Par

Théo Zuili

Publié le

26 oct. 2025 à 7h10

Deux mois après la polémique qui l’avait opposé à des élus écologistes à Lyon, Robin Gervais est toujours sur le terrain. Jeudi 17 octobre, le paysagiste s’est attaqué à une haie à l’appel d’une habitante du 9ᵉ arrondissement. Nous l’avons suivi lors de cette opération de débroussaillage bénévole qu’il voit comme « un geste citoyen ».

Un trottoir envahi par la végétation

Ce trottoir du 9ᵉ arrondissement est envahi par une haie, qui dépasse d’un grillage séparant l’espace public des voies SNCF. Sur place, la moitié du trottoir disparaît dans la végétation tandis que des travaux bloquent l’accès aux piétons en face.

J’imagine qu’en entretenant un tout petit peu, les gens pourront passer sans s’accrocher les vêtements et ce sera beaucoup plus simple pour les personnes à mobilité réduite.

Robin Gervais

Le plan du jour : nettoyage et taille pour permettre à tous de circuler à nouveau sur l’ensemble du trottoir envahi.

Une « belle initiative » ?

Avec son taille-haie, Robin décompte désormais huit opérations comme celle-ci à son actif. Chacune accompagnée d’une vidéo. « J’en ai beaucoup fait en été, ça a beaucoup pris. » Une jolie pub pour le paysagiste qui a fait le buzz et a vu son nombre de clients exploser.

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Son sac-poubelle se remplit encore ce jeudi : du plastique, des canettes, des bonbonnes d’azote, débris de verre… « Ça devient vraiment un dépotoir, et vu qu’on ne voit pas, ça peut rester très longtemps. »

Aimée, habitante du quartier, y voit « une belle initiative » : « Avec tous ces travaux dans la ville, il faut que la chaussée soit bien élargie, car sinon on ne peut même plus passer. Tout est à valoriser. » Même constat pour Claude, passante régulière.

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Un acte de « vandalisme » ?

Pourtant, cet été, Robin Gervais avait été accusé de « vandalisme » par un élu écologiste du 9ᵉ arrondissement. Ses débroussaillages sans autorisation lui ont enfin valu un recadrage de Pierre Athanaze, vice-président de la Métropole de Lyon délégué à l’environnement, qualifiant cela de « limite criminel ».

« Les nostalgiques des rues sans un brin d’herbe ne peuvent garder que la nostalgie. Il nous faut apprendre à gérer ça comme une opportunité en ayant des fleurs et des herbes de réduire la chaleur au sol. Cela va permettre également à la biodiversité, aux abeilles, aux papillons de vivre et de trouver de quoi manger et se reproduire », avait-il réagi sur BFM Lyon.

Le paysagiste déplore « un manque d’éducation » sur le sujet, estimant que la biodiversité n’est pas agressée par cette taille qui ne s’étend pas au-delà du trottoir.

Une réponse à la polémique

Robin affirme qu’il ne s’attendait pas à ce que son geste fasse polémique. Cet été, le paysagiste avait fait le tour des médias pour se défendre après les vives critiques. « C’est trop fort de me traiter de criminel ou de vandale. On est sur l’espace public. »

Attaqué par la Métropole, Robin Gervais estime ne pas nuire à l'environnement et persiste.
Attaqué par la Métropole, Robin Gervais estime ne pas nuire à l’environnement et persiste. (©Théo Zuili / actu Lyon)

L’affaire avait pris une ampleur politique. « L’idée, ce n’est vraiment pas de ‘faire propre’ comme on a pu le dire. Dans la ville, il y a des endroits laissés exprès pour que la végétation pousse librement. Je ne pense pas que les trottoirs soient un endroit où la végétation doit prendre le pas sur les passants. On ne peut pas tout laisser pousser. Il faut apporter de la nuance. »

Malgré tout, il est de retour sur le terrain. « Ce n’est pas une provocation. C’était vraiment pour trouver un moyen d’aider dans la ville. Y’a assez de mauvaises nouvelles tous les jours, si on peut un peu s’occuper de l’espace public juste pour rendre la ville plus agréable pour tout le monde sans attendre que quelqu’un d’autre fasse le boulot… »

Pas question de s’attaquer aux massifs entretenus par la ville, « ou laissés sauvages par choix philosophique » : le parc de la Tête d’Or n’est pas dans le viseur. « C’est vraiment le passage, s’il y a des détritus. « Entretenir un endroit, c’est aussi le respecter. »

Un nouveau concept

Pour Robin, ce retour sur le terrain est aussi un nouveau moyen de faire parler de lui et de sa passion. L’entrepreneur-paysagiste ne se voit pas passer sa vie à sillonner la ville pour raser chaque trottoir : « Ça faisait longtemps que je pensais à lancer un podcast pour éduquer le grand public à tous ces sujets-là. Je veux aller plus dans la nuance et la profondeur. »

Le nouveau podcast baptisé Les gens du paysage a été lancé en grandes pompes avec Jean-Michel Aulas comme premier invité, dont il avait reçu le soutien dans la polémique. Les invités s’éloignent ensuite de la politique avec Thibault Ancelmet, champion du monde de ski, Emmanuel Mony, ancien patron de Terre idéale, et Marie de Conihout, entrepreneuse.

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