« Coucou le RN, on cache son logo ??? » L’affiche rouge pirate, sans aucune signature, recouvre l’annonce de la candidature de Bryan Masson. Son « je suis candidat pour être le prochain maire de Cagnes-sur-Mer » est ainsi occulté par un émoji faisant chut. Comme si l’élu souhaitait faire oublier son appartenance au Rassemblement national à l’approche des élections municipales. « Est-ce en lien avec la condamnation de Marine Le Pen [pour détournement de fonds publics en mars 2025] ? Ça fait trop tache quand on vend une image de jeune homme propre sur soi », suggère, non sans ironie, un commentateur de la vie politique cagnoise.
Des sous-entendus qui blasent, à défaut de faire bondir, le député de la sixième circonscription des Alpes-Maritimes. « Quoi répondre à ces bassesses-là ? J’ose espérer que le monde sait que je suis au RN après avoir été élu, puis réélu comme parlementaire sous cette étiquette. Ça n’est pas faute d’avoir imprimé des affiches où je suis entouré de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Et puis, si j’avais envie de me cacher, je n’aurai pas accepté [en 2024] d’être porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale. Je n’ai honte de rien. »
Pour rafler d’autres voix à droite ?
S’il ne faut y voir aucun scrupule, alors pourquoi ne pas avoir logotypé ce poster ? Est-ce une stratégie de communication ? L’élu assume : « Je me présente comme Bryan Masson, l’ancien gamin de Cagnes qui a une vision pour la ville de ses racines. Pas comme le député ou le porte-voix d’un groupe parlementaire. » N’est-ce pas aussi un moyen de ratisser plus large que les électeurs d’un parti marqué à l’extrême droite ? « Ah ça, s’esclaffe-t-il. Ça inquiète mes opposants. Ils ne veulent surtout pas que je touche plus large à droite. Ils ont peur de perdre leurs électeurs historiques. » Parce qu’il y aurait des voix à rafler chez les Républicains, parti du maire sortant Louis Nègre ? « Sa proximité avec le maire de Nice Christian Estrosi (vice-président d’Horizon, parti d’Édouard Philippe) a de quoi décevoir les partisans d’une droite dure. » De ceux qui ont choisi le camp de l’Union des droites pour la République d’Éric Ciotti lorsqu’il s’est rapproché du RN en juin 2024 ? « Lorsque ma liste sera arrêtée, mes soutiens le seront aussi. Les logos reviendront bien assez tôt. »
Qui se cache derrière ce contre affichage ?
La question s’était déjà posée à la rentrée, lorsqu’une brève campagne de contre affichage avait taclé le député au travers de sa présidente de parti. Il y était écrit : « Souvenez-vous ! Marine Le Pen déclarait en 2004 : tout le monde a piqué dans la caisse sauf le Front national. » Brûlante saillie dont personne n’avait revendiqué la paternité. Aucune signature, aucun logo. Refusant de commenter les soupçons, le maire, Louis Nègre, avait laissé planer le doute. De nouveau sollicitée à ce sujet, la mairie prolonge son silence radio. « Il y a des gens que ça démange d’être en campagne », lance Bryan Masson qui en profite pour lancer des piques. Évitant soigneusement de nommer un responsable, il fait mine de s’interroger : « Qui peut bien dépenser de l’argent pour une telle politique de caniveau ? »