Par

Glenn Gillet

Publié le

25 oct. 2025 à 18h15

C’est un bâtiment qui fait battre le cœur de Paris depuis 170 ans. Le Louvre Saint-Honoré, situé dans le 1er arrondissement, a d’abord été l’un des écrins construit à la gloire de la technique, en pleine l’entrée dans l’ère industrielle, pour l’Exposition universelle de 1855. Après avoir accueilli pendant près d’un siècle l’un des grands magasins qui fascinaient Honoré de Balzac, puis le Louvre des antiquaires pendant une quarantaine d’années, cet écrin architectural haussmannien situé entre le Louvre, le ministère de la Culture et le Palais-Royal, accueille désormais la Fondation Cartier pour l’art contemporain, dans un espace totalement restructuré au cœur de la capitale, après avoir passé trente ans au 261 boulevard Raspail, dans le 14e arrondissement. Le public a pu y accéder pour la première fois ce samedi 25 octobre 2025.

« Architecture dynamique » et étages déplaçables

En entrant par l’une des très hautes portes vitrées qui donne sur la place du Palais-Royal toujours animée, notamment pas les afflux de touristes, deux choses nous marquent : la vue totalement dégagée sur les rues de Rivoli et Saint-Honoré, à la même hauteur que le plancher de la fondation, mais surtout l’incroyable modernité des lieux, résultat de cinq ans de travaux pour transformer un espace vieillissant en un paquebot hypercontemporain d’art et d’affaires (les étages 2 à 5 accueillent des bureaux). L’espace dédié à la Fondation privée de la marque de luxe se décompose lui sur trois niveaux faits de larges espaces quasiment dépourvus de cloisons, du sous-sol au premier étage. Cela représente 6000² au total, presque trois fois plus que l’ancien site.

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La Fondation Cartier a déménagé juste en face du Louvre, dans le 1er arrondissement, dans un bâtiment ultra moderne et modulable auquel le public a eu accès pour la première fois ce samedi 25 octobre #cartier #paris #contemporaryart #fyp #louvre

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L’une des particularités de ces trois étages : la possibilité de déplacer les larges plateformes qui servent de sols pour les faire glisser un niveau haut au-dessus ou en dessous. Ce système d’« architecture dynamique » a été pensé comme le reste des trois étages par l’architecte français star Jean Nouvel, père de l’ancien site de la fondation ainsi que de nombreuses autres réalisations à Paris comme le musée du Quai Branly, l’Institut du monde arabe, la Philharmonie ou encore les tours Duo. Grâce à ces modules, le lieu pourra changer de visage d’exposition en exposition « en jouant sur les potentielles variables de l’espace. Ça va donner envie aux gens de revenir à chaque fois », fait valoir Riccardo Coppola, 27 ans, l’un des médiateurs culturels qui accompagnent les visiteurs.

Pour sa présentation inaugurale, la Fondation a choisi de miser sur ses propres collections pour présenter « Exposition générale » (jusqu’au 23 août 2026), un « clin d’œil à l’histoire des lieux, du temps des grands magasins où on avait régulièrement des expositions générales pour de nouveaux produits », explique Riccardo Coppola, tout en précisant que « le but de cette exposition est de célébrer retracer les 40 ans de la Fondation Cartier », en présentant notamment un certain nombre d’œuvres artistes bien connus comme Agnès Varda, David Lynch, Christian Boltanski, Damien Hirst ou encore Matthew Barney, révélé par la fondation.

« Créer un pont entre l’art contemporain et le Louvre »

Le choix fait par les curatrices de l’institution Grazia Cuaroni et Béatrice Grenier a été de diviser l’espace en quatre zones principales mettant toutes en valeur la variété des formes d’art, de la peinture au film en passant par la sculpture, les créations sonores, les installations composites ou encore la photographie : la première zone accessible dès l’entrée porte sur l’architecture et les infrastructures, la deuxième juste derrière le concept de nature et l’écologie avec des réflexions sur le vivant, la troisième sur le « monde réel » avec la prégnance des sciences et des artistes qui questionnent les frontières entre les disciplines et enfin la quatrième sur les expérimentations autour des matériaux et des gestes afin d’interroger la notion de technique, d’ailleurs jadis sacralisée par la construction du bâtiment Louvre Saint-Honoré pour une Exposition universelle en pleine Révolution industrielle.

« C’est vraiment beaucoup plus grand, avec plus d’espaces pour des œuvres qui en avaient parfois besoin », analyse Hervé, qui est venu visiter ce nouveau site dès le premier jour d’ouverture. Parisien depuis 25 ans, il n’a loupé que très peu des dernières expositions de la Fondation Cartier avant le déménagement. Il salue l’initiative d’avoir « replacé la fondation dans le centre de Paris », ce qui va sûrement « attirer du monde » et, il l’espère, « créer un pont entre l’art contemporain et le Louvre », situé juste en face.

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« Exposition générale » à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2 place du Palais-Royal à Paris. Tarifs : 15 euros (plus de 30 ans) / 10 euros (18-30 ans, demandeurs d’emploi, étudiants en art…) / Gratuité pour certains statuts.

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