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redaction.78actu

Publié le

25 oct. 2025 à 19h16

L’affaire avait fait grand bruit depuis 2021 en Loire-Atlantique. Elle se retrouve aujourd’hui à « voyager » jusque dans les Yvelines. Un habitant de Voisins-le-Bretonneux âgé de 33 ans, a appris 78 actu, a été condamné en première instance, mercredi 15 octobre 2025, pour « homicide involontaire » par le tribunal correctionnel de Nantes (Loire-Atlantique). C’est la conclusion judiciaire d’une tragique vente d’arme survenue le jour de Noël 2021, à Noyal-sur-Brutz, une commune située à environ une heure de route de la capitale des ducs de Bretagne. Elle avait coûté la vie à un père de famille âgé de 21 ans.

Le mis en cause, comme dans le cas de Nicolas Sarkozy, s’est vu infliger un mandat de dépôt à délai différé afin de pouvoir « prendre ses dispositions à l’égard de sa famille et de son travail » d’assistant logistique. Il devait être convoqué par le procureur de la République de Versailles pour purger son reliquat d’emprisonnement après ses onze mois de détention provisoire.

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Une peine de deux ans de prison ferme

Le prévenu – ex-habitant de Châteaubriant (Loire-Atlantique) et déjà condamné treize fois par le passé – s’est vu infliger une peine de deux ans de prison ferme, assortie d’une obligation de travail et d’indemniser la famille de la victime. Il lui a été interdit par ailleurs de revenir en Loire-Atlantique pendant trois ans et de détenir une arme durant cinq ans.

Un homme de 26 ans, qui avait servi d’intermédiaire dans la vente d’arme, a lui écopé de dix-huit mois d’emprisonnement ferme pour « association de malfaiteurs » et « non-assistance à personne en danger ». Domicilié à Guémené-Penfao, il avait pris la fuite à pied après l’accident, pris un tramway puis était reparti avec son beau-père, venu d’Abbaretz.

Deux autres mois de prison, assortis du sursis lors d’une condamnation antérieure, ont aussi été révoqués le concernant et un mandat de dépôt a été décerné à son encontre. Déjà détenu dans une autre affaire, il a refusé d’être extrait de sa cellule pour ce procès.

« Désolé […], il n’a pas [eu] le courage d’affronter la famille de son ami décédé. »

Courrier du coprévenu lu par le président du tribunal correctionnel de Nantes à l’audience

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La victime déclarée décédée une demi-heure après son admission

Que s’est-il exactement passé ce 25 décembre 2021 ? Il était 17 h 35 quand une Audi A3 est venue déposer un homme avec « une plaie par balle à la joue droite » aux urgences du centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes. Le principal prévenu, qui conduisait la voiture, avait alors donné son nom et était très vite reparti « sous la panique ». La victime ne donnait déjà plus signe de vie. Elle sera « déclarée décédée » une demi-heure plus tard.

L’automobiliste, venu vivre à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) deux ans plus tôt, n’avait pas tardé à être retrouvé. Aux policiers, il dira d’abord que la victime avait reçu une balle « venue de l’extérieur » de la voiture où lui, l’intermédiaire et le défunt se trouvaient.

Un pistolet « un peu rouillé »

Confronté aux contradictions de sa version, soulevées par l’enquête, il avait finalement admis qu’il s’agissait en réalité d’une vente d’arme qui avait mal tourné : c’est lui qui avait apporté le pistolet « un peu rouillé » et le tir était parti accidentellement dans l’habitacle.

L’arme, qui n’a jamais été retrouvée, était en fait « scotchée sous un vieux camion qui ne bougeait pas depuis un an rue de Bordeaux », dans le quartier sensible de Bellevue, à Saint-Herblain. Le principal prévenu l’avait « pour se protéger » de ses « relations » dans un « trafic », a-t-il été dit au procès. Il a affirmé l’avoir « jetée par la fenêtre » de sa voiture, « dans la Loire », après avoir déposé la victime au CHU de Nantes. Il a aussi « brûlé les billets » de banque ayant servi à la vente et ses vêtements.

« Aucune animosité »

La victime, décrite comme un homme « serviable » qui « passait son temps libre à faire de la moto et à jouer à la console », était le père d’une petite fille âgée de trois mois. Il n’y a eu « aucune animosité » et « pas de difficulté sur le prix » entre eux lors de la vente, a assuré le principal mis en cause, « connu pour trafic de stupéfiants sur Châteaubriant » et qui fumait « sept à huit joints par jour avant son incarcération ».

Le coprévenu, titulaire d’un CAP en maçonnerie et employé comme couvreur, a été décrit au cours de l’instruction comme « un salarié rigoureux » par son patron. « Il a le sens des responsabilités […] [Son] discernement est un atout pour notre entreprise. » Las. Il avait été malgré tout licencié en décembre 2024. Il fumait « cinq joints par jour » et présente déjà huit condamnations à son casier.

Un coprévenu insensible ?

Sa dernière condamnation, le 22 juillet 2025 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), lui a d’ailleurs valu dix-huit mois de prison ferme et un mandat de dépôt. Dans cette affaire, son contrôle judiciaire a été « émaillé de nombreux incidents » et de « réponses parcellaires » aux demandes qui lui étaient faites, malgré des « rappels à l’ordre du juge d’instruction » selon son conseiller pénitentiaire.

« Il n’a jamais semblé craindre le monde judiciaire. Il se dédouane et semble n’avoir jamais été affecté par le décès de son ami. »

Conseiller pénitentiaire du coprévenu

« Un trou béant dans mon cœur de maman »

La mère de la victime a pris la parole pour dire combien sa famille demeurait « soudée » et qu’elle craignait que « la mémoire » de son fils soit « salie avec tout ce qu’il se dit aujourd’hui ».

« C’était un homme gentil, qui avait le cœur bon. Il allait acheter sa maison avec sa compagne, avec qui il était depuis ses 14 ans. Ce n’était pas un délinquant, mais un fils, un petit-fils, un beau-fils et un père de famille. Il laisse un trou béant dans mon cœur de maman, et me manque à chaque seconde de ma vie. »

La mère de la victime

La mère de la victime demandait « à la justice d’être juste »

Cette femme qui va désormais « tous les jours au cimetière » pour se recueillir sur la tombe de son fils avait, au cours de l’audience, « demandé à la justice d’être juste » et de « condamner à la hauteur de leurs faits » les prévenus.

Le procureur de la République avait convenu que les causes de cet « accident » provoqué par un « engin de mort » étaient « plurifactorielles ». La « responsabilité » du principal mis en cause était toutefois « établie » puisqu’il n’a déposé son ami que 1 h 30 après son décès, après avoir tergiversé puis perdu du temps « dans les bouchons » de Nantes, selon ses termes.

Le manque de « civisme » et d’un « minimum d’humanité qu’on est en droit d’attendre » justifiait aussi la condamnation du coprévenu du point de vue du ministère public.

Quelle main tenait le pistolet lors du coup de feu mortel ?

« Pas moins de quatre ans » de prison ferme ont donc été requis pour le premier, qui était à l’époque « sous surveillance électronique », mais qui avait malgré tout « commencé à s’impliquer dans un commerce d’armes létales ».

Il avait aussi « fait disparaître des preuves » dans cette affaire. Me Olivier Renard, son avocat, avait lui admis que la « responsabilité morale » du vendeur était « totale », mais qu’on n’était « pas sûr » pour autant que c’était « la main » de son client qui tenait le pistolet lors du coup de feu mortel. Au final, le tribunal s’est largement départi des réquisitions du procureur pour le principal mis en cause, mais les a suivies pour son acolyte.

L’audience qui statuera sur l’indemnisation des proches en 2027

Un cortège à moto en mémoire de la victime, de la chambre funéraire jusqu’au cimetière, avait été organisé le 31 décembre 2021 à Châteaubriant à l’appel de ses proches.

Leur indemnisation sera arrêtée lors d’une audience prévue le 14 mai 2027, mais un « partage de responsabilités » de « 50 % » entre la victime et les deux condamnés a d’ores et déjà été acté.

G.F. (PressPepper)

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