Une dernière fois, ils ont regagné la terre ferme ensemble. Les quelque 200 jeunes de « l’odyssée pour la paix », un voyage en mer Méditerranée pour propager les valeurs de dialogue et de partage, ont complété leur périple.

L’arrivée du navire école le "Bel Espoir", ce samedi, dans la darse du Mucem a rassemblé de nombreux admirateurs.L’arrivée du navire école le « Bel Espoir », ce samedi, dans la darse du Mucem a rassemblé de nombreux admirateurs. / PHOTO Nicolas VALLAURI

Partis de Barcelone en mars, les équipages – au nombre d’une dizaine — de toutes confessions et de tous les pays donnant sur la grande bleue (sauf Israël, pour raisons de sécurité) se sont succédé à bord du trois-mâts le Bel Espoir durant 8 mois avec, en ligne de mire, le coup d’envoi du festival Med25 au Mucem, dans l’après-midi de ce samedi 25 octobre. Comme un point d’orgue à l’héritage bien vivant du défunt pape François à Marseille.

« Un paradis multiculturel »

Pour accueillir le Bel Espoir, une trentaine de bateaux se sont élancés du port de Marseille alors qu’au même moment, au Pharo, 400 personnes s’agglutinaient pour admirer ce ballet de voiliers centenaires.

Face à ce spectacle unique, Rami, un Palestinien qui a participé à l’odyssée pour la paix de fin avril à début mai entre Malte et la Crète, reste ébahi. « J’ai l’impression d’être dans un paradis multiculturel par rapport à ce que je vis chez moi, en Cisjordanie. J’ai quitté les postes frontières pour participer à une expérience fascinante dans laquelle les idées reçues sur telle religion ou telle nationalité ont volé en éclats. À la fin, il n’y avait que l’amitié et l’écoute », vante cet enseignant assistant à l’université de Bethléem.

À ses côtés, Nisrine est une étudiante marocaine de 24 ans originaire de la région d’Al Haouz, théâtre du tremblement de terre qui a fait presque 3 000 morts le 8 septembre 2023, soit 15 jours avant la venue du pape François à Marseille et la naissance de cette idée de l’odyssée de la paix.

Petits et grands n’auraient manqué cela pour rien au monde.Petits et grands n’auraient manqué cela pour rien au monde. /PHOTO Nicolas Vallauri

« Voir ce bateau qui a servi de point de rencontre avec d’autres cultures et religions que la mienne a une signification très particulière. Pendant que j’étais en pleine mer avec rien à l’horizon, je me sentais quand même à la maison. J’ai parlé à cœur ouvert de ce que peut représenter mon voile, des interdits de ma religion sans rougir. On se respectait les uns les autres, en premier lieu pour nos différences », expose la jeune femme musulmane qui a l’habitude de « s’évader en faisant du surf chez elle », sur le littoral marocain, et se disait « impatiente de découvrir Marseille et le festival Med25 » autour de l’écologie, les migrations ou l’éducation.

Une prouesse en passe d’être répétée

« Le coût de cette odyssée de la paix, c’est 500 000 euros, apportés par plus de 120 mécènes dont la fondation de la Sagrada Família, celle de la CMA-CGM (propriétaire de La Provence, NDLR) et les croisières Ponant. Nous avons considéré que chaque euro était important, et nous allons développer le même genre d’appel à participations l’année prochaine », affirme Édouard Detaille, responsable du mécénat au diocèse de Marseille. Il en va de même pour le fondateur de l’odyssée de la paix, le curé Alexis Leproux de la paroisse Notre-Dame du Mont (6e) qui avait reçu à Marseille la « bénédiction » du pape François pour son projet. « Ces jeunes vont, en petite équipe, bénéficier de formations sur la navigation afin que le savoir qu’ils ont acquis ensemble ne se perde pas, mais puisse s’étendre et servir à nouveau », exposait-il en préambule du coup d’envoi du défilé dans la rade de Marseille.

L’arrivée des équipages à Marseille.L’arrivée des équipages à Marseille. /Photo Nicolas Vallauri

À ces mots, le président de la Société nautique de Marseille, Henri Escojido, appuyait encore un peu plus la démarche et le principe de la voir être renouvelée : « La Méditerranée n’est pas une frontière, c’est un territoire en commun et une chance de dialoguer. Il ne tient qu’à nous d’être et de rester des passeurs de paix ».