Le chronomètre a dépassé les 20 heures. Depuis vendredi midi, l’artiste Rilès répète le même geste : frapper de sa main, recouverte de peinture rouge, les pochettes de CD vierges qui défilent sur le tapis mécanique devant lui.
Pour marquer la sortie de son troisième album, le rappeur, déjà connu pour avoir terminé une course de 24 heures sans interruption en février 2025, se lance une nouvelle fois dans une performance artistique extraordinaire : créer lui-même des pochettes d’album uniques pendant 24 heures.
Séparé du public par des vitres en plexiglas, le rappeur a pour objectif de créer environ 800 pochettes par heure de son album « The 25th Hour », pour un total de 20 000, que les visiteurs peuvent acheter sur place.
« Chaque pochette sera unique, et numérotée. C’est une connexion personnelle entre l’artiste, l’objet et la personne qui l’achètera », explique l’artiste de 29 ans dans un entretien à l’AFP.
Un challenge inspiré des « Tegata »
Retransmise en direct sur YouTube, cette performance est inspirée par les « Tegata » des lutteurs de sumo japonais, l’empreinte de main qu’ils laissent en signature. Elle sert aussi de « déclaration » face à une époque « où l’on remplace peu à peu l’homme » dans les processus créatifs, selon l’artiste.
Le rappeur, originaire de Rouen et né le 4 janvier 1996, est un habitué des défis. Il se fait connaître en 2016 avec sa série « Rilèsundayz », un titre diffusé chaque dimanche pendant un an. Il explique chercher à se « challenger » en repoussant ses limites, et à s’exprimer « par d’autres médiums que la musique » comme la peinture, ou l’effort physique. « J’ai un peu une phobie du confort. Si j’ai pas un peu de peur et d’appréhension, c’est qu’il y a un truc qui ne va pas », confie celui qui se dit « attaché » à l’endurance mentale et physique.
Après avoir signé en 2018 avec Republic Records, le label américain d’Ariana Grande, Taylor Swift ou encore Stromae, et sorti un premier album certifié disque d’or, il ne renouvelle pas le contrat et choisit contre toute attente de redevenir indépendant.
Rilès se distingue par ses textes en anglais, un moyen pour l’artiste de « garder une coquille tout en étant vulnérable », et de s’assurer que ses parents ne comprennent pas les paroles. S’il a débuté dans le rap, son univers s’est progressivement élargi. Aujourd’hui, Rilès s’inspire « autant du folk que du rock alternatif, du hip-hop ou des musiques western ».