Publié le
26 oct. 2025 à 15h10
Toulouse, le 11 mars 1980. La salle des assises du palais de justice est pleine à craquer. Cette après-midi-là voit s’affronter deux ténors des prétoires : Raymond Dhers, l’avocat général et Robert Badinter, l’un des plus illustres avocats de l’Hexagone. Pendant un peu plus d’une heure, le premier prononce un réquisitoire ferme, demandant in fine la peine capitale à l’encontre de Norbert Garceau. Fidèle à ses convictions abolitionnistes, le futur garde des Sceaux de François Mitterrand, lui, livre une plaidoirie pleine de verve et parvient à » sauver » la tête de son client.
Un procès qui donne naissance à une chanson
Dans l’assistance, l’artiste Julien Clerc, impressionné par les mots de Badinter, en tirera avec son complice parolier Jean-Loup Dabadie un titre poignant : « L’assassin assassiné ». » Messieurs les assassins commencent / Oui, mais la société recommence / Le sang d’un condamné à mort / C’est du sang d’homme, c’en est encore… «
L’avocat, reconnaissant, le remerciera plus tard, en lui disant : » Votre chanson a fait bien plus que 20 conférences et 30 discours « .
Le débat sur la peine de mort
Dans la France giscardienne, le débat sur la peine de mort ressurgit régulièrement à l’aune de fais divers sordides. Les ministres de la Justice et de l’Intérieur, Jean Lecanuet et Michel Poniatowski se font les porte-voix de l’opinion publique en faveur de son maintien, tandis que Roger Gicquel, le présentateur du 20h de TF1, se montre plus mesuré.
» Oui, la France a peur et nous avons peur, et c’est un sentiment qu’il faut déjà que nous combattions je crois. Parce qu’on voit bien qu’il débouche sur des envies folles de justice expéditive, de vengeance immédiate et directe et comme c’est difficile de ne pas céder à cette tentation quand on imagine la mort atroce de cet enfant » déclare-t-il, en février 1976, à propos de Patrick Henry, le meurtrier du petit Philippe Bertrand.
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Norbert Garceau, un assassin récidiviste
C’est dans ce contexte » explosif » qu’il convient de situer ce que l’on va nommer » l’affaire Garceau « , du nom de cet ajusteur-mécanicien aux usines d’outillage du Saut-du-Tarn à Saint-Juéry, près d’Albi, assassin de Michelle Aussillous, vingt-huit ans, l’une de ses camarades de travail, le 8 janvier 1978.
L’autopsie qui conclut à un viol suivi d’un étranglement rappelle le même mode opératoire utilisé par Norbert, un quart de siècle auparavant. En août 1952, dans le village de Gèdre (Hautes-Pyrénées), celui que sa hiérarchie présente comme un » ouvrier modèle « avait étranglé Yvette, sa petite voisine, à l’aide d’une ficelle de chanvre, après avoir tenté d’abuser d’elle. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par le tribunal de Tarbes, il avait été enfermé durant vingt ans à la maison centrale de Muret, avant d’être libéré pour bonne conduite en 1972.
Mathieu Arnal
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