Par
Antoine Blanchet
Publié le
24 oct. 2025 à 19h02
Une audience chargée en émotion, mais pas en réponses, tant attendues par la famille. Vendredi 24 octobre 2025, la cour d’assises de Paris a condamné Dahbia Benkired à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre abominable de Lola. Si la culpabilité de l’accusée n’ont fait aucun doute pour les juges et jurés, plusieurs zones d’ombre demeurent dans cette affaire qui a ému la France entière. En cause : les déclarations contradictoires de Dahbia Benkired depuis son box.
Le mobile : une cacophonie d’hypothèses
Les témoignages, les experts, l’interrogatoire… Six jours d’audience n’ont pas permis de comprendre ce qui a poussé Dahbia Benkired à se déchaîner sur une enfant de 12 ans qu’elle n’avait jamais vue. L’une des premières causes fournies par l’accusée en garde à vue, c’est le ressentiment qu’elle éprouvait pour la mère de Lola Daviet. Gardienne d’immeuble, cette dernière lui aurait refusé un badge pour faire fonctionner les ascenseurs.
Durant l’audience, la jeune femme a changé de version et en a livré plusieurs autres. D’abord, elle affirme avoir pris trois Lyrica la veille des faits. Ce médicament, utilisé comme drogue, a un effet anxiolytique et parfois hypnotique. Ensuite, elle évoque sa relation toxique avec son ex-compagnon comme catalyseur. Quelques instants avant les faits, son ancien petit ami lui envoyait des messages insultants et rabaissants. Des mots qui l’auraient poussée à commettre l’irréparable. Les actes commis sur la victime seraient une imitation de ce qu’elle subissait.
Néanmoins, cette version n’a pas convaincu l’avocat général. Dans son réquisitoire, le magistrat a indiqué que les messages étaient insultants, mais habituels. À cela s’ajoutent la « drogue du violeur » ou encore « l’eau de mort », que Dahbia Benkired dit avoir bue quelques jours avant les faits. Si son avocat a maintenu que le crime était l’aboutissement terrifiant d’une vie ponctuée de traumatismes et d’errance, le ministère public a de son côté évoqué un « potentiel sériel ». Du Lyrica de trop à la tueuse en série, pas de mobile clair.
L’entrée de Lola dans l’appartement
Cette question a hanté la mère de la victime lors de son audition. « Je lui avais appris à se méfier envers ceux qu’elle ne connaissait pas », a répété Delphine Daviet à la barre. Là aussi, la cour d’assises n’avait que la version de Dahbia Benkired pour comprendre. Les seules images étant celles de Lola entrant avec l’accusée dans la résidence rue Manin. La jeune femme a livré un nouveau récit contradictoire.
Elle a expliqué avoir demandé à l’adolescente de l’aider à transporter des bagages. Elle est remontée au sixième étage, puis descendue. La victime l’aurait entendue. Dans l’ascenseur, Dahbia Benkired l’aurait alors tirée avec elle, avant de l’emmener dans l’appartement. Là encore, des doutes subsistent. Lola a-t-elle vraiment attendu plusieurs minutes toute seule en bas ? Comment l’accusée a-t-elle pu monter et descendre sans badge ? Elle déclare aussi avoir tiré légèrement la victime dans l’ascenseur. Cependant, l’autopsie a relevé une lésion importante au niveau du bras, qui pourrait indiquer une prise bien plus forte.
Un crime plein d’incohérences
Entre l’entrée dans l’appartement et la sortie de Dahbia Benkired avec la malle, une heure trente-sept s’est écoulée. Durant ce laps de temps, un déferlement d’abomination. Parmi les sévices, un cunnilingus imposé à l’adolescente. Cet acte, l’accusée le reconnaît. L’autopsie a pourtant mis en lumière d’autres violences sexuelles. Des lésions ont été découvertes au niveau de l’intérieur du vagin et de l’anus de la victime, pouvant avoir été causées par une pénétration. L’auteure du crime a contesté tout fait de ce type, allant jusqu’à évoquer que l’homme l’ayant hébergée quelques heures à Asnières-sur-Seine avec le corps de Lola pourrait en être l’auteur. La science est têtue. Les pénétrations auraient été commises avant la mort.
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On retrouve ce même flou sur les violences infligées à l’adolescente. Au total, 38 plaies ont été découvertes dans son dos, dont deux, plus profondes, ont causé des lésions au niveau des poumons. La victime a aussi été quasiment décapitée à l’aide d’un couteau de cuisine. Encore une fois, Dahbia Benkired a réfuté ces vérités scientifiques. Lors de son interrogatoire, elle n’a mentionné que « deux coups portés vite fait » avec le couteau et la paire de ciseaux.
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