenariats public-privé pour conserver le foncier tout en générant des revenus. Nous allons être dépassés par le nombre de nouveaux habitants et les services ne suivent pas. Où va-t-on se garer ? Et puis, l’extension de l’école vient à peine de débuter, les classes menacent d’être surchargées. Quant au projet de maison de santé, il est en berne. Je regrette ce manque d’anticipation.

En 2022, la commune quittait la CCPP (1) pour rejoindre la Métropole Nice Côte d’Azur. Quand le maire s’en félicite, vous le regrettez amèrement…

Avec les redevances, le transfert des compétences et de personnels, nous avons calculé avec l’opposition, une perte annuelle de 140 000 euros. Parce que rejoindre la Métropole a fait bondir le taux d’endettement de 37 % à 136 %. Sans parler du remboursement à la CCPP (qui s’élevait pour la commune à 140 000 euros). Au total, il faudra désormais dix ans pour éponger la dette.

Vous souhaitez faire machine arrière ?

Ça serait trop long et coûteux. Mais nous pouvons négocier, de l’intérieur, une meilleure décentralisation. Au sein de la Métropole, durant dix ans, j’ai été chef de service délégué à la Voirie. Je connais la machine.

Élu depuis 1999, Edmond Mari n’a pas encore annoncé sa candidature. Pourquoi une telle animosité contre lui ?

C’est lui qui est agressif, insultant, égocentré. En 2020, à l’issue des élections, le tribunal administratif de Nice a retiré un siège à la majorité pour l’attribuer à l’opposition. Nous avions signalé des irrégularités et des pressions lors des deux tours. L’entourage du maire m’a ainsi reproché d’avoir mis le feu au village en créant des clans. Ma liste, unificatrice, leur prouvera le contraire.

1. Communauté de communes du Pays des Paillons.