Grisaille, légère brise froide, les feuilles qui tombent des arbres… l’automne est cette période de l’année où règne une atmosphère nostalgique. C’est la fin de l’été, le soleil est moins présent, le temps est aux nuages, souvent gris. De plus, les jours raccourcissent et on passe à l’heure d’hiver ce week-end dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 octobre. Mais est-ce suffisant pour expliquer cette tendance à déprimer, à être fatigué ou tout simplement à tomber malade ?

« Stress et tracasseries » font chuter l’immunité

En tout cas, ça y contribue. La diminution substantielle de la lumière « induit une baisse de l’immunité », explique Joseph Ingrassia, médecin généraliste et urgentiste. Et le fait de tomber malade n’aide pas à garder le moral. On est fatigué, on sort moins, on rencontre moins de monde, notre vie sociale est en berne : « La solitude, qui peut s’accompagner d’un sentiment d’isolement, peut faire le lit à un état dépressif », analyse Évelyne Josse, psychologue, psychotraumatologue, maître de conférences associée à l’université de Lorraine. La rentrée, ajoute le docteur, est aussi facteur de « stress et de tracasseries supplémentaires » qui font chuter l’immunité.

On peut y voir une sorte d’engrenage ou les causes deviennent conséquences et inversement. Si « les premiers froids sont accompagnés du retour de nos ennemis, les virus », en même temps ces virus provoquent un isolement, une forme de déprime qui elle-même joue un rôle négatif sur l’immunité. Coup de mou psychologique et pathologie physiologique s’auto-alimentent comme dans une spirale infernale. D’autant plus, le rappelle Joseph Ingrassia, qu’ « il existe une multitude de virus, y compris et heureusement des bénins et même, je pense, des inconnus. Ils sont à la source de multiples pathologies virales, des petites grippettes et des gastros. »

On comprend donc bien que ce n’est pas juste une vue de l’esprit, l’automne rime bien avec un risque de déprime ou d’un certain mal-être qui est plus fort qu’au printemps ou à l’été. L’hiver n’étant pas non plus le temps des grandes joies. Mais il faut tout de même distinguer deux choses, précise le Dr Ingrassia : « Le blues hivernal qui se caractérise par une baisse d’énergie, des coups de déprime, de l’irritabilité et une appétence pour les aliments gras et sucrés. Il toucherait 10 % de la population. Et la dépression hivernale, qui est une réelle dépression. Elle se manifeste par de la fatigue avec difficulté à se lever, de la léthargie, de la tristesse, un repli social, une perte de l’appétit ou des fringales, etc. Les symptômes sont plus intenses et plus durables que pour ceux du blues hivernal. Ce type de dépression toucherait 2 à 4 % de la population. »

Le gras et le sucré, ennemis de la bonne santé mentale

À noter que moins sortir correspond aussi à faire moins de sport  : le jour qui finit tôt, le mauvais temps, le début du froid nuisent à la poursuite « des activités en plein air. Or, l’activité physique, souligne Évelyne Josse, est connue pour être un remède à la dépression ». « De plus, la sédentarité peut être associée au grignotage, notamment d’aliments gras et sucrés connus comme des ennemis de la bonne santé mentale », ajoute-t-elle.

La mauvaise bouffe, la baisse des liens sociaux, les virus, la chute des activités sociales, la luminosité en berne sont autant de facteurs qui expliquent pourquoi l’automne est propice à la déprime.