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Publié le25/10/2025 à 11h23
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De Gabriel Attal à Jean-Philippe Tanguy, plusieurs personnalités politiques témoignent dans « Homos en politique », un documentaire qui sera diffusé sur France 5 le 28 octobre. Parmi eux, l’ex-députée de l’Allier, Laurence Vanceunebrock. Elle dévoile les défis de son coming-out en politique. Entre haine persistante et lutte pour sa légitimité, elle raconte un parcours semé d’embûches.
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Gabriel Attal, Clément Beaune, Marie Cau, Alice Coffin, Jean-Philippe Tanguy… Ces dernières années, de plus en plus de personnalités politiques LGBT+ ont brisé le silence sur leur orientation sexuelle. Parmi elles, Laurence Vanceunebrock, ex-députée LREM de l’Allier. Pour elle, son homosexualité n’a jamais été “un tabou”, ni “un secret”, ni même un sujet à part.
Son coming-out ? Un instant presque anodin, lors d’une audition parlementaire sur les LGBT-phobies. Un journaliste lui demande pourquoi elle est là. Sans détour, elle évoque sa famille homo-parentale. Une révélation naturelle, spontanée. Une part intime de sa vie jusqu’alors inconnue du public.
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Extrait du documentaire « Homos en politique » diffusé sur France 5.
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©France 5 / FTV
À l’image de cette sincérité, Laurence a accepté de s’exprimer à nouveau, devant la caméra, dans le documentaire Homos en politique (France 5). Dix minutes pour parler librement de son homosexualité, de son parcours, de ses combats. Dans ce long format, qui sera diffusé ce 28 octobre, le journaliste Jean-Baptiste Marteau explore un dilemme crucial des hommes et femmes politiques LGBT+ : faut-il cacher ou assumer son orientation sexuelle au grand public ?
Pour Laurence, aucun doute : “il faut s’assumer”. Pourtant, s’exposer publiquement, parler de sa vie privée, ça n’a jamais été aussi évident pour cette femme de 55 ans. “D’un côté, je savais que cela pouvait aider d’autres femmes, d’autres familles à se sentir légitimes. De l’autre, j’ai ressenti une forme de dépossession car ma vie privée devenait un sujet public. Mais j’ai choisi d’assumer”, confie-t-elle. Même si parler de son homosexualité a souvent été délicat, la députée a toujours refusé le silence. “C’eût été renoncer », martèle-t-elle. “Pourtant, je crois que la sexualité et la composition familiale devraient rester des non-sujets, simplement respectés”.
Alors pour accepter de se livrer aussi intimement dans ce documentaire, il lui a fallu une bonne raison. Et la plus importante, la confiance. “Renaud Saint-Cricq (co-réalisateur du documentaire ndlr) est un journaliste et scénariste reconnu, spécialiste des coulisses du pouvoir. Il m’a rassurée : ce documentaire ne serait pas un piège, mais un vrai travail de vérité”, explique-t-elle.
Mais surtout, Laurence croit profondément en la force des modèles. “Être femme, mère – d’ailleurs, l’une de mes filles a participé au tournage – lesbienne et élue de terrain, c’est porter une parole qui peut déranger, mais qui doit surtout éclairer”, affirme-t-elle. Elle voulait aussi rappeler qu ‘ “une famille homoparentale est une famille comme les autres, avec les mêmes joies, les mêmes défis”.
Pour autant, la route qui l’a menée jusqu’aux bancs de l’Assemblée n’a jamais été simple. Dans le monde politique, les injonctions sont nombreuses : être calme, irréprochable, et surtout discrète sur sa vie privée. Des règles qui pèsent sur toutes les femmes, lesbiennes ou non. “Ce n’est peut-être plus aussi dur qu’il y a vingt ans, mais ce n’est pas encore évident”, nuance-t-elle. Mais pour une femme lesbienne, chaque parole est scrutée, chaque silence interprété, selon Laurence. “Il faut sans cesse réaffirmer sa légitimité dans un univers encore très hétéronormé”, déplore-t-elle.
Pour se faire une place dans l’arène politique, Laurence a néanmoins dû essuyer quelques coups. Mais son tempérament bien trempé l’a protégée des assauts les plus durs. “À l’Assemblée nationale, on m’a parfois traitée de lobbyiste LGBT, se souvient-elle. Si c’était vrai, je serais allée beaucoup plus loin dans les conquêtes législatives !”. Pourtant, la députée en a remporté bien des victoires sur le champ de bataille politique. L’une d’elles fut retentissante : l’interdiction des thérapies de conversion. Une victoire après un combat et ardu : “Il a fallu convaincre mon propre parti, Renaissance, documenter les pratiques, faire entendre la voix des victimes”, raconte Laurence.
Ce sont les témoignages recueillis lors d’une mission flash de trois mois, initiée grâce à Yaël Braun-Pivet – aujourd’hui présidente de l’Assemblée nationale – qui ont fait basculer la donne. Certains « minimisaient », d’autres « niaient », mais elle a tenu bon.
“Je ne pouvais pas rester insensible à cette jeunesse brisée, ces adultes en reconstruction, ces familles en détresse”, ajoute-t-elle.
Aujourd’hui, Laurence est toujours sur le terrain. Présidente du Modem de l’Allier, , elle n’a pas lâché sa position : son combat, elle le mène encore. « L’avenir des femmes lesbiennes en politique, je le vois comme une forteresse à prendre. On ne s’y contente pas d’entrer, il faut aussi l’arracher aux mains de ceux qui l’ont trop longtemps monopolisée”. Elle ajoute : “L’avenir, c’est de ne plus avoir à choisir entre être légitime ou être authentique”.
Elle espère que sa quête de légitimité prendra fin un jour. Pour elle et pour les autres. Un combat encore loin d’être terminé.
Le documentaire « Homos en politique » est disponible sur France.tv.